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Abraham Toro : les succès d’un gars «à son affaire»

Revue de presse

Jean-François Téotonio, La Presse +, le 24 juin 2021

Abraham Toro-Hernandez, Astros de Houston

« Toro, Toro, Toro… Toro ! ». Le commentateur maison des Astros décrivait ainsi le quatrième coup sûr d’Abraham Toro, dimanche soir face aux White Sox de Chicago.

C’est que le joueur de troisième but, né à Longueuil et repêché par les Astros en 2016, connaît d’excellents moments à Houston depuis son rappel du AAA, le 16 juin dernier.

Une blessure au joueur étoile Alex Bregman lui a ouvert une fois de plus la porte des majeures. Et il ne veut pas qu’elle se referme.

« Je fais tout ce que je peux pour aider l’équipe et démontrer que je suis ici pour rester », lance le Québécois de 24 ans, joint à Baltimore, où les Astros disputaient une série de trois matchs cette semaine.

« Quand tu te fais descendre, c’est un sentiment un peu poche, concède-t-il, souriant. Je ne veux pas que ça arrive, je veux rester ici. »

Toro a eu une première occasion au début de la saison 2021 avec le grand club, puis a été rétrogradé aux Skeeters de Sugar Land à la fin d’avril. Il n’avait frappé qu’un seul coup sûr en 12 présences au bâton.

Depuis une semaine à Houston, c’est l’abondance. Dix coups sûrs, dont deux circuits, neuf points produits et une moyenne de ,417 en 24 présences. Son équipe vogue sur une séquence de dix victoires de suite, et il a été partie prenante des six dernières.

Qu’est-ce qui a changé entre avril et juin ?

« Juste le fait de jouer tous les jours dans le AAA, ça m’a donné le timing. Tout a cliqué. » – Abraham Toro

« C’était un peu décevant [d’être rétrogradé], mais je comprenais la décision. Ils ne voulaient pas que je sois dans l’équipe pour juste être sur le banc. Je suis encore jeune, ils voulaient me descendre pour que je puisse être régulier et avoir mes tours au bâton. »

Il faut dire que Toro avait aussi goûté à la MLB en 2019 et 2020. On se rappellera entre autres son circuit de deux points en 9e manche face aux Blue Jays de Toronto, en 2019, qui avait permis à Justin Verlander de compléter un match sans point ni coup sûr.

Il était aussi dans l’entourage de l’équipe pour les longs parcours en séries des Astros les deux dernières années, dont la conquête ratée de la Série mondiale en 2019.

« Quand tu retournes dans les mineures, dans ta tête, il y a un processus qui se fait », explique Marc Griffin, analyste à RDS.

Griffin sait de quoi il parle, puisqu’il a lui-même cogné à la porte des majeures alors qu’il était un espoir pour les Dodgers de Los Angeles et les Expos de Montréal au début des années 1990.

« T’as deux options. T’as les gars qui se découragent, qui se disent “ben voyons, il me semble que j’ai tout fait”. Et t’as les gars qui se demandent ce que ça prend pour remonter et pour y rester. De toute évidence, [Toro] a opté pour l’option B. »

– Marc Griffin, ancien joueur dans les majeures et analyste à RDS

Et Toro lui donne raison.

« J’essaie de mieux connaître le lanceur, avoue-t-il lorsqu’interrogé à savoir s’il avait travaillé sur un aspect de son jeu dans le AAA. Avant, quand j’étais plus jeune, c’était “je vois la balle, je frappe la balle”. Maintenant, c’est de savoir ce que le lanceur a. Je ne vais pas nécessairement changer mon plan à cause du lanceur, mais juste d’avoir une idée de ce qu’il va pouvoir me lancer, de l’étudier. »

Le « Bull », son surnom depuis le collège américain, est aussi fier du perfectionnement de son jeu défensif, le résultat d’une légère perte de poids, selon lui. Il a même partagé sur Instagram le fait saillant d’un rapide relais 5-3 effectué lundi dernier à Baltimore.

« TOUT PASSE » PAR L’ÉTHIQUE DE TRAVAIL
Il y en a un qui a remarqué très tôt ce qui faisait sortir Toro du lot.

« J’ai tout le temps vu quelque chose de spécial en lui », explique Stéphane Lepage, responsable du baseball au programme de sports-études de l’école secondaire Édouard-Montpetit, à Montréal. Il a entraîné Toro lorsque celui-ci était en secondaire 4.

« Dans l’année qu’il était avec moi [en 2012-2013], je l’ai vu faire des jeux que je n’ai pas vu d’autres élèves faire en 31 ans. Ce sont des jeux qui ne s’apprennent pas vraiment. Ça vient par instinct.

« Ce que je retiens le plus de lui, c’était sa bonne humeur à l’entraînement. À toutes les pratiques, c’était tout le temps le sourire, on se donne à 100 %. Jamais de demi-mesures. Tout le temps la pédale au fond. »

Selon Marc Griffin, l’éthique de travail que tu gagnes jeune, « tu transportes ça dans ta vie de tous les jours ».

« Abraham est un gars réservé, très calme, énumère l’analyste, qui dit bien connaître sa personnalité. Il est à son affaire. Ce que je trouve le fun dans toute cette aventure, c’est qu’il reste lui-même. Il ne change pas. Il parle par la bouche de ses canons, par ses performances, par ce qu’il fait sur le terrain. »

Dans tous les cas, Abraham Toro a l’impression d’avoir maintenant sa place en MLB.

« Je sens que je suis rendu là. Tout est dans la constance. Tu vas avoir des hauts et des bas, mais il faut en général que tu démontres à ton manager que tu peux jouer tous les jours. » – Abraham Toro

Tenez, parlant du gérant. Toro était « adoré » par A. J. Hinch, selon Marc Griffin. Quelle est maintenant sa relation avec son successeur Dusty Baker, en poste depuis 2020, et comment la transition s’est-elle passée ?

« Ç’a été facile, déclare Toro. Dusty est quelqu’un qui parle beaucoup à ses joueurs. Il m’a parlé de son temps, lorsqu’il a joué contre les Expos. Il est très proche de ses joueurs. »

Mais pour Griffin, un changement d’air pourrait faire du bien à Abraham Toro.

« Depuis l’arrivée de Dusty Baker, ç’a été un petit peu plus difficile. Je ne dis pas qu’il n’a pas une bonne relation, je dis juste que la relation est à recommencer. Abraham ne va jamais le dire. Jamais il ne va demander ça et il ne l’a jamais demandé non plus. Mais pour moi, il a trop de talent pour qu’il puisse rester coincé soit dans le AAA, soit comme réserviste dans les ligues majeures. »

Pour l’instant, Toro se réjouit de pouvoir jouer « pas mal à tous les jours ».

« Je ne connais pas encore les plans de l’équipe, mais si je continue à bien performer, c’est pas mal ça qui va arriver. »

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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