Juil/100
Philippe Aumont victime d’incompétence
Revue de Web
Denis Ouellet, Sports Juniors Magazine, le 7 juillet 2010
Les déboires s’accumulent pour le Québécois sélectionné le plus tôt de l’histoire depuis sa performance magistrale à la Classique mondiale de baseball 2009. Après avoir été échangé dans la transaction qui a envoyé Roy Halladay à Philadelphie, Philippe Aumont ne répond pas aux attentes de sa nouvelle organisation.
Les Phillies ont décidé de l’envoyer au niveau AA, où il a évolué comme partant. Aumont a présenté un dossier de 1-6 avec une moyenne de points mérités qui défie la gravité à 7.43. Ce qui lui a valu une rétrogradation au niveau A+ où il est passé de partant à lanceur de longue relève. Ce n’est guère mieux. Il accumule les buts sur balles avec 12 en 14.1 manches. Sa moyenne de points mérités est à 4.91. Rien pour épater ses nouveaux patrons.
Aumont n’est pas le premier, ni le dernier grand prospect à avoir subi les conséquences de son statut. On a joué au yo-yo avec son utilisation. En bout de ligne, autant lui que les Phillies en paient le prix. Aumont fut d’abord partant dans l’organisation des Mariners de Seattle qui l’avaient repêché. Un changement de directeur gérant plus tard, ils ont ensuite décidé d’en faire un lanceur de courte relève. Une décision prise après sa sortie mémorable à la Classique mondiale sous prétexte qu’il pourrait ainsi graduer plus vite puisqu’il lancerait plus souvent qu’aux 5 jours. Cette saison, les Phillies décident d’en refaire un lanceur partant… sous prétexte qu’il graduera plus vite en lançant plus de manches (Ben tiens !). Comme quoi, les philosophies diffèrent d’une organisation à l’autre, et d’un homme de baseball à l’autre.
Si pour le commun des mortels, lancer une balle, c’est lancer une balle, que ça soit en relève ou comme partant, la réalité est bien plus complexe. Les partants et les releveurs n’ont pas la même préparation, ni la même routine et n’utilisent pas non plus leur répertoire de lancers de la même façon. C’est un peu comme demander à un marathonien de devenir sprinter, ou vice-versa. Éric Gagné qui a tenté l’expérience de redevenir partant avec les Capitales de Québec a justement connu beaucoup de difficulté à ajuster son approche des frappeurs. Affronter un frappeur, c’est aussi l’affronter entre les deux oreilles. Si vous l’avez retiré la première fois, vous devez vous assurer de le surprendre la seconde, la troisième et s,’il y a lieu la quatrième. Le calibre de l’adversaire n’a rien à y voir. Un tir qui n’est pas sur le marbre, ne le sera pas chez les pee-wee, pas plus que dans les majeures. Un autre qui y sera, ne devra pas avoir été trop prévisible, car le petit pois numéro 1 ira faire un tour quelque part là où les fusées d’appoint se détachent. Le frappeur n’a qu’une petite fraction de seconde pour réagir. Il n’est pas chez les pros pour rien. Il profitera de la moindre de vos erreurs.
Il est facile de comprendre combien Philippe Aumont a dû travailler et retravailler sa routine, sa préparation physique et psychologique. Comment il a dû travailler et retravailler sur l’utilisation de son répertoire. Puis un autre facteur non négligeable est aussi en cause dans ses insuccès ; L’instructeur des lanceurs. Il a eu au moins 4 instructeurs des lanceurs différents et autant de gérants dans deux organisations différentes. Il ne suffit que d’un seul qui tente de jouer dans sa mécanique ou qui lui « parle » trop pour le mélanger. Il n’est pas rare de voir un instructeur des lanceurs vouloir apposer sa signature sur un prospect. « JE vais te montrer comment lancer pour atteindre les majeures.»
Le talent d’Aumont est indéniable. Il a beaucoup de caractère et son attitude n’est pas en cause dans ses récentes difficultés. Aumont est juste une victime des circonstances et sans doute d’incompétence. Il est bon de se rappeler que le géant de 6 pieds 7 pouces à la balle rapide de feu, n’avait jamais même affronté un frappeur de la NCAA. Pas plus qu’un frappeur de la NJCAA ou de la NAIA. Ça ne l’a pas empêché de retirer sur des prises trois frappeurs aguerris de l’équipe américaine à la Classique mondiale, plusieurs autres lors des deux derniers camps et lors de son apprentissage dans les mineures. Il atteindra les majeures éventuellement. Est-ce qu’il y restera ? Et est-ce qu’il sera l’aboutissement des promesses qu’on voyait en lui ? Il détient une partie de la réponse. L’autre partie de cette réponse est quelque part dans le monde du baseball. Là où quelqu’un aura la solution définitive avec un plan définitif.
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.
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