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Rien de mieux qu’une 2e visite de la Villa Borghese

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 30e d'une série de reportages relatifs à un inoubliable périple dans le nord de l’Italie réalisé à l’automne 2009.

Villa Borghese, Rome, Italie.

Rome, Italie, vendredi 23 octobre 2009 – Lors de nos voyages en Italie avec Voyages Lambert, tant en 2008 en Italie du Sud qu’en 2009 en Italie du Nord, nos périples se sont terminés par une visite de la ville de Rome. Parmi les endroits que nous avons visités deux fois, il y a la galerie de la villa Borghese, un palais qui abrite un musée éblouissant, et à chacune des occasions, nous nous sommes régalés!

Photo ci-dessus : Le symbole même de la galerie Borghese, c’est-à-dire une sculpture représentant Pauline, la sœur de Napoléon Bonaparte, étendue nue sur un lit de marbre.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Au terme de notre très agréable balade dans le parc de la Villa Borghese, nous sommes de retour à l’entrée de la galerie et nous y pénétrons à 11 h 05.

Villa Borghese, Rome, Italie.

Villa Borghese, Rome, Italie.

Photos ci-dessus : La magnifique Villa Borghese édifiée en 1636 par Scipion Borghese, le neveu du pape Paul V.

Évidemment, les appareils photo sont interdits, tout comme les sacs à main et à dos, à l’intérieur de la galerie. Tout doit être déposé au vestiaire, ce que nous avons fait.

Toutefois, pour agrémenter le texte ci-dessous, vous pourrez admirer quelques photos de certaines œuvres significatives. Elles proviennent notamment du site Internet de la Galerie Borghese (http://www.galleriaborghese.it/borghese/en/edefault.htm) et de plusieurs autres adresses sur la grande toile.

Notre guide local à Rome nous indique que : « C’est au cardinal Scipion Borghèse, un grand collectionneur d'œuvres d'art que nous devons ce magnifique musée. C’est lui qui fit ériger la villa en 1605, selon les plans de l’architecte Flaminio Ponzio, l’architecte du pape Paul V.

Dès la construction du petit palais réalisée, Scipion Borghèse y installa sa magnifique collection d’œuvres d’art et se mit à en acquérir de nombreuses autres, dont plusieurs d’artistes tels Boromini et Caravage que son oncle, le pape Paul V, avait pris sous son aile. Avec comme résultat qu’il a constitué une des plus époustouflante collection de tableaux et de sculptures des XVIe et XVIIe siècles.

Même si la collection originale de Scipion Borghèse s’est un peu éparpillée au fil des siècles, de grandes œuvres sont toujours conservées à la galerie Borghèse. »

Nous entrons dans un grand hall et montons directement au deuxième étage, là où il y a les peintures, le premier palier étant plutôt consacré aux sculptures.

« L’exposition permanente est mise sens dessus dessous lorsque la galerie tient des expositions temporaires, comme c’est le cas actuellement alors que des œuvres du "Caravage" et de Francis Bacon sont mises en évidence », constate Paolo.

Caravage, de son vrai nom Michelangelo Merisi da Caravaggio, est né en 1571 à Milan… et non dans la ville de Caravage comme on l’a longtemps cru. « En fait, nous annonce notre guide, son certificat de naissance a été retrouvé en 2007. Toutefois, l’histoire nous apprend qu’il a vécu chez une dame qui portait le nom de Caravage. Il est mort jeune, à 38 ans, en 1610. »

Notre guide s’arrête devant une toile représentant la Madone qui se tient devant chez elle avec l’enfant Jésus dans ses bras, un Jésus passablement grand pour être dans les bras de sa mère. L’œuvre date de 1608 et se nomme « La Madone des Pèlerins »!

On y voit deux pèlerins, les pieds bien sales, agenouillés devant la Madone. « C’est le réalisme de Caravage », commente notre guide. « Remarquez, ajoute-t-il, que la Vierge a les jambes croisées, comme une paysanne qui se repose. Son visage est très beau, tout comme le velours et la soie de sa robe. La forte lumière est théâtrale. »

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : La madone des Pèlerins.

Paolo nous réunit devant une autre toile du Caravage. « Une œuvre, dit-il, réalisée pour décorer un autel de la basilique Saint-Pierre. Elle y fut exposée et retirée très peu de temps après, pour des raisons politiques nébuleuses. Elle s’intitule "La Madone des Palefreniers" et elle a été réalisée en 1605-1606. »

On y voit la Vierge, qui est le même modèle qui a posé pour la Madone des Pèlerins, en voie d’écraser un serpenta avec l’aide de l’enfant Jésus; à la droite de ces deux personnages, nous reconnaissons la mère de Marie, Sainte-Anne.

On peut y observer le jeu de lumière qui est le propre du Caravage.

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : La Madone des Palefreniers.

Nous voyons une toile qui serait la dernière œuvre du Caravage : « Le Martyre de Sainte Ursule ». On y voit Sainte-Ursule qui se meurt alors qu’une flèche tirée par un barbare lui a percé le cœur!

Caravage a fixé la lumière sur la sainte et non sur son tueur!

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : Le Martyre de Sainte Ursule.

Nous voici maintenant devant une toile que nous avons déjà vue : « David avec la tête de Goliath », une œuvre que le Caravage aurait réalisée en 1606 ou 1607. David y tient la tête de Goliath, elle qui prend les traits de l’artiste!

« Le Caravage nous a laissé très peu de paysages », nous fait remarquer notre guide.

L’autre artiste-peintre dont les toiles sont mises en valeur pour cette exposition temporaire est l’Irlandais Francis Bacon (1909-1992), « le peintre de la violence, de la cruauté et de la tragédie », nous lance Paolo.

Une de ses œuvres reprend, selon la vision de Francis Bacon, la toile représentant le pape Innocent X réalisée par Diego Velasquez trois siècles plus tôt. L’artiste irlandais a bousillé et défiguré le visage du pape, car Bacon trouvait l’œuvre de Velasquez trop parfaite. Il en était obsédé.

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photos ci-dessus : L’œuvre de Francis Bacon… et celle de Velasquez.

Notre guide nous amène devant la toile « L’Amour sacré et l’Amour profane », un chef-d’œuvre du Titien.

Deux femmes se ressemblant beaucoup sont assises sur un sarcophage plein d’eau… dans lequel s’amuse Cupidon. L’une est habillée, c’est celle représentant l’Amour profane, l’autre est presque nue et représente l’Amour sacré.

« Le sarcophage-fontaine représente la mort et la vie », nous indique notre guide. Qui ajoute que la toile a vraisemblablement été réalisée pour être offerte en cadeau de mariage. Elle date du début du XVIe.

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : L’Amour sacré et l’Amour profane, du légendaire Titien.

« La collection de cette villa, nous informe Paolo, est gérée par une fiducie. Aucune œuvre ne peut être vendue seule. La seule vente possible étant la collection entière. »

Notre guide nous indique un portrait très réaliste d’un marchand. C’est une oeuvre réalisée par Antonello da Massimo. Paolo nous affirme que c’est la toile qu’il apprécie le plus ici. «C’est elle que je volerais en premier si j’étais un voleur d’œuvres d’art.»

Nous arrivons devant une très grande toile représentant une déposition du Christ de la croix. C’est une œuvre de Raffaello Sanzio, le grand Raphaël ! Elle date de 1507.

Il s’agit plus du transport du corps de Jésus vers son tombeau qu’une déposition du Christ de la croix. On y remarque que la Vierge est sur le point de s’évanouir tandis que les porteurs sont à échapper le corps du Christ!

« La douleur de la vierge prend ici les traits d’une noble dame de Pérouse qui venait de perdre son fils et qui avait commandé à Raphael ce tableau pour l’église de Pérouse », nous informe Paolo.

Et il nous raconte que Paul V, un siècle plus tard, voulut acquérir ce tableau, mais qu’on le lui a refusé. Il a donc envoyé quelqu’un pour le voler… tout simplement!

« Aujourd’hui, ajoute-t-il, la toile est une œuvre phare de la collection Borghese. C’est un tableau bien équilibré de plusieurs couleurs et en mouvement. D’ailleurs, Raphael était surnommé « Le peintre divin ». »

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : La Déposition… de Raphaël!

Nous descendons au premier étage sur le coup de midi.

Nous entrons dans une immense salle où il y a la statue d’une belle femme qui semble repousser les avances d'un dieu. Les expressions traduites sur les visages des deux personnages par l’artiste sont tout à fait fascinantes. Il s’agit d’un chef-d’œuvre de l’artiste Gian Lorenzo Bernini, « Le Rapt de Proserpine » (1621-1622).

« Proserpine était à cueillir des fleurs, nous raconte notre guide, lorsque Pluton, le roi des Enfers, la voit. Ce dernier est soudain pris d'un grand désir pour la jeune fille. Il décide de l’enlever. »

L’œuvre du Bernin nous montre Pluton qui attrape Proserpine. Celle-ci tente de se libérer, sa main droite repoussant le visage du dieu.

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photos ci-dessus : Les doigts de Pluton sur la cuisse de Proserpine, d’un réalisme inimaginable dans du marbre.

Nous voyons un buste de César en marbre de porphyre égyptien.

Il y a également une sculpture qui serait, selon notre guide, la plus ancienne du Bernin. Elle aurait été réalisée entre 1618 et 1620.

« Il s’agit d’une statue représentant Énée fuyant Troie en flammes. Il emmène son père Anchise sur ses épaules et son fils Ascagne. Anchise tient dans ses mains une statuette du dieu Lare de son foyer ; Ascagne porte le feu du foyer. »

La statue a été réalisée à partir d’une colonne romaine. « On appelle ce genre d’oeuvre, une statue torche », nous précise Paolo.

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : Énée, Anchise et Ascagne, une œuvre du Bernin.

Nous entrons dans la salle où est conservée la collection égyptienne appartenant à la famille Borghese, dont l’oeuvre phare est une statue d’Isis en robe noire.

Puis, nous nous arrêtons quelques instants devant la magnifique statue qui présente le symbole même de la galerie Borghese d’aujourd’hui, c’est-à-dire une sculpture représentant Pauline, la sœur de Napoléon Bonaparte, étendue nue sur un lit de marbre.

L’œuvre a été commandée par Camillo Borghèse, l’époux de Pauline, à l’artiste le plus célèbre d’Europe à cette époque, Antonio Canova. Celui-ci y travailla de 1805 à 1808.

Il a assimilé Pauline à la déesse Vénus. C’est pourquoi elle tient dans sa main gauche la pomme d’or reçue de Pâris.

Sans être connaisseurs d’art, nous ne pouvons qu’être très impressionnés par cette œuvre!

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : La superbe « Vénus triomphante » d’Antonio Canova.

Nous voyons également d’autres toiles du Caravage, dont celle intitulée « Garçon avec un panier de fruits », datant de 1593, hyper réaliste, on y voit même les défauts des fruits et de Madeleine la pénitente.

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : Garçon avec un panier de fruits!

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : Madeleine, la pénitente, une œuvre réalisée par le Caravage entre 1595 et 1597. Une composition à une seule personne, ce qui est rare. Elle a une oreille rouge, comme si elle avait été battue. Il y a des bijoux par terre, auxquels, de toute évidence, elle renonce. Le fil du collier est coupé comme s’il lui avait été arraché. Comme si quelque chose de violent venait de se passer. La pénombre est en arrière-plan, tandis que la lumière est fixée sur la femme.

Nous arrivons devant la statue de « David » réalisée par le Bernin en 1623 et 1624. David est sur le point d’utiliser sa fronde contre Goliath. « Le visage du David, nous précise notre guide, est en fait un autoportrait du Bernin. »

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : Le David du Bernin!

Nous entrons dans la petite chapelle de la galerie Borghese. Elle était pour le pape. C’est la seule pièce qui n’a pas été refaite dans la villa. Il y a deux autels en argent, un réalisé par un allemand, l’autre par un italien. « Ce sont de petits autels que le pape transportait lors de ses déplacements », ajoute notre guide.

Finalement, dans une autre salle, nous avons la chance d’admirer une grande statue dans le centre de la pièce. C’est une autre œuvre de Gian Lorenzo Bernini, dit le Bernin.

« Il a réalisé cette œuvre en s’inspirant « Des métamorphoses » d’Ovide. La nymphe Daphné repousse les avances du dieu Apollon qui brûle de désir pour elle. Mais la jeune fille a fait vœux de chasteté. L’œuvre montre Apollon rejoignant Daphné qui sentant le dieu la rejoindre invoque une transformation libératrice qui lance sa métamorphose en laurier! »

Galerie Borghese, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : La statue nous montre que déjà les cheveux de la nymphe ont commencé à se transformer en feuillage et ses pieds en racines. Elle est immortalisée en lançant un cri, sans doute le résultat de la constatation qu'elle ne sera plus femme, mais plutôt arbre! »

Il est maintenant 13 heures et nous devons quitter.

Nous repartons en car à 13 h 35 pour aller dîner près de la fontaine de Trevi. Nous sommes fatigués et affamés.

À suivre
La fontaine de Trevi.

La fontaine de Trevi, Rome, Italie.

Photo ci-dessus : La mythique fontaine de Trévi! Une des places les plus animées de Rome et pourtant c’est au hasard de petites ruelles qu’on y arrive.

Bibliographie
Atlas en fiches (Italie, l’Adige, le Pô, la Toscane, Venise, Florence, Sienne et Rome , Éditions Atlas, 2008;

Encyclopédie libre Wikipédia, Italie, Pavie, Milan, Vérone, Venise, Florence, Pise, San Gimignano, Rome et une foule d’autres pages;

Galerie Borghese, 10 chefs-d’oeuvre, Éditions GebArt, 2007, 48 pages;

Guide Voir, Italie, Éditions Libre Expression, 2007, 720 pages;

Guide Voir, Florence et la Toscane, Éditions Libre Expression, 2009, 336 pages;

Lonely planet, Italie, Lonely Planet Publication, 2010, 836 pages;

Patrimoine mondial de l’UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages ;

Rome,, Bellomi Editore, 129 pages.

Rome, des origines à nos jours, Edizioni Lozzi Roma, 2009, 120 pages.

Rome des Césars, Bonechi Edizioni,1981, 128 pages.

Tout Rome,, Bonechi Edizioni, 1967, 144 pages.

Venise et ses îles, Office de tourisme de Venise, 2007, 60 pages;

Venise reine de la mer, Edizioni Storti, 1972, 79 pages.

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