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Philip Tomlinson : entraîneur de baseball certifié de niveau… 4!
Texte de Jacques Lanciault
Seulement deux entraîneurs de baseball au Canada ont atteint un tel niveau de certification
Trois-Rivières, le 30 juin 2008 – Le 10 mai dernier, Phillip Tomlinson obtenait sa certification de niveau 4 du programme national de certification des entraîneurs (PNCE)! Il devenait ainsi un des deux seuls entraîneurs de baseball au Canada à atteindre ce niveau de compétence. Et Philip a beaucoup de mérite, car contrairement à ce que l’ont pourrait penser, ce Trifluvien d’adoption n’est pas diplômé en éducation physique. Et non, il détient un diplôme en administration.
Notre photo : Philip Tomlinson à son poste d'entraîneur au troisième coussin lors d'un match de l'Académie des Estacade.
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C’est pratiquement deux années de travail qui lui ont été requises pour obtenir cette certification. Deux années de dur labeur pour celui qui, tout en se donnant à fond à son programme de perfectionnement, mettait sur pied, au même moment, une foule de programmes de développement de baseball en Mauricie. « Le programme de certification est très exigeant », précise-t-il. « Il est composé de douze modules et pour chacun d’eux nous avions des rencontres qui se tenaient à Montréal une à deux fois par semaine. »
« Mais, le programme est tellement enrichissant et stimulant, qu’on oublie rapidement les efforts! » s’exclame-t-il. « Chacune des rencontres tenues au stade olympique nous permettait d’entendre des sommités dans leur domaine respectif nous entretenir de sujets aussi variés que l’entraînement physique, la prévention des blessures sportives, la psychologie dans le sport, la nutrition, etc. La plupart du temps, il s’agissait de professeurs émérites d’université avec qui nous avions la chance d’échanger après les présentations. »
La formation pour l’obtention du niveau 4, et c’est la même chose pour le niveau 5, ne se limite pas à assister à des présentations, à participer à des discussions, à lire et à étudier. L’obtention de la certification exige à terme que les candidats prouvent qu’ils ont bien intégré les connaissances véhiculées. « À la fin des douze modules, nous devions déposer un porte-folio, en plus d’y aller d’une présentation orale. C’est certain qu’une telle présentation demande des heures et des heures de recherche », se remémore celui qui au sein de la Ligue de Baseball Élite du Québec, comme joueur, a porté les couleurs des Diamants de Québec.
Pas étonnant alors que parmi le grand nombre d’entraîneurs, provenant de tous les sports possibles, qui commencent le programme, seulement 20 % le termine.
Pourtant, les candidats à ce programme ne sont pas laissés à eux seuls. Ils peuvent compter sur l’appui d’un maître-entraîneur. Philip a pu s’appuyer sur André Lachance comme mentor. Ce dernier, qui est gérant des opérations à Baseball Canada, est le seul entraîneur de baseball au pays qui détient une certification de niveau 5.
D’ailleurs, André ne tarit pas d’éloges lorsqu’il parle de Philip : « Je retrouve en Philip la passion du baseball qui m'a toujours habité. » Et ce n’est pas un mince compliment quand il vient de la bouche d’un homme qui s’investit corps et âme à la cause du baseball depuis plus de 20 ans.
Les mentalités sont à changer et c’est urgent
S’il y a une chose que Philip a bien intégrée dans toutes ses heures d’étude sur l’entraînement, c’est bien que l’approche traditionnelle utilisée par les entraîneurs de baseball n’est plus la bonne. « Pour ceux qui ont fait de l’entraînement d’athlètes le sujet d’étude de leur vie, les méthodes de travail préconisées par les entraîneurs de baseball, tant dans les universités et dans les collèges américains que dans le baseball professionnel, et ce, des ligues mineures aux ligues majeures, n’ont aucun bon sens. Le baseball s’enseigne et se pratique comme au XIXe siècle », avance Philip, d’un ton des plus convaincant.
« Le problème, ajoute-t-il, vient du fait qu’au baseball collégial et professionnel on fait appel presque exclusivement à d’anciens joueurs comme entraîneur, et ce, en raison de ce qu’ils ont réalisé en tant que joueurs, plutôt qu’à des spécialistes de l’entraînement et du sport. Dans le baseball, 98 % des entraîneurs sont d’anciens joueurs. »
Philip souligne également : « Au hockey, les mentalités ont changé depuis longtemps. De plus en plus, les entraîneurs arrivent bardés de diplômes universitaires. Leur formation leur permet d’éviter d’entraîner comme ils ont été entraînés. En a fait, ils sont devenus des “étudiants de la game ”, c’est-à-dire des gens qui analysent tout autant l’athlète que le jeu lui-même, et qui en tirent des conclusions qu’ils utilisent pour modifier les entraînements, les techniques ou encore les stratégies de matchs. »
Lorsque Philip parle de cette façon, c’est certain qu’André Lachance l’écoute avec fierté : « Je retrouve chez lui le profond désir de faire les choses autrement, un des messages les plus importants que j'ai tenté de lui transmettre dans mon travail avec lui. »
Et André d’ajouter : « Avec sa situation dans le monde du baseball au Québec, il peut changer les choses et faire du baseball un sport plus progressiste et moins conservateur. C'est une longue bataille, elle doit se transporter à tous les niveaux. Mais, plus nous serons à véhiculer le message, meilleures seront nos chances que les choses changent. »
Devenu entraîneur un peu par hasard
Philip, qui est originaire de la vieille capitale, ne se destinait pas à une carrière d’entraîneur. Il y est arrivé un peu par hasard suite surtout à un concours de circonstances où le grand responsable aura été son ancien coéquipier chez les Diamants de Québec, Jean-Philippe Roy. « Jean-Philippe était à l’époque responsable de l’enseignement du baseball à l’école secondaire Cardinal Roy et il venait d’accepter un poste de directeur technique à Baseball Québec. Il devait mettre de côté l’enseignement pour un certain temps. Il m’a donc demandé de le remplacer temporairement. Et là, j’ai vraiment eu la piqure. »
Puis, quand Jean-Philippe est revenu à Québec et a repris son poste, Philip, qui avait vraiment été passionné par l’expérience d’enseigner le baseball, n’est pas resté au chômage bien longtemps.
« Lors du retour de notre équipe, l’école secondaire Cardinal Roy, d’un camp d’entraînement d’hiver en Floride, nous partagions l’autobus avec une formation comme la nôtre provenant de l’Académie des Estacades du Cap-de-la-Madeleine en Mauricie. Durant le trajet en autobus, j’ai longuement discuté avec Jean-François Picard qui venait justement d’implanter un programme de sport études baseball aux Estacades. Il se cherchait un enseignant pour son académie et un entraîneur pour l’équipe du réseau de développement midget AAA de sa région. Lorsque Jean-Philippe m’a avisé qu’il reprenait son poste, j’ai communiqué avec Jean-François et je lui ai mentionné que j’étais son homme… » C’était le début d’une association qui dure encore aujourd’hui.
Après avoir eu un coup de foudre pour l’enseignement du baseball, voilà que Philip en aura maintenant un pour la capitale de la Mauricie. En plus de trouver un « job » qui le passionne, il y trouvera une conjointe et il y deviendra… père de famille!
Aujourd’hui, Philip Tomlinson est enseignant au programme baseball-études de l’Académie les Estacades et il a œuvré à prolonger ce programme au niveau collégial, en persuadant les responsables du Collège Laflèche de l’implanter chez eux.
De plus, à compter de l’automne prochain, son équipe de baseball collégial évoluera au sein de l’Association de baseball inter-universitaire canadienne.
En plus d’occuper le poste d’assistant entraîneur avec les Ailes du Québec, la formation qui regroupe les meilleurs joueurs de baseball de 17 et moins de la province, il est également superviseur au sein du réseau de développement midget AAA de Baseball Québec.
Et son avenir en tant qu’entraîneur!
Mais, outre son grand rêve de diriger une formation de baseball dans une université ou dans un collège, Philip verrait d’un très bon œil de joindre les rangs du programme des équipes nationales de Baseball Canada.
D’ailleurs pour obtenir sa certification d’entraîneur de niveau 5, dont il a déjà complété trois des huit modules, il lui faut obligatoirement avoir œuvré avec une équipe nationale.
« C’est certain que c’est un de mes objectifs et en août prochain il est possible que Baseball Canada ait des postes à combler. Le moment me conviendrait parfaitement, car plus je vieillis et plus ce sera difficile. Je suis, depuis peu, père de famille et ma conjointe a un très bon emploi à Trois-Rivières. Quitter la Mauricie pour m’installer ailleurs est pratiquement impossible. Et quitter la maison pour de longues périodes deviendra, avec le temps, de plus en plus compliqué », suppose-t-il.
D’ailleurs, pour André Lachance, il n’y a pas de doute que Philip serait un très bon candidat : « Je pense que Philip a le potentiel et surtout l'ambition de faire partie des programmes des équipes nationales dans le futur et j'espère que sa formation lui aura permis d'intégrer tous les éléments nécessaires pouvant faire de lui un entraîneur recherché dans le futur. »
Chose certaine, s’il demeure en poste en Mauricie, ce sont les jeunes joueurs de baseball de tout le Québec qui s’en porteront mieux… à tout le moins du point de vue baseball !
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