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La guerre mentale de Charles Leblanc

Après un excellent départ, le Québécois connaît des moments plus difficiles avec Frisco

Revue de presse

Mathieu Boulay, Le Journal de Montréal, le 30 mai 2019

Charles Leblanc

CORPUS CHRISTI, Texas | Charles Leblanc est comme tous les jeunes joueurs de baseball qui tentent de se frayer un chemin jusqu’aux ligues majeures. Le Québécois apprend à négocier avec les hauts et les bas d’une longue saison, sa première au niveau AA.

Lorsque le représentant du Journal de Montréal l’a rencontré avant son match contre Corpus Christi, le porte-couleurs des RoughRiders de Frisco avait connu une soirée horrible au bâton la veille : cinq présences au bâton, cinq retraits sur des prises. Un rendement difficile à encaisser pour n’importe quel athlète.

Cependant, Leblanc n’est pas le type de personne à s’apitoyer sur son sort. Il tente plutôt d’effacer une contre-performance en se concentrant sur la rencontre suivante.

Photo ci-dessus : Charles Leblanc est à la recherche de constance, mais il est loin de se décourager.

« Il faut essayer d’en rire et d’apprendre, souligne le joueur de deuxième but. Il y a tellement de hauts et de bas au cours d’une saison. Il faut essayer de ne pas être trop émotif parce que ce sera impossible de travailler sur ce qui cloche.

Tu ne dois pas regarder cela comme la fin du monde. Un match n’est pas le reflet de ma saison. »

Il a bien raison. Leblanc a connu un départ canon avec une moyenne de ,349 en avril. Toutefois, c’est plus difficile depuis deux semaines.

« J’ai perdu un peu mon rythme au bâton, explique-t-il. Le meilleur moyen est de revenir à la base. Il faut que tu fasses confiance à tes yeux et tes habiletés naturelles vont suivre. »

Entre les deux oreilles
Selon Leblanc, son élan est bon sur le plan technique. Toutefois, l’aspect psychologique n’est pas à point par les temps qui courent. Rien d’alarmant.

« Le mental va seulement trop vite. Je dois simplement prendre plus de temps entre les lancers et prendre une bonne respiration afin de ralentir le hamster dans ma tête », a expliqué le Québécois âgé de 22 ans.

Lors de mauvaises séquences, il est facile pour un espoir de broyer du noir.

« Le baseball est un sport d’erreurs et les meilleurs se font retirer sept ou huit fois sur dix, indique Leblanc avec justesse. Lorsque tu es un jeune joueur, c’est facile de penser que tu es pourri pendant une séquence de 0 en 20. Pour ma part, je sais que c’est surtout mental.

Tu es aussi bon que le mois d’avant. Quand ça va moins bien, tu te bâtis des barrières mentales comme affronter un lanceur qui a ton numéro. Pour t’en sortir, tu dois les briser. »

Pour sa part, il semble avoir réussi. Après l’entrevue, il a rebondi avec deux coups sûrs, mais le joueur natif de Laval sait qu’il lui reste du travail à faire.

« C’est la dure école, affirme Leblanc. Tu connais du succès pendant plusieurs semaines et du jour au lendemain, ça ne marche plus. Ça te fait penser un peu.

La meilleure solution est d’arriver au stade avec une bonne attitude et de savoir sur quel aspect de ta game tu dois travailler. Les entraîneurs vont te faire confiance, mais ça ne donne rien si tu n’as pas confiance en tes moyens. Tu ne seras plus capable de grandir. »

Un pas dans la bonne direction
Depuis ses débuts dans les ligues mineures, Leblanc n’a jamais obtenu une moyenne de ,300. Cette année, sa première au niveau AA, il pourrait atteindre cet objectif intéressant. Bien sûr, il devra afficher cette constance qui est propre à cette moyenne.

« La différence avec le niveau A, c’est que les lanceurs arrivent au monticule avec un plan en tête et qu’ils sont capables de s’ajuster selon tes apparitions au bâton.

Tu dois avoir la tête claire avant chaque présence à la plaque et éviter de deviner ce qu’ils vont te lancer. Sinon, tu entres dans une guerre mentale qui peut devenir un peu trop poussée. »

Leblanc n’a pas été invité au dernier camp des Rangers du Texas, mais il a pris part à quelques entraînements et matchs préparatoires. C’est un pas dans la bonne direction.

« Je sais que j’ai du potentiel. Comme tous les autres, je tente de faire ma place au sein de l’organisation, affirme-t-il. Je tente de contrôler ce que je peux tout en demeurant positif. »

Charles Leblanc a un bel avenir devant lui. Pour atteindre son objectif, il est bien conscient que son parcours sera rempli de petites guerres mentales. S’il en remporte la majorité, on pourrait assister à son ascension dans les majeures d’ici quelques saisons. C’est un nom à surveiller.

SUR LA ROUTE DES LIGUES MINEURES
Pour ceux qui ne connaissent pas Corpus Christi, c’est une ville côtière de 300 000 habitants dans le sud du Texas. Bien sûr, il y a quelques plages. L’attraction principale pour les touristes ? La visite du USS Lexington, un des porte-avions construits pendant la Seconde Guerre mondiale. Si vous allez 200 km plus au sud, vous vous retrouverez les pieds au Mexique. C’est situé à deux heures de San Antonio, et à trois de Houston.

Lorsqu’on fait le trajet entre Houston et Corpus Christi, on pourrait se croire à Montréal. On a constaté la présence de plusieurs chantiers routiers s’étendant sur plusieurs dizaines de kilomètres. Par contre, pas de problème de circulation. À Corpus Christi, les autorités sont en train d’ériger un nouveau pont au coût de 930 millions $ pour remplacer le vieux Harbor Bridge. Elles anticipent déjà que le projet ne sera pas complété dans les délais prescrits. Comme Montréal et son pont Samuel-de-Champlain...

Les équipes des ligues mineures ont plusieurs promotions pour susciter l’intérêt de la population. Par exemple, les Hooks de Corpus Christi ont deux autres noms d’équipe pour la saison 2019. Lors de notre passage, ils s’appelaient les Blue Ghosts pour les célébrations du Memorial Day aux États-Unis. Pour l’occasion, ils portaient un uniforme spécial pour les matchs disputés lors de cette fin de semaine. Puis, lors des matchs locaux qui sont présentés le dimanche, les Hooks deviennent les Raspas. Les Raspas sont une sorte de barbotine aromatisée pour les journées chaudes et humides. Les Hooks ont d’ailleurs des chandails à l’effigie des Raspas à leur boutique souvenir. Le logo est assez spécial.

Le stade des Hooks ne gagnera pas un prix d’architecture, mais il a un certain charme. Lorsqu’on est assis dans les gradins, ça sent le baseball, et les milliers d’amateurs sont vraiment derrière leur équipe. En plus, les prix des billets sont très raisonnables : entre 7 $ et 15 $ américains. Pour ce qui est du terrain, il est en surface synthétique.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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