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Revue de presse : L’inquiétant déclin du bouchon de liège

François Cardinal, La Presse, Nouvelles générales, mercredi, 20 décembre 2006

À défaut d'un Noël blanc, est-il possible d'avoir un Noël vert ? Sans vouloir jouer au rabat-joie, La Presse a consulté des experts pour faire le point sur trois questions qui turlupinent à l'approche du réveillon : le bouchon de liège est-il plus écologique ? Le sapin naturel est-il vraiment plus vert ? Et les décorations gonflables contribuent-elles aux changements climatiques ?

L'avènement des bouchons de vin synthétique est une grande menace pour l'environnement. Non seulement ne sont-ils pas biodégradables comme le liège, mais ils mettent en péril des forêts entières, prévient le World Wildlife Fund (WWF).

Dans un récent rapport, l'organisme déboulonne le mythe voulant que la production de bouchons de liège soit responsable d'une certaine déforestation en Europe. Il nie également que la pénurie soit imminente.

" Si la valeur commerciale des bouchons de liège continue à décliner, note l'organisme, il y a un risque de crise économique dans la région méditerranéenne, une augmentation de la pauvreté, une intensification des feux de forêt, une perte irremplaçable de la biodiversité et une accélération de la désertification d'ici moins de 10 ans, selon le pire des scénarios. "

La culture du chêne-liège serait une des plus durables qui soit, selon le WWF. Aucun arbre n'est coupé pour produire des bouchons. Aux 10 ans, seule l'écorce est prélevée sur le chêne vivant, ce qui lui permet de vivre plusieurs centaines d'années.

En outre, très peu d'énergie est nécessaire pour fabriquer ce bouchon qui, contrairement au plastique, se décompose avec le temps. Et pour ceux qui craindraient la pénurie de liège, l'organisme soutient, comme le Portugal d'ailleurs, qu'il ne s'agit pas d'une menace réelle.

Fléau vert
En revanche, les bouchons synthétiques s'accumulent dans les lieux d'enfouissement. Pis encore, leur popularité représente une véritable épée de Damoclès pour nombre de forêts du pourtour méditerranéen, soutient le WWF.

Les trois quarts des forêts de liège pourraient ainsi être abandonnées d'ici 10 ans à peine, selon l'organisme, qui évalue à deux millions d'hectares, soit " environ la moitié de la superficie de la Suisse ", le territoire visé. Pessimiste, le WWF estime que le synthétique pourrait accaparer 95 % du marché d'ici 2015.

Cela signifierait la perte de plusieurs dizaines de milliers d'emplois dans les pays producteurs de liège (Portugal, Maroc, Espagne, Algérie, Italie, Tunisie et France) et la disparition d'au moins trois espèces animales déjà menacées, dont le lynx ibérien. Le Portugal serait particulièrement affecté par le déclin du liège, car il s'agit du principal pays producteur avec 60 % de parts de marché.

Le plus important fabricant de bouchons de liège au monde, le portugais Corticeira Amorim, est tout à fait d'accord avec la position du WWF. Antonio Rios, dirigeant de l'entreprise, soutenait il y a quelques jours dans un quotidien français que les bouchons synthétiques constituent un fléau environnemental.

Entre 20 % et 30 % de toutes les bouteilles de vin seraient actuellement équipés d'un bouchon synthétique. Au Québec et en Ontario, le taux ne dépasserait pas 5 %.

Les producteurs de vin du Nouveau-Monde (Californie, Nouvelle-Zélande, Australie, Argentine, Chili, Afrique du Sud) sont les plus friands de ces nouveaux bouchons. Ils souhaitent, grâce à cette technologie, enrayer le fléau des bouteilles " bouchonnées ", c'est-à-dire le vin corrompu par la molécule TCA (trichloroanisole).

Remplis sous: Espagne, Nouvelles Mots clés:
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