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Le véhicule automobile était-il plus nerveux que son propriétaire ?

Texte de Jacques Lanciault

Laval, le 19 janvier 2003 - La vie nous réserve parfois de bien grandes émotions, si fortes, qu’elles peuvent perturber un homme à un point tel qu’il ne réussisse pas à faire démarrer son véhicule automobile, pourtant neuf de l’année… par un beau matin de juillet.


Lundi, 2 juillet 1979, il est cinq heures du matin. Céline, ma compagne, qui entame le dernier mois de sa première grossesse, me réveille tout doucement me chuchotant à l’oreille : « ça y est, j’ai des contractions. » Sceptique, j’ouvre un œil, puis l’autre, je l’embrasse tendrement marmonnant un : « rendors-toi mon amour, ce n’est sûrement pas le bébé qui arrive un mois avant la date prévue. »

Mon calme semble la rassurer. Mais seulement pour quelques secondes, puisqu’une autre contraction, pratiquement cinq minutes pile après la précédente, lui arrache une grimace de douleur. Vite sur nos pied, nous téléphonons sur-le-champ à l’hôpital St-Luc, l’endroit prévu pour la naissance. L’infirmière de garde se fait rassurante, mais nous enjoint tout de même de nous présenter à l’hôpital le plus rapidement possible.

Fort bien, je saute sous la douche, enfile pantalon et chandail pendant que Céline prépare une petite valise avec vêtements et accessoires essentiels. Sous les jets de l’eau réparatrice, je me convaincs de me montrer, moi l’homme, sous un jour calme afin de la rassurer, elle qui doit être si anxieuse !

Lorsqu’elle est parée pour le départ, je prends son bagage et l’accompagne à notre voiture : une rutilante Ford Mustang de l’année. J’insère la clé dans le contact, je tourne. Rien ne se passe ! Nouvelle tentative ! Après un moment d’hésitation, qui me semble duré une éternité, le moteur vrombit enfin, mais tout au ralenti, puis il toussote et cale définitivement. Au même moment, nouveau cri de douleur de celle qui sera bientôt la mère de mon enfant.

Je descends de la voiture et me précipite dans la maison. Que faire ? Demander l’aide du 911 ? De ma belle-sœur qui demeure tout près ? Non, un taxi. Je saisis le téléphone et en demande un. Il arrive dans les cinq minutes. Il est maintenant un peu passé six heures, nous sommes à Terrebonne et celui qui deviendra mon fils sous peu demande à naître dès maintenant.

Chanceux dans notre malchance, le congé de la fête du Canada du 1er juillet a été reporté à aujourd’hui, la circulation est donc fluide. Nous arrivons à l’hôpital St-Luc peu après sept heures. Ma tendre moitié est amenée directement en salle de travail.

Moins de deux heures plus tard, précisément à 9h04, nous étions elle, notre fils et moi réunis en salle de récupération. Oui, j’avais à récupérer ! C’est là que je me suis dit que vraiment « tous les chemins mènent à Rome. »

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