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Un Québécois à l’emploi des Mariners en République dominicaine

Revue de presse

Benoît Rioux, Le Journal de Montréal, le 15 juin 2019

Frédérick Rioux

BOCA CHICA – Travailler en République dominicaine pour une équipe du baseball majeur, c’est le rêve un peu fou que vit le Québécois Frédérick Rioux depuis le mois de janvier.

«Je travaille dans ce que j’ai toujours rêvé, indique celui qui porte le titre d’adjoint au recrutement international et à l’informatique pour l’organisation des Mariners de Seattle. C’est sûr que c’est beaucoup de boulot, mais pour moi, ce n’est pas du travail. Quand tu fais quelque chose que tu aimes vraiment, tu ne comptes pas les heures et tu donnes toujours un petit extra. Personnellement, je n’ai jamais considéré un emploi dans le baseball comme un travail.»

Cette vision, doublée d’une grande passion pour le baseball, est d’ailleurs ce qui a permis à Rioux de faire ses classes. Tout en faisant de 2014 à 2016 ses études en gestion du sport à l’Université Brock, à St. Catharines en Ontario, il a proposé ses services aux Blue Jays de Toronto pour être recruteur sur une base volontaire.

Photo ci-dessus : Un Québécois à l’emploi des Mariners en République dominicaine. (Photo : Benoît Rioux, Agence QMI)

«Quand j’ai commencé à faire du recrutement pour les Blue Jays, je payais toutes mes dépenses, reconnaît-il. Je le faisais pour avoir de l’expérience.»

Appuyé par le Québécois Alex Agostino, dépisteur chez les Phillies, Rioux a ensuite obtenu un poste de recruteur à temps partiel pour l’organisation de Philadelphie en 2017. Encore une fois, le jeune homme acceptait alors de se déplacer à ses frais pour évaluer les espoirs. Le tout dans le but de gravir les échelons.

Une rencontre cruciale
Visant un stage rémunéré dans les bureaux d’une équipe professionnelle pour être enfin payé afin d’œuvrer dans le domaine, le jeune Québécois s’est pointé trois fois plutôt qu’une aux assises d’hiver du baseball majeur pour solliciter des rencontres.

Après des voyages peu concluants à Nashville et Washington lors des deux années précédentes, Rioux allait établir un lien avec les Mariners en décembre 2017, à Orlando, par le biais de l’Américain James Roche. Occupant le poste de coordonnateur du développement des joueurs pour le club de Seattle, ce dernier avait porté brièvement les couleurs des Capitales de Québec, dans la Ligue Can-Am, en 2012. De son côté, Rioux avait lancé pour les Capitales junior dans la Ligue de baseball junior élite du Québec. Voilà un point commun qui permettait d’entamer une bonne conversation.

«Quand James m’a rappelé en janvier 2018 pour me dire que ça fonctionnait pour le stage, c’était le plus beau jour de ma vie, se souvient le Québécois. Ça faisait deux ou trois ans que j’attendais un tel appel. Trois semaines après, j’étais rendu aux États-Unis.»

Rioux a ainsi complété un stage rémunéré avec les Mariners, à leur site d’entraînement situé à Peoria, en Arizona, en 2018. Aujourd’hui âgé de 28 ans, Rioux a accepté de s’exiler dans les Caraïbes, à la demande de l’équipe, en début d’année pour un poste à temps plein.

«Je savais que si je pouvais avoir un stage, j’allais tout donner afin d’obtenir, par la suite, un emploi à temps plein, dit-il. Je me sentais comme un joueur dans le AA ou dans le AAA qui devait tout faire ce qu’on lui disait pour graduer dans le baseball majeur. Maintenant, être ici en République dominicaine, ça permet de connaître une nouvelle culture et apprendre le côté international des opérations baseball, c’est quelque chose de très intéressant et de valorisant.»

Avec les Expos un jour?
Au pays des Dominicains, Rioux ajoute de nouvelles cordes à son arc. Il parle désormais en espagnol et maîtrise mieux que jamais les technologies permettant d’évaluer les jeunes espoirs.

«Je m’occupe beaucoup de la technologie qui sert à évaluer les joueurs, explique-t-il. De nos jours, on ne se fie plus seulement aux rapports des recruteurs, on a une autre division reliée à la technologie qui va jusqu’à placer des capteurs sur les bâtons. On a aussi, par exemple, une veste portée par les frappeurs afin de décortiquer les mouvements et l’élan. C’est davantage un outil de développement, mais on va aussi l’utiliser avant de soumettre une offre à un joueur qui vaut beaucoup d’argent.»

Des technologies poussées, comme Rapsodo, servent aussi à l’évaluation des lanceurs, dont on mesure la vélocité des tirs et la trajectoire de la balle, entre autres. Rioux développe ainsi tranquillement une expertise qui, un jour, pourrait aider la version 2.0 des Expos. Pourquoi pas?

«Je suis bien avec les Mariners, l’environnement de travail est agréable, j’aime les gens avec qui je suis ici, mais les Expos demeurent les Expos, admet le Québécois. Ça reste l’équipe que je regardais à la télévision quand j’étais plus jeune. C’est sûr que j’aimerais travailler pour les Expos, un jour, définitivement. De représenter le Québec, de représenter le Canada, ça me tient à cœur et j’adorerais ça.»

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DE TROIS-PISTOLES À BOCA CHICA

Benoît Rioux, Le Journal de Montréal, le 15 juin 2019

BOCA CHICA – Autrefois technologue en architecture, Frédérick Rioux travaillait depuis deux ans à Québec, à la Commission de la capitale nationale, quand il s’est mis à rêver de graviter dans les hautes sphères du baseball professionnel.

Originaire de Trois-Pistoles, au Bas-Saint-Laurent, Rioux n’hésite pas à identifier l’homme de baseball Derek Aucoin parmi ceux qui l’ont influencé à pourchasser cet objectif.

«Derek a été là au bon moment pour me donner la piqûre et me dire que c’était possible pour moi de faire carrière dans le baseball», indique Rioux, qui a connu Aucoin en s’impliquant dans ses camps pour les jeunes.

À l’été 2013, le Pistolois ouvrait sa propre académie dans sa région natale, ce qui venait alimenter son désir d’œuvrer dans le monde du baseball.

Après s’être donné les moyens de ses ambitions, voilà que Rioux se retrouve quelques années plus tard en République dominicaine à l’emploi des Mariners de Seattle.

«C’est sûr que tu te retrouves loin de ta famille, loin de ta blonde et que tu vas passer plusieurs heures à voyager, il y a beaucoup d’adaptation à faire», identifie-t-il parmi les principaux sacrifices à effectuer.

Parler espagnol
L’apprentissage de la langue espagnole fait partie des raisons ayant convaincu les Mariners de lui faire confiance pour rejoindre l’académie de l’équipe, à Boca Chica.

«Mon niveau d’espagnol était déjà assez bon quand j’étais stagiaire pour les Mariners en Arizona, mais il a fallu que je travaille encore pour arriver à ce point-là, admet Rioux. Je ne crois pas qu’ils auraient donné l’emploi à quelqu’un n’étant pas intéressé à apprendre ou à développer son espagnol.»
Il fallait aussi compter sur un jeune homme téméraire pour se retrouver dans un pays n’étant pas le plus sécuritaire. La récente tentative de meurtre de l’ancien joueur des Red Sox de Boston David Ortiz, dans un bar de Santo Domingo, est venue le rappeler.

«Le truc, c’est de rentrer avant le coucher du soleil», fait remarquer Rioux, mi-sérieux, mi-blagueur.

Découvrir la Colombie
En plus de la République dominicaine, le Québécois a aussi visité la Colombie, deux fois plutôt qu’une, au cours des derniers mois. Il a notamment participé à un événement privé des Mariners à Carthagène afin d’évaluer des joueurs vénézuéliens et colombiens. Rioux ne s’en cache pas: il se considère privilégié de pouvoir vivre de telles expériences, même s’il a dû bûcher pour y arriver.

«De ne pas avoir abandonné mon rêve, c’est ce dont je suis le plus fier, résume-t-il. Pour être honnête, j’étais sur le point de laisser tomber avant d’obtenir mon stage avec les Mariners. Si ça ne fonctionnait pas vers la fin de 2017, je paquetais mes bagages et je retournais à l’école. Je suis le type de gars croyant qu’il va peut-être y avoir 20 personnes qui vont te dire non, mais un jour, il y a une personne qui va te dire oui.»

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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