28
Nov/20
0

Steve Green : «J’aurais fait mon bout de chemin»

Revue de presse

Michel Tassé, La Voix de l'Est, le 28 novembre 2020

Steve Green, Castors d'Acton Vale

Steve Green a réussi ce que peu de Québécois sont parvenus à faire : lancer dans les ligues majeures de baseball. Mais l’athlète originaire de Longueuil, avant de faire sa marque dans la région en endossant les couleurs des Castors d’Acton Vale, a aussi participé à la Classique mondiale de baseball ainsi qu’aux Jeux olympiques. Et à 42 ans, il est sérieusement tenté par un retour entre les lignes blanches.
Steve, tu as été le premier choix du Brock de Drummondville à l’occasion du repêchage d’expansion de la Ligue de baseball majeur du Québec. Clairement, t’as envie de revenir.

Oui, ça me tente beaucoup. Le fameux « tout nouveau, tout beau », c’est vrai que ça existe. Je suis excité, j’ai le goût de revenir sur le terrain. Mais comme j’ai dit, je suis prêt à 100 % à effectuer un retour dans ma tête, mais je ne sais pas si le corps va suivre. J’ai 42 ans, ça fait deux ans que je n’ai pas joué, j’ai eu toutes ces opérations au fil des ans, dont une à la hanche en 2019, je suis magané. Mais je vais en avoir le cœur net rapidement. Après les Fêtes, je vais aller dans mon garage et je vais lancer des balles. Je vais savoir assez vite si je suis capable ou non.

Photo ci-dessus : Steve Green alors qu'il portait les couleurs des Castors d'Acton Vale. (Archives La Voix de L'Est)

Soyons optimistes et imaginons-nous au Stade Léo-Asselin, par une chaude soirée de juillet, alors que tu affrontes les Castors. As-tu visualisé ce moment ?

Oui, absolument. Les Castors, ça a été quelque chose de très important dans ma vie et mon retour à Acton Vale, si j’effectue bel et bien un retour, ça risque d’être spécial. Mais quand on y pense, il n’y aura pas de différence avant ou pendant le match, il y en aura une après alors que je vais prendre ma p’tite bière de l’autre côté du stade. Parce que la préparation d’avant-match ainsi que le match en tant que tel, ce sera pas mal pareil. Ma job, ce sera encore de retirer des frappeurs. Mais là, ça va être ceux des Castors.

Tu n’as pas quitté les Castors de la façon dont tu l’aurais voulue. Dans le fond de toi, entretiens-tu de la rancune ?

Je n’ai aucune rancune envers l’organisation et ça, je veux que ce soit clair. Jean-François Dorais, le directeur général, c’est mon ami. Est-ce que j’ai une crotte sur le cœur face à Martin Bérubé, qui a décidé qu’il n’y avait plus de place pour moi ? Ça oui, je ne peux pas dire le contraire. Il a agi en bébé lala. Mais je suis capable de parler à Martin sans me choquer. Tant qu’on parle pas de baseball…

Steve, on entend parfois dire entre les branches que tu as mauvais caractère, que tu n’es pas le plus facile à vivre. C’est vrai ?

Je n’ai pas mauvais caractère, j’ai du caractère, c’est pas pareil. Je dis ce que je pense, j’ai toujours été comme ça. Et sur la butte, si je dois atteindre un frappeur pour me faire respecter, je vais le faire. Aussi, quand je suis arrivé dans la Ligue de baseball majeur du Québec, c’était un peu tout croche et je n’ai pas eu peur de le dire. Aujourd’hui, c’est devenu une très, très belle ligue, Daniel Bélisle fait tout un job à la présidence, et je n’ai pas peur de le dire haut et fort.

Tu as joué une dizaine d’années dans les rangs professionnels et tu as même lancé un match dans les ligues majeures. C’était le 7 avril 2001, à Oakland, alors que tu portais les couleurs des Angels d’Anaheim (qu’on appelle aujourd’hui de Los Angeles). Qu’est-ce que tu retiens de cette journée-là ?

C’est un bon souvenir, c’est sûr. Mais est-ce que c’est un plus beau souvenir que le match que j’ai sauvegardé pour le Canada face aux États-Unis lors de la Classique mondiale de baseball en 2006 à Phoenix ou encore ma participation aux Jeux olympiques de Pékin en 2008 ? Je ne sais pas. Mais c’est toujours de ce match avec les Angels dont on me parle en premier. C’est les ligues majeures, c’est normal. Mes parents étaient sur place à Oakland et mon ami Patrick aussi, ce qui rendait ça spécial. Mais pour le reste, j’avais dormi comme un bébé la veille et, une fois sur le monticule, c’était quasiment un départ comme les autres en ce sens que mon travail était le même qu’à l’habitude, soit retirer les frappeurs. Une des choses que je me souviens, c’est que j’affrontais Tim Hudson, qui avait gagné 20 matchs la saison précédente.

Lors de ce fameux match, tu n’as accordé que deux points en six manches de travail, tu as très bien fait. Pourquoi n’as-tu jamais relancé dans le show après ?

Après ce départ, je suis retourné dans le AAA, à Salt Lake City, puisque j’avais remplacé un gars qui était blessé et qui était de retour avec les Angels. Puis, il y a eu ce match face à l’équipe de Tacoma qui a changé le cours de ma carrière. Ça allait super bien, j’étais dominant à Salt Lake City, et j’ai entendu un « toc » en effectuant un lancer. Ça faisait mal, je savais que c’était grave et je me suis immédiatement dirigé vers l’abri. J’étais blessé au coude droit et, le temps de le dire, je subissais la fameuse opération « Tommy John », qui consiste à reconstruire le ligament interne du coude en le remplaçant par un tendon venant d’une autre partie du corps. C’est une opération délicate, qui nécessite une longue réhabilitation, et j’ai raté le reste de 2001 ainsi que toute la saison 2002. L’opération a été un succès, mais, à mon retour, j’avais perdu de la vélocité sur mes lancers et je n’ai jamais tout à fait été le même lanceur. C’est pour ça que je ne suis jamais retourné dans les ligues majeures.

Ta carrière dans les ligues majeures a duré un match. À quoi aurait ressemblé ta carrière sans cette blessure ?

Je ne dis pas que j’aurais lancé pendant 10 ans dans les ligues majeures, mais je suis persuadé que j’aurais fait un petit bout de chemin. Peut-être que j’aurais lancé l’équivalent de deux ou trois ans seulement en effectuant cinq ou six séjours en haut, mais j’aurais fait mon bout de chemin. J’en suis vraiment convaincu.

Tu as quand même lancé plusieurs années dans le AAA après l’opération. Ça a été de belles années malgré tout ?

Ça a été de belles années, oui. Je savais que je ne retournerais plus dans les ligues majeures et je lançais avec beaucoup moins de pression qu’avant. Je n’avais lancé que six manches avec les Angels, mais personne ne pouvait m’enlever ces six petites manches. J’ai été libéré par l’organisation des Phillies de Philadelphie en 2009 à la suite de ma première opération à la hanche.

Ton fils Lucas, 11 ans, joue au baseball. Il passe le plus gros de l’année avec sa mère, en Arizona, mais il passe l’été avec toi, au Québec. Et on me dit que c’est tout un joueur de baseball !

Il est bon, oui. Il lance, il joue comme receveur, ainsi qu’au premier et au troisième coussin. Il a du talent, mais je ne lui mets aucune pression, je veux qu’il s’amuse. Mais ce qui m’impressionne avec lui, c’est sa connaissance du baseball. Il connaît la game, il connaît tous les joueurs et toutes les statistiques. C’est un gros, gros partisan des Red Sox de Boston. Sincèrement, j’ai autant de plaisir à le regarder jouer et à le regarder progresser que j’en avais moi-même à jouer. C’est la passion qui se transmet…

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

Commentaires (0) Trackbacks (0)

Aucun commentaire pour l'instant

Laisser un commentaire


Aucun trackbacks pour l'instant