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La locution du jour : éléphant blanc

Textes et recherches de Jacques Lanciault

Je consigne ici le fruit de recherches sur le sens, l’étymologie, l’écriture ou encore la prononciation de certains mots ou expressions sur lesquels je bute, ou qui tout simplement suscitent ma curiosité au fil de mes lectures...

Éléphant blanc.

Mercredi 28 décembre 2011

Source de la recherche
Les quelques paragraphes suivants tirés d’un texte de Guy Taillefer publié dans le quotidien Le Devoir du 12 décembre 2011 :

«Delhi célèbre cette année un centenaire, celui du déménagement de la capitale du Raj britannique depuis Calcutta. Le roi George V, fraîchement couronné, avait fait spécialement le voyage à Delhi pour annoncer la nouvelle le 12 décembre 1911, à la surprise générale, à l'occasion d'une immense cérémonie organisée au nord de la ville. Calcutta, ville côtière, est devenue le foyer du mouvement nationaliste indien, les Britanniques conviennent qu'ils pourront mieux contrôler l'immense colonie à partir de Delhi. La ville, en fait, est un carrefour commercial ancien, fréquenté par l'humain depuis 2000 ans. Elle fut jusqu'au milieu du XIXe siècle la capitale de l'Empire moghol — dont il subsiste d'ailleurs, à ce jour, d'extraordinaires vestiges architecturaux. Les Anglais apportent le train. La construction du réseau ferroviaire indien va perpétuer cette vocation de carrefour.

En 1911, la ville comptait 225 000 habitants, qui commençaient à déborder des murs d'Old Delhi. Elle est aujourd'hui une ville-capharnaüm dont la région urbaine immensément étalée compte 22 millions d'habitants, de chaque côté de la rivière Yamuna. Le déménagement annoncé, on confie à l'architecte anglais Edwin Lutyens le soin de dessiner la nouvelle capitale, New Delhi, qu'il construira au sud de la vieille ville. Il mettra vingt ans à bâtir ce qui n'est en fait que le siège du gouvernement colonial et des bungalows de fonction destinés à loger l'élite.

Le résultat est beau, mais drôlement pompeux: des édifices gouvernementaux grandioses au milieu de parcs immenses, des boulevards interminables qui rayonnent à partir de ronds-points qui déboussolent le sens de l'orientation. Son oeuvre maîtresse, sur Raisina Hill, sera Rashtrapati Bhavan, le palais du vice-roi des Indes qui deviendra, à l'indépendance en 1947, la résidence officielle du président — une fonction honorifique — du nouveau pays.

Lutyens allait construire une capitale coloniale à la hauteur d'un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. Mais il est déjà plutôt clair, quand il finit sa besogne en 1931, que la transition vers l'indépendance a commencé et que le soleil va se coucher. Le Mahatma Gandhi donnera à Lutyens le surnom d'«éléphant blanc» — étant donné l'augmentation vertigineuse des coûts des travaux. À l'inauguration officielle de la nouvelle capitale, The Hindustan Times dénonce «ce spectacle impérialiste qui donne l'impression d'avoir été conçu pour démontrer la suprématie de l'homme blanc». Ce qui n'empêchera pas les nouveaux gouvernants indiens, l'indépendance venue, d'embrasser avec un bonheur évident tous les apparats du pouvoir légués par les Britanniques.»

Définition :
Dans son texte, Guy Taillefer nous explique la provenance de la locution éléphant blanc, utilisé dans son sens figuré, que le dictionnaire du correcteur électronique Antidote définit comme suit : «Projet gigantesque, coûteux et d’une utilité douteuse. »

Le Grand Robert de la langue française ne définit pas la locution un éléphant blanc.

L’encyclopédie libre Wikipédia précise, quant à elle, l’origine de la locution éléphant blanc dans son sens propre, soit : « L’expression vient des pays de tradition hindouiste ou bouddhiste. La veille de la naissance de Bouddha, sa mère aurait rêvé d’un éléphant blanc. À partir de cette légende, s’est développée une sacralisation des éléphants blancs. Il n’était notamment pas permis de les faire travailler. Les éléphants blancs sont devenus des offrandes prestigieuses que les princes de l’Inde se faisaient entre eux. Pour certains de ces princes, moins nantis que les autres, le cadeau n’était pas sans poser de problèmes. Entre l’obligation de bien traiter l’animal et l’interdiction de le faire travailler, la possession d’un éléphant blanc pouvait devenir dispendieuse. »

Remplis sous: La folie des mots Mots clés:
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