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Deux espoirs de l’ABC font rêver les recruteurs…
Revue de presse
La chronique de Martin Leclerc, Rue Frontenac.com, le 10 avril 2011
L’été 2011 s’annonce extrêmement spécial pour le baseball québécois. En fait, il s’agit d’une année faste, d’un très grand cru.
La plupart des amateurs s’intéressent de plus près aux activités des Yankees de New York depuis que le receveur Russell Martin s’est joint à cette équipe à titre de joueur autonome et qu’il succède au vétéran Jorge Posada.
Photo ci-dessus : Therrien fait 6 pieds 3 pouces et pèse 200 livres. Malgré ses 18 ans, sa rapide atteint déjà les 90-92 milles à l’heure. (Photo courtoisie de Michel Groleau)
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Martin connaît d’ailleurs un excellent début de campagne.
Aussi, bien peu de gens savent qu’un autre joueur du Québec, le lanceur montréalais Philippe-Alexandre Valiquette, pourrait faire le grand saut dans l’organisation des Reds de Cincinnati cette année.
Un droitier âgé de 24 ans, Valiquette a été repêché par les Reds en septième ronde en 2004. Ses rapides ont plusieurs fois franchi la barre des 100 milles à l’heure la saison dernière, qu’il a disputée aux niveaux AA et AAA. On s’attend cette année à ce Valiquette soit le releveur numéro un de la filiale AAA des Reds, à Louisville. Et on raconte qu’il lance des prises avec beaucoup de régularité. Il ne faudrait donc pas se surprendre de le voir débarquer et faire sa place au sein du « Show » au cours des prochains mois.
Russell Martin, Philippe-Alexandre Valiquette, Éric Gagné (maintenant retraité) et la quinzaine de Québécois qui évolueront dans les rangs professionnels cet été ont ceci en commun : ils ont tous été formés au Centre Claude-Robillard, à Montréal, par l’Académie de Baseball Canada (que l’on appelle communément l’ABC).
Et cette année, l’ABC suscite un engouement particulier auprès des recruteurs du baseball majeur. Le programme d’excellence québécois aligne deux joueurs qui seront vraisemblablement sélectionnés au cours des dix premières rondes (ce qui équivaut à être repêché au cours des deux ou trois premières rondes au hockey). Par exemple, Russell Martin avait été choisi en 17e ronde par les Dodgers en 2002…
Ces deux espoirs sont le lanceur droitier Jesen Therrien et le troisième-but Jonathan Jones.
Therrien fait 6 pieds 3 pouces et pèse 200 livres. Malgré ses 18 ans, sa rapide atteint déjà les 90-92 milles à l’heure. Éric Gagné, qui a brièvement eu l’occasion de le superviser et de le conseiller à l’entraînement en Arizona au cours de l’hiver, estime qu’il s’agit d’un espoir de premier plan.
« Jesen a des qualités athlétiques exceptionnelles et un bras comme j’en ai rarement vu, dit-il. Quand il sera physiquement à maturité, il lancera à 97-98 milles à l’heure. Il a tout ce qu’il faut pour réussir. »
Quant à Jones, il fait 6 pieds 5 pouces et pèse 215 livres. Il a 19 ans. Lors de la récente tournée de l’ABC en Floride (durant laquelle les espoirs québécois affrontent des équipes mineures professionnelles), Jones a frappé pour 8 en 13 (dont un triple et quatre doubles). Il a aussi excellé en défense même s’il venait de passer l’hiver à s’entraîner en gymnase et qu’il avait eu peu d’occasions de capter des roulants dans des situations normales.
« Jones a fait face à des lanceurs professionnels comme si rien n’était. Il a gagné beaucoup de points en Floride », raconte un informateur qui a été témoin de ses récentes performances.
L’entraîneur en chef de l’ABC, Joël Landry, est fier de son programme et de l’encadrement exceptionnel dont profitent ses joueurs. L’an dernier seulement, 13 de ses protégés ont déniché des places au sein de programmes de baseball relevés dans de très bonnes universités américaines. Et un autre contingent significatif profitera de telles opportunités cette année. Ce n’est pas rien !
Photo ci-dessus : Lors de la récente tournée de l’ABC en Floride, Jonathan Jones a frappé pour 8 en 13, y allant entre autres d’un triple et de quatre doubles. (Photo courtoisie de Michel Groleau)
Montée en flèche
Mais Landry refuse de s’asseoir sur ses lauriers. Il croit que le baseball québécois pourrait passer à un autre niveau et faire encore mieux.
« Nous avons neuf entraîneurs, dont plusieurs spécialistes, qui supervisent nos athlètes. Sans compter nos anciens joueurs qui ont fait le saut chez les professionnels et qui reviennent s’entraîner avec nous durant l’hiver. Notre grosse force, c’est l’encadrement et les programmes d’entraînement offerts aux joueurs », raconte Landry, qui en est à sa quatrième année à la barre de l’ABC.
« La moitié de notre alignement est composée de joueurs qui sont en âge de fréquenter l’école secondaire. Et aux États-Unis, aucun programme d’école secondaire ne pourrait même envisager d’affronter des équipes professionnelles comme nous le faisons chaque année. Les dirigeants d’équipes du baseball majeur ne considéreraient pas deux secondes la possibilité d’organiser des matchs opposant leurs jeunes espoirs à des équipes d’écoles secondaires. Mais ils le font avec nous.
« Quand le DG d’une équipe nous appelle pour nous mettre en contact avec son coordonnateur afin d’organiser des matchs avec nous, ça nous fait un petit velours. Il y a quelques semaines en Floride, Bob Boone (qui a joué 19 ans dans les majeures et qui est maintenant directeur général adjoint chez les Nationals de Washington) est venu me voir pour me dire qu’il était vraiment impressionné par le niveau de jeu et la discipline de nos jeunes. Ça faisait plaisir à entendre », souligne Landry.
Imaginez. L’ABC est parvenu à développer des joueurs des majeures et à se faire une réputation aussi enviable sans avoir accès à un complexe de baseball digne de ce nom et, surtout, sans grands moyens financiers. Pour faire partie du programme, les joueurs de l’ABC doivent même défrayer un coût de participation de 4000 $. Même si l’encadrement dont ils profitent vaut le double ou le triple de cette somme, cela freine parfois les ambitions de jeunes espoirs.
« Ces dernières années, nous avons mis sur pied une association d’anciens joueurs de l’ABC, raconte Landry. Les joueurs qui ont défendu nos couleurs depuis 1989 ont décidé de mettre l’épaule à la roue. Ils s’impliquent en organisant ou en participant à des événements ou des collectes de fonds. Certains nous aident financièrement.
« Ce sont nos anciens joueurs qui nous ont permis d’aller disputer trois matchs au Rogers Center, à Toronto, la semaine dernière contre les meilleurs espoirs ontariens. Nos budgets ne nous permettaient pas cela. Nous voulons être inventifs et parvenir, un jour, à bâtir un complexe et à offrir de meilleurs programmes à nos joueurs. Nous voulons avancer. Et notre grand rêve, c’est que l’ABC puisse un jour devenir un programme gratuit pour tous les meilleurs talents québécois. »
Vraiment impressionnant. Comment se fait-il qu’un programme comme celui de l’ABC soit aussi réputé à l’extérieur de nos frontières et qu’on en entende aussi peu parler chez nous ?
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.
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