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Compressions en culture en Italie – Pompéi s’écroule, le Colisée s’effrite

Revue de presse

Sonia Grezzi, Agence France Presse, Le Devoir, le 13 décembre 2010

Le Colisée, Rome, Italie. Rome — «Le patrimoine culturel italien risque de s'effondrer»: c'est le cri d'alarme lancé par Pier Giovanni Guzzo, directeur pendant quatorze ans du site archéologique de Pompéi, où plusieurs bâtiments se sont écroulés ces dernières semaines au grand dam de l'opinion publique.

Alors que Pompéi est un des sites les plus visités au monde, avec environ trois millions de touristes chaque année, comment en est-on arrivé là? «Parce qu'il n'y a pas eu d'activités de conservation de ce patrimoine», répond M. Guzzo dans un entretien à l'AFP.

Notre photo : Le Colisée, photographié de soir (Photo de Jacques Lanciault)

L'archéologue souligne l'effet dévastateur des coupes claires dans le budget de la Culture en Italie, qui mettent selon lui en péril de nombreux monuments et sites de fouilles. Pompéi n'est en effet pas le seul site concerné: à Rome, en mars, c'est une partie du toit de la Domus Aurea qui s'est effondré.

Cette immense villa construite par l'empereur Néron à partir de 64 après Jésus-Christ est située à quelques pas du Colisée, qui présente d'ailleurs lui aussi des signes de fatigue.

Depuis des années, le budget de la Culture diminue, rendant très difficile l'entretien de cet héritage exceptionnel. De sept milliards d'euros en 2008, le budget est passé à cinq milliards cette année (-28 %).

«Les coupes ont une incidence importante dans la mesure où le personnel qui part à la retraite n'est pas remplacé, d'où une réduction des emplois techniques qui ont en charge la conservation du site», déplore Pier Giovanni Guzzo.

«Cette insuffisance de fonds a pesé sur la conservation des murs et des maisons antiques de Pompéi», constate-t-il, tout en rappelant que son «pays est malheureusement celui qui, au cours des années, a consacré le pourcentage le plus faible de son PIB à la culture».

Le gouvernement justifie ces compressions par la crise économique qui frappe l'Italie. Pour 2011, les prévisions de croissance ont été revues à la baisse, et le pays est l'un des plus endettés de la zone euro avec une dette publique de près de 120 % de son PIB.

Une ressource cruciale
En attendant, archéologues et guides touristiques constatent, impuissants, la dégradation du patrimoine culturel italien.

«Notre patrimoine est très vaste et très fragile, car on ne parle pas seulement de peintures du XVIe siècle, mais aussi d'objets, de monuments qui ont des milliers d'années et donc l'Italie devrait pouvoir faire beaucoup plus pour les sauvegarder», estime Marcella Bagnasco, présidente des guides touristiques d'Italie.

Ce patrimoine, qui attire des millions de touristes, représente aussi une ressource cruciale pour l'économie de la péninsule.

«Le problème aujourd'hui, c'est que l'Italie n'a pas encore compris que ses biens culturels ne devaient pas être considérés comme un luxe quand la croissance est en berne, mais plutôt comme un des éléments de base de la reprise économique», note Maurizio Quagliuolo, secrétaire général de Herity, une association pour la mise en valeur du patrimoine.

Alors que faire? Une piste serait de faire appel à des fonds privés. «Il n'y a aucun problème sur la provenance de l'argent: comme disait l'empereur Vespasien, "pecunia non olet" (L'argent n'a pas d'odeur)», estime M. Guzzo. «Le problème des financements privés est qu'il n'existe pas en Italie une politique de défiscalisation des financements privés, alors qu'aux États-Unis cela fonctionne», nuance-t-il.

Un premier exemple de mécénat va peut-être permettre au Colisée d'échapper au sort de Pompéi: le roi italien de la chaussure, Diego Della Valle, propriétaire notamment de la marque Tod's, s'est dit prêt à investir 25 millions d'euros pour la restauration de cet amphithéâtre vieux de 2000 ans.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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