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Un second chez-moi : le 7e étage de l’hôpital de St-Jérôme
Laval, le 1er janvier 2006 - À l’exception de la dernière semaine de l’année, j’vous dis que les trois derniers mois de 2005 n’ont pas été trop jojo pour moi. En fait, ils ont été particulièrement éprouvants. Trois fois plutôt qu'une, mes parents ont dû me conduire à l’hôpital, morts d’inquiétude quant à mon état de santé. Qui plus est, à chacune des occasions les médecins de l’hôpital de St-Jérôme m’ont gentiment convié à de petites vacances entre leurs murs! Chanceux, médecins, infirmières et infirmiers sont tous chouettes avec moi. En plus d’être des plus affables, ils réussissent toujours à me retaper une santé en deux temps trois mouvements.
Quand on voit toutes les horreurs infligées aux enfants de par le vaste monde, c’est quasiment gênant de vous parler de mes petits problèmes de santé. Ma situation n’est en rien comparable à celle des petits Afghans qui risquent à tout moment de mettre les pieds sur une mine antipersonnel où à celle des enfants africains qui meurent de faim quand ce n’est pas du sida. Mais, pour un bébé même pas encore âgé d’un an, manquer de souffle, porter un masque à oxygène pendant de longues heures, avoir une seringue plantée dans le bras durant trois jours, une seringue reliée à un soluté qui restreint la liberté de mouvement à même pas un mètre, subir les pompes médicamenteuses ad nauseam et surtout ressentir l’angoisse qui s’empare de ma maman et de mon papa jour et nuit, ce n’est pas rien pour le petit bonhomme que je suis.
Mais, lorsqu’on a réussi à me remettre sur pied, qu'enfin je respire facilement et que je me retrouve au centre de mon univers chez moi entouré de mes jouets, avec ma famille qui me cajole, la vie est tellement belle. Merci mon Dieu de m’avoir permis de naître ici.
Mes petits problèmes de santé sont apparus à la mi-septembre. Pour la première fois de ma vie je souffrais d’un petit rhume. La congestion m’empêchait de respirer librement, me laissait éveiller de longues heures, ne me permettait pas de m’alimenter convenablement, à tel point que les belles couleurs laissées sur ma frimousse par le soleil de l’été s’estompaient à la vitesse grand V, que la peau de mon ventre collait à ma cage thoracique à chaque respiration, que deux gros cernes noirs maquillaient mes yeux. Pour mes parents aucune hésitation : direction l’hôpital. Là, ils ont rapidement constaté que mon système manquait d’oxygène. On m’a placé sous une tente à oxygène, on m’a injecté quelques médicaments, puis le tout est rapidement rentré dans l’ordre. Les médecins m’ont tout de même gardé quelques jours en observation, et… ils ont risqué un hypothétique diagnostic : asthme.
Moins d’un mois plus tard, le jour de mon baptême, autre petit rhume; même problème. Re visite à l’hosto. Là, le diagnostic n’était plus hypothétique. Je souffre, selon le pédiatre, d’asthme sévère. Aie-je des allergies? Impossible à savoir pour le moment, je suis trop jeune pour subir les tests. Me voilà donc pris, pour quelques années du moins, avec des pompes de « ventolin » et de « flovent » à appliquer sur une base quotidienne. Mais, on reste optimiste, l’asthme, s’il est contrôlé, est une maladie qui ne devrait restreindre aucune de mes activités, pas même sportives. Je suis bien content d’entendre cela, mais lors de mes deux derniers séjours à St-Jérôme, mettons que je n’aurais pas couru le marathon.
Après ma sortie de l’hôpital en octobre, mes parents ont pris des mesures drastiques pour me protéger : pour moi, finis les garderies de type « Wall Mart ». Un milieu familial avec beaucoup moins de camarades s’impose. Finis également les tapis dans la maison et surtout adieu à notre vieille chatte Suey. Ma mère en a été toute chamboulée pendant plusieurs jours. Encore trop petit pour ressentir quelque sentiment de culpabilité que ce soit, j’ai seulement trouvé triste de ne plus revoir la copine de mes premiers mois de vie.
Avec tous ces changements, avec mes traitements de « ventolin » et de « flovent » quotidiens, les jours de novembre et de la première moitié de décembre ont passé comme lettre à la poste, sans anicroche. Tellement bien en fait, que la famille a décidé de maintenir notre voyage en Floride prévu pour la période des fêtes.
Alors que ma mère et moi nous préparions pour mon baptême de l’air, pouf, voilà que la congestion réapparaît, que mon nez se remet à couler, que ma respiration devient difficile. On est vendredi, notre vol pour Fort Lauderdale en Floride est prévu pour mardi. Vite, on se pointe à l’urgence de l’hôpital. Avec célérité, le médecin de garde diagnostique une pneumonie. Encore hospitalisé, ne manquait plus que cela!
Mais comme pour les deux précédentes hospitalisations, un peu d’oxygène, des antibiotiques intraveineux, des pompes de « ventolin » et de « flovent » aux quatre heures et je me sens comme un neuf. Je suis prêt à retourner chez moi et à retrouver mes bébelles. Le personnel médical ne l’entend cependant pas ainsi. Au lieu de me signifier mon congé, je m’installe à l’hôpital, pour le week-end. Le lundi matin, on consent à ce que je retourne à la maison. Mais, parce qu’il y a toujours un mais, pas de voyage en avion pour moi, du moins pas avant jeudi!
Puis, comme toujours depuis un an, la chance me sourit. Mon papa et mes grands-parents, eux, mettent les voiles pour le soleil floridien justement ce jeudi. C’est donc avec eux que je vais m’envoler.
En attendant le jour du départ et étant donné que ma mère file pour le Sud ce mardi et que mon père a du boulot jusqu’au mercredi, mon grand-papa Jacques se transforme en gardienne d’enfants. Confiné à un lit d’hôpital depuis trois jours, vous imaginez bien que j’ai profité de ma liberté retrouvée. Ces trois journées ont été une véritable fiesta ininterrompue. Nous avons eu full plaisir, j’ai reviré la maison sens dessus dessous. Rien n’a échappé à ma grande curiosité, j’ai tout tâté, tout déplacé. Patient comme un pape, mon grand-père a tout replacé… je pense même qu’il y prenait plaisir.
P.-S. Dans mon prochain texte, je vous dresse un portrait de nos vacances au soleil. Du repos, de la chaleur, tout plein de premières. Bref, le grand bonheur… surtout que mon asthme n’avait pas de passeport pour sortir du Québec!
Propos recueillis et traduits par Jacques Lanciault
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