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Revue de presse : Balades andalouses

Marie-Claude Mongrain, La Presse, le vendredi 3 août 2007

Paysage d'Espagne.L'Espagne est l'un des pays les plus riches de l'Europe écologique. Vous partez à la découverte de l'Andalousie et de l'architecture mudéjare? Entrecoupez votre voyage de petites pauses plein air.

Voici trois itinéraires à couper le souffle.

Parque Nacional de Doñana
Dans le rétroviseur, la Giralda de la cathédrale de Séville s'évanouit lentement. Une soixantaine de kilomètres nous séparent du parc national de Doñana, la plus grande réserve écologique d'Europe.

L'A-49 est bordée de bosquets fleuris et d'oliveraies verdoyantes. À notre grand soulagement, la signalisation est adéquate et les conducteurs espagnols, plutôt disciplinés.

Un doux parfum d'orangers flotte à l'entrée de Doñana, inscrit par l'UNESCO au Patrimoine de l'humanité en 1994. Les dunes, marais et pinèdes du parc s'étendent sur 500 km2, à la jonction des provinces de Huelva, Cadix et Séville.

Nous nous arrêtons dans le petit village d'El Rocio. Avec ses larges rues de terre battue, l'endroit a des airs de Far West. Entre mai et juin, plus de 70 confréries de pèlerins viennent rendre hommage à la Virgen del Rocio, à qui l'on attribue des guérisons miraculeuses depuis 1280.

Histoire de voir si Doñana nous plaît, nous optons pour la Cuesta Maneli, un sentier de deux kilomètres. Un long trottoir de bois s'avance dans la pinède. De petits lézards surgissent entre les planches. Le sable, rouge et sec, rappelle celui du désert. On remarque çà et là des traces d'animaux. S'agit-il d'empreintes de lynx, de renard, de sanglier? Un panneau nous aide à les identifier.

Après une dizaine de minutes de marche, une douce brise nous caresse enfin le visage. Pas de doute, l'Atlantique n'est plus très loin. Le paysage se métamorphose. On découvre un tapis de lavandes, cistes et autres plantes basses. Les pins, hauts et droits à l'entrée du sentier, sont ici étrangement inclinés, verts d'un côté, rabougris de l'autre. Ce sont les gouttelettes d'eau salée transportées par le vent qui les voûtent ainsi.

Puis vient le moment de grâce. Devant nous, le ciel se confond avec l'océan. La plage s'étend sur une dizaine de kilomètres. Le vent souffle avec puissance contre les dunes de sable blanc, qui s'élèvent jusqu'à 30 m. Nous arpentons longuement le rivage. Une volée de flamants roses nous dépasse à vive allure.

Après une bonne nuit de sommeil à l'hostal Victoria, à Matalascañas, petite ville balnéaire nichée à l'intérieur du parc, nous partons vers d'autres sentiers. Il est cependant impossible de parcourir tout le parc à pied. Pour découvrir la faune de la partie méridionale, il faut réserver une place à bord des véhicules tout-terrain qui effectuent en quatre heures un circuit de 70 km.

Après quelques heures de randonnée, nous arrivons au club équestre El Pasodoble, de Matalascañas, qui offre des excursions de deux heures dans la pinède et sur la plage.

Nul besoin de savoir monter pour prendre part aux excursions. Les chevaux connaissent leur chemin... et n'en font de toute façon qu'à leur tête. Bien que le guide soit peu loquace, ces deux heures sont magiques.

Les Alpujarras
Cinq jours plus tard, après avoir visité Cordoue et Grenade, nous mettons le cap sur les Alpujarras, qui s'étirent au sud de la Sierra Nevada, à environ 40 kilomètres de Grenade. Après les randonnées «pépères» du parc Doñana, nous allons suer à grosses gouttes dans les montagnes.

Nous quittons Grenade en empruntant l'A-44. Subjugués par les sommets enneigés, nous avons de la difficulté à garder les yeux rivés sur la route. Il faudra cependant nous y résigner pendant notre ascension jusqu'à Pampaneira, le moins élevé des nombreux villages blancs des Alpujarras (1060 m). C'est que la route, étroite et sinueuse, est dépourvue de garde-fou... Le conducteur, comme sa copilote, prient pour qu'un autocar ne surgisse pas dans une courbe...

Au kiosque d'information de Pampaneira, on nous propose plusieurs circuits. De vrais randonneurs, chargés comme des mulets, se préparent pour une ascension de plusieurs jours. Les simples amateurs de grand air que nous sommes optent plutôt pour le Pueblos del Poqueira, un circuit de quatre heures qui nous conduira à Bubìon, puis à Capileira (1436 m). Le sentier, de difficulté intermédiaire, fait une boucle de six kilomètres.

De Pampaneira, on aperçoit déjà les deux taches blanches que forment les maisons de Bubìon et Capileira. Une troisième se dessine derrière elles: il s'agit du sommet enneigé de Mulhacèn, le point culminant de la Sierra Nevada (3482 m).

L'influence arabe est encore perceptible dans ces petits villages attachés à flanc de colline. Leur architecture rappelle celle des montagnes de l'Atlas, au Maroc, ou les constructions berbères d'Algérie. Leur isolement a certes contribué à préserver leur cachet: jusqu'aux années 50, on y accédait seulement à pied ou à dos de mule.

Ce sont d'ailleurs les sentiers qu'empruntaient autrefois les paysans - et encore utilisés par certains d'entre eux - que nous foulons. Ils sont plutôt mal balisés, mais les villages, que l'on aperçoit au loin, servent de points de repère.

Bien qu'on se trouve à plus de 1000 m d'altitude en mai, le thermomètre indique 32 degrés.

Dans la vallée, on n'entend que le bêlement des moutons et le tintement de leurs clochettes. Devant la splendeur et l'immensité du paysage, un sentiment d'humilité nous habite.

Châtaigniers, noyers et pruniers nous entourent. Chaque parcelle de terrain, aussi abrupte soit-elle, est cultivée. Quelques paysans s'affairent dans leur jardin. Leur équipement est rudimentaire. Il faut dire que la région des Alpujarras est l'une des plus pauvres de toute l'Espagne.

Nous mettons environ une heure pour atteindre Bubìon. Nous nous attardons un peu dans le village avant de reprendre notre route vers Capileira. Cette fois, nous nous égarons un peu. C'est un jeune écolier qui nous remet dans le droit chemin. «Tu grimpes là-haut tous les jours?» demandons-nous les yeux tout écarquillés. «Oui», répond-il tout naturellement.

Une fois à Capileira, nous n'avons qu'une envie: boire un jus d'orange pressée. Nous en commandons, un, deux, trois, puis regagnons la voiture, exténués mais encore sous le charme des villages blancs.

Parque Natural de Cabo de Gata
Le parc naturel de Cabo de Gata est situé environ 30 kilomètres à l'est d'Almeria. La nuit est sur le point de tomber. Nous louons une chambre dans le premier hôtel que nous apercevons. Au lever du jour, nous sommes un peu déçus. San Miguel de Cabo de Gata est moins joli que les villages du parc Doñana. L'endroit paraît plus pauvre et de gigantesques serres y gâchent le décor.

Le paysage est aride. Il est fait de falaises volcaniques, de criques isolées et de cactus, qui s'étendent sur 60 km2. Avec seulement 100 mm de pluie par an, le Cabo de Gata est la région la plus sèche d'Europe.

Nous trouvons un petit comptoir touristique à Pozo de los Frailes, derrière lequel nous attend une agente hors pair. Une sorte de fée marraine, concluons-nous.

Elle ne parle qu'espagnol, mais a tellement envie de nous faire découvrir «son» parc qu'on la comprend sans peine. Elle nous aiguille vers la plage de Los Genoveses (ainsi nommée parce que jadis y accostaient les pirates génois), que l'on rejoint, au départ de San Jose, en empruntant un sentier de deux kilomètres bordé de cactus. Cette plage, située dans une baie, est tout simplement spectaculaire. L'azur de la Méditerranée, les rouges falaises volcaniques et le sable blanc créent un heureux contraste. Nous voilà réconciliés avec Cabo de Gata.

Une quinzaine de sentiers, de niveaux de difficulté variés, nous sont aussi recommandés. Nous n'en ferons que deux. Le mois de mai n'est pas encore terminé mais le mercure grimpe déjà à 38 degrés. Sous un soleil aussi puissant, mieux vaut être prudent. Les randonneurs avertis visiteront plutôt le parc au printemps ou à l'automne, ou programmeront leurs excursions à l'aube.

Remplis sous: Espagne, Voyages Mots clés:
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