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Le livre de Bernard Dagenais : un outil essentiel pour les communicateurs

La conférence de presse ou l’art de faire parler les autres

Texte de Jacques Lanciault rédigé dans le cadre d’un cours de journalisme à l’Univesité de Montréal. Le travail consistait à rédiger un texte critique sur un ouvrage de communication.

Laval, le 26 mars 2002 - C’est comme un véritable metteur en scène que l’on perçoit le communicateur responsable de mettre en oeuvre une conférence de presse, lorsqu’on a terminé la lecture du volume de Bernard Dagenais intitulé « La conférence de presse ou l’art de faire parler les autres ». Le leitmotiv de l’auteur, tout au long de son ouvrage, peut se résumer en y allant de l’analogie suivante : le relationniste est à la conférence de presse ce que le metteur en scène est à la pièce de théâtre.

Planification méticuleuse, mise en scène irréprochable, jeux des acteurs maintes fois répétés, création d’une ambiance qui incite le journaliste à être sympathique à l’entreprise, rédaction de communiqués de presse orientés dans le sens souhaité par l’émetteur et immédiatement réutilisables par le reporter et même parfois distribution de souvenirs : Bernard Dagenais recommande vraiment aux entreprises de mettre le paquet pour séduire la presse.

Manipulation ?
Cependant, tout au long de la lecture du livre, un mot revenait sans cesse dans mes pensées : « manipulation ». Tout dans la démarche proposée aux communicateurs par Dagenais pouvait s’assimiler à un désir de manipulation de l’entreprise sur la presse. C’est ainsi que je ne fus qu’à demi surpris de voir apparaître le titre du dernier chapitre du volume, chapitre intitulé « Conclusion : manipulation ou servitude ». (page 229)

En réponse à cette « manipulation », l’auteur réplique en citant Mermet (1987) et de Virieu (1990) à la page 231 de son livre : « … les médias exercent sur la société une véritable dictature. Ils font et défont des présidents; ils créent des héros et les brûlent; ils gonflent artificiellement le succès des entreprises et précipitent les crises économiques. » (Avec les récentes affaires du commandant Piché et d’Enron, on ne peut pas dire que le livre de Dagenais, écrit en 1996, ne soit pas d’actualité). Il assimile donc la puissance des médias à : « une forme encore plus grande de manipulation. »

Selon lui, la « manipulation » exercée par l’entreprise, entre autres lors de conférences de presse, est en quelque sorte la réponse que l’entreprise apporte à la toute-puissance des médias, « une sorte de mécanisme d’autodéfense des organisations face aux médias ». (page 232)

À mon avis, les journalistes ne sont pas dupes de ce travail de séduction réalisé par les entreprises à leur égard. Ils le savent et ils sont capables de faire la part des choses, de séparer le bon grain de l’ivraie.

Par ailleurs, l’excellence du travail de préparation réalisé par les relationnistes est tout à l’avantage des représentants des médias. Déjà, une grande partie de la tâche de défrichage de l’information est faite. Dès lors, les journalistes auront à positionner l’information reçue sur l’échiquier de l’intérêt public et à évaluer l’opportunité de pousser ou non, plus à fond l’analyse et la recherche. D’autant plus que les relationnistes sont là en attente, tous près à leur ouvrir toutes grandes les portes leur permettant le contact direct avec la haute direction de l’entreprise.

Un guide essentiel pour le relationniste
Bernard Dagenais est professeur de relations publiques au département d’information et de communication de l’Université Laval et cela se perçoit dans son ouvrage. La démarche suivie est méthodique : remarques préliminaires, avantages de la technique, dispositions à prendre avant l’événement, le jour de l’événement, durant l’événement et après l’événement. Le tout, comme on l’a vu ci-dessus, conclut par une critique de l’approche des relationnistes par rapport à l’attitude des médias.

Tout au long de son ouvrage, Dagenais propose plusieurs définitions de la conférence de presse. L’une d’elles mérite d’être mentionnée, puisqu’il souligne la valeur de la conférence de presse en terme d’exercice de la démocratie. Dès l’introduction de son ouvrage, on peut lire : « La conférence de presse est sans nul doute l’une des manifestations les plus tangibles de la démocratie. Pouvoir interroger, contester ou demander des explications à ceux qui prennent la parole publiquement est une façon transparente d’aborder les problèmes de l’heure. » (page 8 )

La nomenclature et la description détaillée des étapes et des sous-étapes à réaliser pour faire de l’événement « conférence de presse » un succès sont rédigées dans un langage facile à comprendre et surtout facile à suivre. Bernard Dagenais pousse même le souci du détail et de la précision jusqu’à fournir, sur trois pages, une liste de vérification des tâches à accomplir (pages 68 à 70). Ne serait-ce que pour ces trois pages, son livre doit se retrouver dans le coffre à outils de tous les relationnistes en charge de l’organisation d’une conférence de presse.

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