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Venise : les Gallerie dell’Accademia (3e partie)

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 30e d’une série de textes relatifs à nos découvertes en Italie avec notre petite-fille Chloé. Un magnifique périple réalisé au cours des vacances scolaires de l’été 2019… alors que Chloé venait de terminer ses études primaires!

Vittore Carpaccio, Sainte Ursule, Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Venise, Italie, lundi 8 juillet 2019 – À tout seigneur tout honneur… Pour amorcer notre première journée de visites à Venise, nous nous rendons à la place Saint-Marc, la Piazza San Marco en italien, le site touristique le plus visité de la Sérénissime!

L’endroit est tout aussi superbe que dans nos souvenirs. C’est une des visites que nous avions le plus hâte de partager avec notre petite-fille Chloé.

Arrivés tôt sur la plus célèbre place de la ville, nous avons pu monter sans encombre au sommet haut Campanile qui la domine… en fait nous étions presque seuls! La vue sur la cité des Doges du haut de la tour est imprenable!

Puis, grâce à nos billets coupe-file, l’accès à la basilique San Marco a été un jeu d’enfant. Finalement, tant avant qu’au terme de cette belle visite, nous avons arpenté la magnifique place Saint-Marc… nous attardant, entre autres, devant l’immense terrasse du Caffe Florian et devant le mythique pont des Soupirs!

Pour terminer notre journée de visites, nous y allons d’une longue exploration de la peinture vénitienne aux Gallerie dell'Accademia

Photo ci-dessus : Une salle des « Gallerie dell’Academia » est entièrement consacrée à une série de neuf œuvres, huit toiles et un retable, racontant la légende de Sainte Ursule. Des chefs-d’œuvre réalisés par Vittore Carpaccio entre 1490 et 1500. Ici, Sainte Ursule et son fiancé Ethéré sont agenouillés devant le pape Cyriaque à Rome.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

N.-B. : Pour regarder le diaporama des photos présentées sur cette page, cliquez sur n’importe laquelle des photos.

À 13 h 45, après notre très long dîner à L’Osteria San Barnaba, nous prenons la direction des Gallerie dell'Accademia

N. B. Soulignons qu’il faut utiliser le pluriel lorsque nous parlons des Gallerie dell'Accademia, car en italien le mot Gallerie est pluriel.

Les galeries de peintures de l’Académie des beaux-arts de Venise ont été créées en 1807… suite à un décret de Napoléon Bonaparte, lui qui avait conquis Venise 10 ans plus tôt. L’empereur les installe dans le complexe comprenant la Scuola Grande di Santa Maria della Carità, la Chiesa di Santa Maria della Carità et le Monastero de Canonici Lateranensi.

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : L’édifice servant d’entrée aux « Gallerie dell'Accademia ». (Photo provenant d’Internet)

Nous entrons. Il nous en coûte 15 € chacun, Céline et moi, tandis que c’est gratuit pour Chloé.

Nous déposons nos sacs dans des casiers au rez-de-chaussée et amorçons notre visite.

Les bâtiments du musée comprennent vingt-quatre salles réparties autour de deux cours, dont une grande cour intérieure conçue par Andrea Palladio (1508-1580). Toutes les œuvres ont été installées en respectant l’ordre chronologique de leur réalisation.

Les Gallerie dell'Accademia comportent la plus grande collection d’art vénitien présentée au même endroit et représente l’une des pinacothèques les plus importantes au monde.

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Une œuvre intitulée « Triptyque de la Justice », une peinture sur bois réalisée par Jacobello del Fiore (1370-1439).

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : « Vierge à l’Enfant », une œuvre datant du XIVe siècle réalisée par des artistes de l’école vénitienne byzantine.

Nous nous arrêtons devant un très beau polyptyque. Il s’intitule Polittico Lion… con l’Annunciazione et est une réalisation de l’artiste Lorenzo Veneziano (1336-1372). Son titre peut se traduire ainsi en français : « Polyptyque de Lion… pour l’Annonciation ».

Cette œuvre a été commandée par Domenico Lion, d’où son nom, pour orner le maître-autel de l’église Sant'Antonio di Castello, aujourd’hui démolie.

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photos ci-dessus : Le polyptyque « Polittico Lion con l'Annunciazione », une œuvre de Lorenzo Veneziano.

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Une superbe peinture sur bois intitulée « L'incontro di Anna e Gioacchino tra i santi Luigi di Francia e Orsola », c’est-à-dire « La rencontre de Sainte-Anne et Saint-Joachim avec Saint-Louis et Sainte-Ursule ». Une œuvre de Vittore Carpaccio (1465-1525), un artiste-peintre de l’école vénitienne.

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Une toile de 1480 titrée « Ritratto di un giovane », c’est-à-dire « Portrait d’un jeune homme », une œuvre du peintre flamand Hans Memling (1435-1494).

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Un titre hors du commun… « Crucifixion et apothéose des dix mille martyrs du mont Ararat ». Une toile de Vittore Carpaccio (1465-1525).

Cette toile illustre un épisode de l’histoire que nous ne connaissions pas.

L’encyclopédie libre Wikipédia mentionne à ce sujet que « les “Dix mille martyrs du mont Ararat” sont, d’après une légende médiévale, des soldats romains commandés par Saint Alsace, qui après s’être convertis au christianisme ont été crucifiés sur le mont Ararat en Arménie. »

Nous arrivons dans la Sala dell'albergo où le plafond, doré et polychrome, est superbement décoré avec des médaillons sculptés dans des caissons. Ce plafond a été restauré en 2012 et 2013.

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photos ci-dessus : Un plafond magnifiquement décoré où on retrouve au centre un « Christ pantocrator » sculpté par un maître vénitien, probablement Bottega dei Bianco. L’œuvre date du 1490.

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photos ci-dessus : Dans cette même salle « dell'albergo », nous pouvons admirer une magnifique toile du Titien représentant la « Présentation de Marie au Temple ».

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photos ci-dessus : Deux séries de deux toiles de Jheronimus Bosch (1450-1516) représentant sa vision de la vie dans l’au-delà! La première série montre le « Paradis terrestre » et « L’ascension des Bienheureux », tandis que la deuxième série montre des scènes de l’Enfer!

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photos ci-dessus : Des sculptures datant du XVe siècle de Cerchia di Pietro Lombardo (1435-1515) présentant une série « d'Angeli inginocchiati », c’est-à-dire « d’anges agenouillés »…

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Une toile titrée « Funerali di san Girolamo », soit « Les funérailles de Saint-Jérôme, une œuvre de Lazzaro Bastiani (1425/1430-1512).

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Une toile datant de 1470 et intitulée “Conversation sacrée”. Elle est d’Alvise Vivarini (1442-1503). On y voit Marie assise au centre sur un trône surélevé avec l’Enfant Jésus à ses genoux. Deux groupes de trois saints l’entourent. À gauche, nous voyons Saint Ludovic de Toulouse, en habit d’évêque, Saint Antoine de Padoue, vêtu de la bure franciscaine et Sainte-Anne. De l’autre côté nous pouvons reconnaître Saint-Joachim, Saint-François, affichant ses stigmates, et Saint Bernardino de Sienne portant un monogramme du Christ.

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Un magnifique retable d’autel intitulé “Polittico di Conversano”, soit en français : “Polyptyque de Conversano”. Il s’agit d’une réalisation du peintre de Murano Bartolomeo Vivirani (1430-1491). L’œuvre a été commandée pour la cathédrale de Conversano dans les Pouilles, d’où son nom. Le centre du polyptyque présente la scène centrale de la Nativité.

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Un superbe tableau intitulé “Annunciata”, “L’Annonciation”. Bien que l’affichette indique que l’œuvre réalisée est d’Antonello da Messina (1430-1479), ce n’est pas tout à fait exact. Il s’agit plutôt d’une copie de la peinture d’Antonello da Messina réalisée par Antonello da Saliba (1466-1535).

Le cycle de la légende de Sainte Ursule… la jeune Bretonne!
Nous entrons dans une salle consacrée entièrement à une série de tableaux de Vittore Carpaccio (1455/65–1526), tous traitant de la légende de Sainte Ursule. Une note nous indique que les toiles immenses ont été nettoyées en 2017.

Lors de nos recherches en vue de la rédaction du présent texte, nous avons retrouvé le détail complet de chacune des œuvres sur la page Internet suivante : http://mh.viviani.org/ste_ursl/index.html. Les explications mentionnées ci-dessous s’inspirent en grande partie des informations présentées sur ces pages.

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photos dessus : Une toile montrant “L’arrivée des ambassadeurs anglais s’amenant pour demander la main d’Ursule au roi chrétien de Bretagne, son père”. L’œuvre, en principe se passe à la cour de Bretagne, mais Carpaccio a situé sa toile à Venise!

Vittore Carpaccio, Sainte Ursule, Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : La toile intitulée “Le départ des ambassadeurs anglais”, se situe dans une salle du Palais royal — toujours dans une Bretagne rêvée parée des grâces vénitiennes. Le roi Maurus expose aux messagers anglais les conditions posées par sa fille, dont l’une est que l’union reçoive la bénédiction papale… à Rome; les ambassadeurs prennent congé.

Vittore Carpaccio, Sainte Ursule, Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : “Le retour des ambassadeurs anglais” en Angleterre où ils transmettent au roi le message d’Ursule. Ils rapportent les conditions posées par la jeune fille. Le prince Ethéré ébloui par ce qu’il apprend de la beauté et de la sagesse d’Ursule, accepte ces conditions.

Vittore Carpaccio, Sainte Ursule, Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : “Le départ des fiancés” est la plus grande toile du cycle. Sa complexité scénographique est la plus fascinante. Le tableau rassemble quatre épisodes de la vie de la sainte bretonne. À gauche, dans la partie sombre, l’Angleterre païenne, à droite le lumineux paysage chrétien est à l’image de Venise. À gauche, c’est le port anglais où l’on voit le prince faire ses adieux à ses parents. À l’arrière-plan, un grand vaisseau s’éloigne, sur sa voile, on peut lire à l’envers » MALO », c’est-à-dire malheur, sombre présage d’un voyage sans retour pour le prince et la princesse.

Vittore Carpaccio, Sainte Ursule, Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : La toile est intitulée « Le songe de Sainte Ursule ». On y voit Ursule endormie, elle rêve. Un ange lui apparaît une palme à la main. C’est une annonciation inversée, celle de sa mort. Il lui dit son martyre à venir. Après l’annonce tragique de l’ange, Ursule à son réveil, quitte Cologne et poursuit son pèlerinage vers l’Italie et la capitale de la chrétienté.

Vittore Carpaccio, Sainte Ursule, Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Sainte Ursule et son fiancé Ethéré sont agenouillés devant le pape Cyriaque à Rome.

Vittore Carpaccio, Sainte Ursule, Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : « L’arrivée de Sainte Ursule à Cologne » est le premier tableau exécuté par Carpaccio en 1490. En remontant le Rhin pour débarquer à Cologne, les pèlerins trouvent la ville assiégée par une armée de Huns. La proue noire du navire s’avance vers nous, couleur de deuil. Cette coque noire, porteuse d’une mort annoncée, nous mène au massacre et au martyre de la sainte Bretonne.

Vittore Carpaccio, Sainte Ursule, Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : « Le martyre et les funérailles de Sainte Ursule » présente, comme dans la toile du départ », deux épisodes distincts de part et d’autre de la colonne. À gauche, dans la partie sombre, le pape et ses compagnons sont massacrés par les Huns, selon la prophétie de l’ange. Au milieu, au premier plan, il y a comme un îlot de sérénité ; pourtant, c’est l’épisode crucial, la mort de la sainte. À droite du tableau, dans la zone lumineuse, Carpaccio nous montre le catafalque de la Sainte transporté au tombeau.

Vittore Carpaccio, Sainte Ursule, Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Pour clore le cycle de Sainte Ursule, Carpaccio a réalisé un retable, celui de L’apothéose de la sainte. Après sa vie de vertu et de martyre, Sainte Ursule est couronnée par les anges du ciel. Les vierges, ses compagnes et le pape, l’entourent pour l’éternité.

À suivre…
Poursuite de notre exploration des Gallerie dell'Accademia, notamment de l'exposition temporaire des oeuvres de Georg Baselitz.

Baselitz-Academy, Gallerie dell'Accademia, Venise, Italie

Photo ci-dessus : Portrait de Thordis Möller réalisé en 1970. Comme presque toute les oeuvres présentées dans l'exposition temporaire, le portrait est affiché à l’envers!

Pour lire nos autres textes portant sur notre périple en Italie avec Chloé, cliquez sur le lien suivant : Italie du nord

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Commentaires (0) Trackbacks (0)
  1. GIGAS MERCIS pour cette précieuse déambulation virtuelle à l’ACADEMIA et ses photographies d’œuvres (chefs !) référencées : je n’ai jamais pris la peine ou le temps de le faire quand je croyais tous les connaître ou retenir (plus jamais, l’âge avançant) parce que j’avais, jusqu’au 1er confinement, la chance, le bonheur, le privilège de me rendre à VENISE, plus régulièrement qu’ailleurs et davantage dans l’ITALIE du nord au sud, musée à ciel ouvert, que pour retrouver ma famille… sans vergogne ;o)
    MERCI !! très bonne continuation et belles fêtes de fin d’année

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