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Milan en prêt-à-visiter

Revue de presse

Gary Lawrence, collaborateur du Devoir, le 30 avril 2011

NDLR : Que de magnifiques souvenirs!

Milan, Italie.

Elle n'a ni la dégaine de Sienne, ni la magnificence de Florence, ni les assises d'une Venise. Mais Milan n'en est pas moins palpitante à parcourir, même en coup de vent. Compte rendu d'une visite-éclair d'une journée.

Milan — Centre névralgique de l'Italie économique, capitale politique de la région de Lombardie, Milan forme également un prestigieux centre d'affaires et l'un des chefs-lieux planétaires de la mode et du design... en plus d'être une cité élégante à tous égards.

Notre photo : Le Duomo de Milan, l’un des plus imposants édifices religieux du globe. La cathédrale emblématique de la ville est coiffée d’une épaisse forêt de 135 flèches de marbre finement ciselées. (Photo Jacques Lanciault)

Mais, exception faite de son centre historique, elle n'enfile pas les beaux ensembles architecturaux comme elle aligne les griffes de ses couturiers. Comme Montréal, Milan se vit beaucoup plus qu'elle se visite, a fortiori quand on sait que plusieurs de ses atours se disséminent çà et là aux quatre coins d'un vaste territoire.

Dès lors, si on n'a qu'une journée ou une demi-journée à lui consacrer, comment embrasser Milan au-delà du simple baise-main sans pour autant qu'il en coûte un bras? Il suffit de s'embarquer sur le Hop On - Hop Off de CitySightseeing Milano, un circuit en autocar à deux étages — dont un à l'air libre — qui passe par les principaux sites d'intérêt de la ville.

À chaque arrêt, on a la possibilité de descendre explorer les environs, et ce, comme bon nous semble: toutes les 45 minutes, un autre autobus passe et emprunte le même itinéraire. Une fois le billet payé, il ne reste plus qu'à ajuster sa montre et à se munir d'un horaire pour revenir à temps à l'arrêt... puis remonter dans le bus suivant et poursuivre sa visite.

Les deux circuits proposés (Linea A, 75 minutes; Linea B, 90 minutes) se recoupent par endroits et on peut donc les jumeler, partiellement ou intégralement. En guise de mise en bouche de ces deux boucles, voici un aperçu de ce qu'il est possible de voir en une journée, à partir du point de départ des deux circuits: le Castello Sforzesco (métro Cardona).

Arrêt 1 - Castello Sforzesco
De la fin du XIIIe siècle au début du XVIe, deux puissantes familles ont régné sur Milan et la Lombardie: les Visconti et les Sforza. Construit par les premiers en tant que partie intégrante des fortifications, reconstruit par les seconds après un court épisode de république, l'austère Castello a des allures de mini-forteresse avec sa tour crénelée, ses mâchicoulis et sa dégaine mi-Renaissance, mi-Moyen-Âge. Aujourd'hui, il abrite plusieurs petits musées (antiquité, arts décoratifs, instruments de musique, numismatique...). www.milanocastelo.it.

Embarquez-vous maintenant sur le bus de la Linea B et descendez à l'arrêt suivant.

Arrêt 2 - Triennale
Depuis les années 30, l'immeuble de la Triennale a servi, tous les trois ans, à la tenue de cette célèbre et colossale exposition sur les arts décoratifs et industriels. Depuis 2007, la Triennale abrite également un lumineux musée où sont étalés ou exposés des centaines d'objets et d'oeuvres dont la qualité du design mérite d'être soulignée, que ce soit une machine à écrire Olivetti, un vélo Cervelo, un ouvre-boîtes Pininfarina ou l'architecture de Gio Ponti (dès le 6 mai). www.triennale.it.

Reprenez le bus et arrêtez-vous à l'arrêt suivant.

Arrêt 3 - Garibaldi
Sorte d'amalgame entre le Père-Lachaise de Paris et le cimetière de la Recoleta de Buenos Aires, le Cimitero Monumentale a été qualifié comme tel à juste titre: son portail d'entrée est colossal, sa superficie est immense et bon nombre de ses mausolées, pierres tombales et autres cénotaphes élevés à la gloire des grandes familles milanaises sont gigantesques. www.monumentale.net.

De retour dans le bus, sautez un arrêt (Repubblica) et descendez au suivant.

Arrêt 5 - Stazione Centrale
De par le monde, les gares de train qui méritent le détour ne se comptent pas par dizaines. Mais celle de Milan en est. Monument de mégalomanie mussolinienne érigé par le duce lui-même, la Stazione Centrale a été parachevée en 1931 dans un patchwork d'éléments architecturaux greffés sur fond de trame Art Déco. En 1941, elle a servi de couloir de la mort aux déportés à destination d'Auschwitz; aujourd'hui, elle impose l'inclination aux 120 millions de passagers qui y transitent chaque année, avec son immense façade (207 mètres), sa longue salle (341 mètres) et surtout son arche principale qui s'élève à 72 mètres du sol de marbre. À l'extérieur, le braquemart moderne de la tour Pirelli braque son ombre et celle de ses auteurs, Gio Ponti et Pier Luigi Nervi. www.grandistazioni.it.

Remontez à bord du bus et esquivez trois arrêts pour descendre au suivant.

Arrêt 9 - Duomo
- «Pardon, y a-t-il encore des billets pour le spectacle d'Aznavour sur le toit du Duomo ce soir?», demande candidement le scribe du Devoir.

- «Mmmmmoui, il nous reste quelques places à 2000 euros. Vous prenez combien de billets?»

En juillet dernier, 400 privilégiés — dont le cavaliere — ont pu assister à un concert en plein air sur le toit de l'un des plus imposants édifices religieux du globe: le Duomo de Milan. En fait de dôme, la cathédrale emblématique de la ville est surtout coiffée d'une épaisse forêt de 135 flèches de marbre finement ciselées, accompagnée de 2000 statues entourant un toit presque plat. Entamé sous les Visconti au XIVe siècle, le Duomo fut parachevé sous Napoléon cinq siècles plus tard et l'ensemble est tout simplement fabuleux, qu'on soit devant, dedans ou surtout dessus, le toit et les passages sous les arcs-boutants étant accessibles.

Droit devant la cathédrale, la piazza del Duomo forme une vaste scène à ciel ouvert où on peut s'asseoir des heures durant sans s'ennuyer une seule minute rien qu'à voir évoluer la faune milanaise, tantôt éclectique, tantôt très chic. Comme si les aspirants mannequins espéraient se faire remarquer par un chasseur de têtes à la solde d'un des grands couturiers présents dans le Quadrilatera d'Oro voisin.

Tout juste à côté du Duomo, l'admirable galerie Vittorio Emanuele II abrite cafés, restos et tous les grands noms du design italien — mais aussi quelques griffes plus grasses, dont celle de McDo — sous une élégante verrière en dentelle de fer qui se déploie à 47 mètres du sol. Surnommée «le Salon de Milan», la galerie s'inscrit dans l'esprit de développement industriel d'une Italie qui vient de s'unifier, en 1861, avec comme premier chef d'État... Victor Emmanuel II, lequel a inauguré la galerie en 1878.

Arrêt 10 - Manzoni/Scala
Pour le prochain arrêt, inutile de prendre place à bord du bus Hop On - Hop Off: c'est à l'une des extrémités de la galerie Vittorio Emanuele II que se trouve le plus célèbre opéra du monde, le Teatro alla Scala. S'il faut réserver sa place longtemps à l'avance et allonger la monnaie pour assister aux représentations, on accède aisément au Muséo Teatrale attenant, lequel permet de lorgner le splendissime intérieur tout de rouge et de dorures couvert, et où est suspendu un gigantesque lustre qui illumine le saint des saints planétaire de l'opéra. www.teatroallascala.org.

Reprenez le bus jusqu'à l'arrêt suivant.

Arrêt 11 - Brera
Le Christ mort de Mantegna, gît sous le regard de Mère et fils de Carlo Carrà et de Moisè Kisling de Modigliani, ce qui n'empêche pas le Mariage de la Vierge de Raphaël d'être célébré à la Pinacoteca di Brera, l'un des plus illustres musées italiens. S'y côtoient également des oeuvres du Tintoret, du Caravage, de Bellini et de Piero della Francesca.

Reprenez le bus jusqu'à la fin du parcours, au Castello Sforzeco, puis montez à bord du prochain bus de la Linea A.

Arrêt 12 - Sant'Ambrogio
On dit de saint Ambroise, évêque de Milan au IVe siècle, qu'il maniait si bien le verbe que «le miel de ses paroles attirait les abeilles dans sa bouche». Il n'en faut pas plus pour piquer la curiosité des visiteurs, qui sont nombreux à investir la basilique porteant le nom de l'évêque, achevée en 387, et dont le maître-autel est serti de pierres précieuses.

Mais si l'arrêt Sant'Ambrogio est incontournable, c'est surtout parce qu'il permet d'admirer — sur réservation et pendant 15 minutes chrono — la seule, l'unique et authentique Cène (L'Ultima Cena) de Léonard de Vinci, sur un mur du réfectoire du couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie.

Commandée par le duc Ludovic Sforza, l'oeuvre a été réalisée de 1495 à 1497 et elle traduit la stupeur des compagnons de Jésus à la suite de son étonnante annonce: «En vérité, je vous le dis, l'un de vous me trahira» (Matthieu, 26:21). De Vinci, lui, s'est fait trahir par l'utilisation de ses techniques novatrices qu'il a ici testées, et son oeuvre continue de se dégrader passablement, encore aujourd'hui.

Mais voilà que la journée tire à sa fin et qu'arrive — Dieu merci — l'heure de l'aperitivo (Gary, 5:7), une tradition fortement implantée dans tous les bars dignes de ce nom. En fait, ces 5 à 7 milanais se déroulent surtout de 18h à 21h et il est bien vu d'y dépenser jusqu'à sa dernière cenne avant de mettre le cap sur un bon resto... pour un dernier repas.

En vrac
Saisons. À moins de vouloir assister aux défilés de mode, Milan se visite idéalement d'avril à juin et de septembre à octobre.

S'y rendre. Air France, KLM, Swiss, British Airways et Air Canada relient Montréal à Milan via Paris, Amsterdam, Zürich, Londres et Francfort/Munich. On peut aussi s'envoler de Montréal à Rome sur Air Transat, puis rallier Milan en trois heures et demie de train rapide (www.raileurope.ca). En 2013, quand sera inauguré le tunnel du Saint-Gothard, Zürich et Milan ne seront plus qu'à deux heures 40 minutes de train rapide.

Lécher des vitrines. Non loin de la piazza del Duomo, le Quadrilatera d'Or (le Quadrilatère d'Or, ou Triangle d'Or) regroupe tous les grands noms de la mode — et bien d'autres boutiques. Il est délimité par les via Della Spiga, Monte Napoleone, Sant'Andrea et Manzoni.

Visiter. Le service Hop On - Hop Off de CitySightseeing est offert dans 90 villes, surtout européennes, parfois nord-américaines — dont Toronto, New York et Washington. Les visites, commentées en plusieurs langues, se déroulent dans des bus très criards et touristico-kitsch, mais elles permettent de voir beaucoup en peu de temps, surtout dans ces agglomérations très étendues que sont Berlin, Londres, Los Angeles ou Milan, où un billet journalier vaut environ 35 $. www.city-sightseeing.com.

Dormir. Dur, dur, de trouver une chambre budget à Milan. À défaut de pouvoir y pioncer, les hôtels suivants méritent que l'oeil puisse s'y rincer: le tout nouveau Armani Hotel (www.armanihotel.com), au coeur de l'Emporio du roi milanais de la mode; le chic Hôtel Bulgari (www.bulgarihotels.com); l'Ariston, pour vertement dormir sur ses deux oreilles (www.aristonhotel.com); le très design Straf, encarcané dans le béton verni (www.straf.it). Rayon abordable, il existe quand même quelques bonnes adresses: Hôtel Lancaster (www.hotellancaster.it); Hôtel London (www.hotellondonmilano.it); Ostello Piero Rotta: l'auberge de jeunesse de Milan (www.ostellomilano.it).

Guides. Le Wallpaper pour le design; le Louis Vuitton pour la mode et les griffes; le Lonely Planet En quelques jours pour un bon tour d'horizon en français; le Time Out pour tout savoir à tous égards.

Autres informations. En général: www.turismo.milano.it; célébrations du 150e anniversaire de l'Italie: www.italia150.it.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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