Le « Jardin botanique » de Buenos Aires… la fleur des jardins de sculptures?

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 43e d’une série de reportages sur notre superbe odyssée à Buenos Aires en Argentine, un périple réalisé à la fin de l’hiver 2016!

Buenos Aires, Argentine, samedi 12 mars 2016 - Déjà notre 14e journée de visites à Buenos Aires. Nous poursuivons aujourd’hui la découverte du quartier où nous habitons, le barrio Palermo. Déjà, nos balades ici, dans le Parque 3 de febrero, dans la Roseraie El Rosedal, au Jardin japonais et nos arrêts dans les nombreuses plazas entourant notre chez-nous portègne, nous ont permis de constater que notre quartier est immense… et surtout très vert!

Ce matin nous nous rendons au Jardin botanique, le Jardín Botánico Carlos Thays, où, à notre grande surprise, nous admirerons plus de sculptures que de fleurs. Puis nous filerons en direction de Palermo Viejo, le « Vieux Palermo », un secteur qui se caractérise par des maisons basses qui datent des années 1930 et 1940, construites dans le style Art déco et où foisonne l’art de rue. 

Photo ci-dessus : « Hommage à la femme américaine »… Tel était le but du sculpteur argentin Lucio Correa Morales lorsqu’il a réalisé cette magnifique sculpture de marbre que l’on peut admirer dans le « Jardín Botánico Carlos Thays ». Elle est titrée Ondina del Plata, mais on la connaît aussi sous le nom de La Primavera

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Pour faire différent ce matin, nous prenons le petit-déjeuner au restaurant. Plus précisément au Scuzi, situé au coin de la rue où nous demeurons à Buenos Aires (Cabello et Scalabrini Ortiz).

Un petit-déjeuner un peu décevant (165 pesos argentins), nous aurions mieux mangé au Tiendas Naturales. Nous nous reprendrons.

Après le repas, nous remontons à l’appartement histoire de prendre avec nous notre attirail de visite : crayons, carnet de notes, appareil photo, crème solaire, parapluie, etc. Puis, nous partons, il est 9 h 20. Nous filons en direction du Jardin botanique situé à environ une vingtaine de minutes de marche de l’appartement.

Le nom complet du Jardin botanique est le Jardín Botánico Carlos Thays de Buenos Aires… Du nom de l’architecte paysagiste qui l’a conçu, le Français Jules Charles Thays (1849-1934).

À son arrivée en Argentine, en 1889, Jules Charles Thays est devenu tout bonnement Carlos Thays. On se souviendra que nous avons visité, depuis le début de notre périple argentin, une multitude de jardins et de parcs qu’il a aménagés.

Le Jardin botanique fut inauguré en septembre 1898. Durant les années d’aménagement des lieux, de 1892 à 1898, alors que Carlos Thays était directeur du service des « Parcs et promenades de la ville de Buenos Aires », lui et sa famille vécurent dans la demeure de style anglais située au centre du parc.

Nous sommes chanceux ce matin pour notre visite d’un jardin botanique, le ciel est entièrement bleu et il n’y a aucun nuage à l’horizon. Pour l’heure, le mercure indique 17 degrés Celsius, mais les météorologues d’ici prévoient qu’il grimpera à 22 en après-midi.

Nous entrons au « Jardin botanique » en passant les grilles sises sur l’avenida Santa Fe.

Photo ci-dessus : Une plaque posée au sol en 1937 souligne que le Jardin botanique de Buenos Aires, inaugurée en 1898, est à compter de ce jour rebaptisé « Jardín Botánico Carlos Thays de Buenos Aires ».

Selon une affiche, on trouve dans le jardin plus de 5 500 espèces végétales… ainsi que diverses sculptures.

Nous constaterons en effet qu’il y a beaucoup de sortes de plantes, mais très très peu de fleurs. Par ailleurs, les sculptures sont partout!

C’est gratuit!

Photo ci-dessus : Une affiche nous souhaite la bienvenue en trois langues, espagnole, anglaise et portugaise… Et l’affiche nous indique que l’accès au « Jardin botanique » est gratuit.

Nous amorçons notre visite par les jardins français Jardin francès, inspiré, dit-on, des jardins de Versailles dessinés par André Le Nôtre (1613-1700), le jardinier de Louis XIV.

Il y a un petit bassin avec une belle fontaine. Sur celle-ci prend place une sculpture d’un enfant offrant de l’eau en souriant à ceux qui passent.

Elle se nomme L’Aquaiolo ou encore El Aguatero. Il s’agit d’une sculpture-fontaine en bronze réalisée par l’artiste italien Vincenzo Gemito. Une première version, presque identique, a été offerte au roi de Naples Francesco II.

Initialement, elle avait été placée à la Plaza San Martín, mais en 1988 elle a été déménagée au Jardin botanique… pour sa protection peut-on lire sur Internet.

Photos ci-dessus : Une superbe fontaine intitulée « L’Aquaiolo », une œuvre du sculpteur napolitain Vincenzo Gemito (1852-1929).

Tout près, il y a un autre bassin, celui-ci héberge une fontaine en forme de cygne… où l’eau jaillit du bec de l’oiseau.

Photos ci-dessus : Un bassin où prend place une fontaine dans un cygne.

Les sentiers du jardin sont bordés de statues, pour le moment elles sont plutôt gréco-romaines, comme cette reproduction en marbre inspirée par la fameuse « Vénus » de la Villa Médicis de Rome.

Photo ci-dessus : Reproduction d’un nu féminin artistique dont le corps de la jeune femme est partiellement recouvert d’un voile fin. La femme évoque Vénus, la déesse de la Beauté. La Vénus de Médicis date d’environ 100 av. J.-C. Elle fut documentée pour la première fois en 1638 à la Villa Médicis de Rome.

Photo ci-dessus : Une autre « déesse de la beauté », vêtue celle-là!

Et nous croisons une autre fontaine, celle-ci nommée Fuente decorativa. On y voit deux femmes et deux enfants autour d’une colonne. Nous n’avons rien trouvé quant à sa provenance ou à l’identité de son auteur.

Photos ci-dessus : Une autre belle fontaine, celle-ci nommée « Fuente decorativa ».

Il y a de nombreux arbres, beaucoup de verdure, des bancs. C’est une véritable oasis en plein centre-ville.

Nous arrivons devant un curieux monument. Il se nomme Columna Meteorológica. C’est un monument offert à la municipalité par la communauté austro-hongroise de Buenos Aires à l’occasion du centenaire de l’Argentine. Il fut inauguré le 6 octobre 1911.

Le monument est formé d’une colonne de marbre blanc poli posé sur une plate-forme circulaire de granit. Dans la partie centrale inférieure, il y a huit niches contenant des instruments météorologiques (thermomètres, baromètres, etc.). L’œuvre est couronnée par une sphère en bronze, représentant la voûte céleste, avec un cercle zodiacal, tandis qu’à l’intérieur une autre sphère représente la terre, avec ses cinq continents.

Photos ci-dessus : Le monument « Columna Meteorológica » est une œuvre de l’ingénieur hongrois José Marcovich.

Nous passons devant un jardin de papillons, le Jardín de Mariposas, dont l’accès est barré.

C’est dommage, car le jardin des papillons a été spécialement conçu pour attirer les papillons en plein air. Contrairement aux autres endroits du genre qui sont fermés et dans lesquels les espèces restent à l’intérieur d’une serre ou d’un enclos, ici les papillons se nourrissent et se reproduisent à ciel ouvert, attirés par de nombreuses plantes nectarifères qui leur offrent nourriture et lieux propices à la reproduction.

Il y a quelques plants fleuris ici et là et aussi quelques serres!

Photo ci-dessus : Une serre au cœur de la végétation.

Nous arrivons dans un secteur abritant des cactus!

Photos ci-dessus : Certains beaux cactus se retrouvent sur une étagère.

Les allées et les pelouses ne sont particulièrement bien entretenues. Dommage, car l'aménagement est superbe.

Nous croisons une autre sculpture, elle est intitulée « La Flora ». C’est une reproduction d’une sculpture originale que l’on peut admirer au Musée du Louvre à Paris. Elle est de l’artiste français Renato Frémin (1672-1744).

Photo ci-dessus : « La Flora » prend place sur une base de maçonnerie. Il s’agit d’un nu féminin recouvert en partie par un voile fin. La dame repose sur un tronc fleuri et son front est ceint d’une couronne de fleurs.

Photos ci-dessus : L’aménagement du Jardin botanique est très beau. Il y a des troncs d’arbres décoratifs et de petits ruisseaux.

Nous marchons sur le Circuito de Arte… il est donc normal que nous croisions des œuvres d’art.

En voici d’ailleurs une autre, superbe encore. Elle est en marbre et fait partie d’une série intitulée Tiempo de la VI Sinfonía de Beethoven. La sculpture est une réalisation de l’artiste italienne Leone Tommasi (1903-1965)… qui s’est inspirée de la « Symphonie pastorale de Beethoven ».

Cette série est arrivée en Argentine sur plusieurs années à compter de 1951. Madame Tommasi accompagnait ses premières œuvres et elle a commencé à travailler sur d’autres projets dans la capitale de l’Argentine… devenant une des artistes favorites de Eva María Duarte de Perón.

Photos ci-dessus : La sculpture inspirée par le mouvement numéro V de la série « Tiempo de la VI Sinfonía de Beethoven » de l’artiste Leone Tommasi est un groupe sculptural où l’on retrouve deux figures, un nu masculin et un nu féminin, dans une attitude d’action de grâces à Dieu pour une pluie providentielle!

Puis, une autre œuvre de la série Tiempo de la VI Sinfonía de Beethoven. Il s’agit de la sculpture inspirée par le mouvement numéro II. Elle affiche une scène placée sur les rives d’un ruisseau. Il s’agit d’une bergère agenouillée avec un petit agneau sur ses épaules. Elle écoute la musique produite par l’eau du ruisseau traversant la forêt.

Photos ci-dessus : La sculpture inspirée par le mouvement numéro II de la série « Tiempo de la VI Sinfonía de Beethoven » de l’artiste Leone Tommasi a été inaugurée en 1941 sur la « Plaza Arenales ». Elle prend maintenant place au Jardin botanique.

Les sculptures se suivent une après l’autre.

En voici une autre, toujours en marbre, elle est intitulée El Despertar de la Naturaleza, ce qui signifie « L’Éveil de la nature ». Elle est d’une beauté remarquable, une œuvre du sculpteur italien Juan De Pari (1857-1931).

Photos ci-dessus : La sculpture « El Despertar de la Naturaleza » de Juan De Pari, représente le rêve interrompu de deux jeunes filles, une debout et une agenouillée, dont la beauté fait vibrer l’environnement.

Une autre…

Photos ci-dessus :" Flor Indígena », « Fleur indigène », une sculpture en grès de l’artiste argentin Gonzalo Pondal Leguizamón.

Puis, une sculpture plus difficile à regarder que les autres. Il s’agit d’une œuvre d’Agustin Querol et intitulée Sagunto. On y voit une mère s’enfoncer un poignard dans la poitrine, poignard avec lequel elle a déjà tué son fils. Un meurtre et un suicide ayant pour but d’éviter d’être tous deux capturés par les soldats carthaginois qui, commandés par Hannibal en 218, assiégèrent Sagunto, une ville protégée par Rome pendant la Seconde Guerre punique. La sculpture combine une forte charge expressive… et dramatique.

L’œuvre originale de l’artiste peintre espagnol Agustín Querol (1860-1909) se trouve au musée du Prado à Madrid.

Photos ci-dessus : Une réplique d’une œuvre de l’artiste espagnol Agustin Querol qui est intitulée « Sagunto ».

Nous croisions un arbre fruitier…

Photo ci-dessus : Après des sculptures et des sculptures, un arbre attire notre attention… quand même assez curieux que dans un jardin botanique nous soyons tout à coup surpris de voir un arbre.

Mais, nous nous retrouvons rapidement happés par la beauté d’autres sculptures qui se retrouvent partout sur notre route.

Photo ci-dessus : Une sculpture de marbre et de granit intitulée « La Flora Argentina ». Elle est une œuvre du sculpteur argentin Emilio Tomás Andina Grandi (1875-1935).

Photo ci-dessus : Un buste réalisé par le sculpteur argentin Domingo Páez Torres. L’œuvre a été réalisée en ciment, puis patinée en bronze. Elle représente Francisco Pascasio Moreno, dit Perito Moreno (1852-1919), qui fut naturaliste, écologiste, botaniste, explorateur et géographe, ainsi qu’homme politique argentin.

Le sentier sur lequel nous marchons est entièrement dans la nature et pourtant nous sommes au cœur de Buenos Aires.

Photo ci-dessus : Une promenade dans la nature.

Nous arrivons devant une œuvre colossale!

Elle est titrée « Saturnalia ». C’est un groupe sculptural en bronze patiné qui représente le festival homonyme, les Saturnales, un genre d’orgies romaines. L’œuvre originale est de l’artiste italien Ernesto Biondi (1854-1917) et peut être admirée à la Galerie d’Art moderne de Rome. Celle que nous voyons devant nous est une copie réalisée en 1909.

Photos ci-dessus : Un groupe sculptural imposant, « Saturnalia », réplique d’une œuvre de l’artiste italien Ernesto Biondi.

Une autre sculpture, celle-ci intitulée Canto de la Cosechadora. Il s’agit d’une copie en marbre d’une œuvre attribuée à l’Italien Antonio Canova (1757-1822).

L’œuvre a été achetée en 1948 par la municipalité de Buenos Aires et placée dans le parc Tres de Febrero. Toutefois, elle a été déménagée au Jardin botanique le 12 novembre 1977… pour éviter le vandalisme.

Photos ci-dessus : L’œuvre d’Antonio Canova « Canto de la Cosechadora » nous montre une jeune fille œuvrant aux moissons. Elle porte du maïs nouvellement récolté dans ses bras. Son visage reflète la joie, certainement liée à la générosité de la nature.

Une autre copie d’une œuvre célèbre… que nous avons admirée à Rome, celle de La Loba Romana de Guillermo della Porta. Une sculpture en bronze que l’on retrouve au Capitole de Rome. Il s’agit d’une œuvre qui aurait été fabriquée à l’époque étrusque, probablement au XIIIe siècle.

Cette reproduction de la « Loba Romana » a été offerte à l’ambassadeur de la république d’Argentine, le Dr Roque Sáenz Peña, par le roi d’Italie Vittorio Emmanuelle III, et ce, à l’occasion du centenaire de la révolution de mai, en 1910.

Photo ci-dessus : « Loba Romana », une réplique de l’œuvre de Guillermo della Porta offerte par le roi d’Italie à l’ambassadeur argentin à Rome.

Soudain, un petit château se dresse devant nous. Il s’agit de l’édifice principal du Jardin botanique. Une maison en briques rouges de style anglais dessinée en 1881 par l’ingénieur militaire d’origine polonaise Jordán Wysock et construit par Pedro Serechetti la même année.

C’est ici qu’habitait Carlos Thays entre 1892 et 1898 alors qu’il occupait le poste de directeur des parcs et des promenades de la ville de Buenos Aires

Aujourd’hui, l’édifice est occupé par les bureaux de l’administration du Jardin botanique.

Photo ci-dessus : Le « petit château » qu’a habité Carlos Thays entre 1892 et 1898.

Et une autre belle sculpture. Elle est intitulée Los primeros Fríos et elle est de l’artiste catalan Miguel Blay y Fábregas (1866-1936). Elle fut acquise en 1906 par Eduardo Schiaffino (1858-1935), le fondateur du Musée national des beaux-arts de Buenos Aires.

Elle présente un vieil homme assis dont les mains jointes expriment la rigueur de l’hiver. Tout près de lui se trouve une fille accotée sur sa poitrine et qui lève les yeux vers le vieil homme.

Photo ci-dessus : « Los primeros Fríos », une des plus touchantes sculptures que nous avons admirées lors de notre balade dans le Jardin botanique Carlos Thays.

Nous sommes tout près d’un grand boulevard. Il y a une porte grillagée ouverte sur un grand boulevard. Elle donne accès au Jardin botanique. Tout près prend place un « abribus », dont larrière affiche une magnifique murale.

Photo ci-dessus : Une superbe murale sur un abribus!

Nous revenons à l’intérieur du Jardin botanique et nous nous approchons d’un bassin dominé par une magnifique sculpture, une autre.

Photo ci-dessus : Un bassin dominé par une magnifique statue de femme!

Photo ci-dessus : Dans le bassin d’eau… un seul nénuphar!

La sculpture de femme est en marbre. C’est une œuvre du sculpteur argentin Lucio Correa Morales (1852-1923), dont nous avons déjà admiré au moins deux œuvres : le monument à Carlos Tejedor (Plaza Sicilia) et celui représentant Abel (Musée des beaux arts de Buenos Aires). Elle est titrée Ondina del Plata, mais elle est aussi connue sous le nom de La Primavera.

Elle évoque une des nymphes de l’eau de la mythologie scandinave. L’auteur a cherché à rendre hommage à la femme américaine.

L’œuvre originale en plâtre est conservée au Museo de Bellas Artes de Mendoza, une ville sise au pied des Andes à l’ouest de Buenos Aires.

Photos ci-dessus : Dire que je n’ai pas aimé cette sculpture intitulée « Ondina del Plata », serait mentir!

Nous voyons des magnolia grandiflora… qui ont perdu leurs fleurs.

Photos ci-dessus : Surprise, des fleurs! Elles sont d’un « jazmin mango », un arbre provenant du Mexique.

Nous sortons, déçus par l’absence de fleurs, à 10 h 45. El Rosedal, que nous avons visité il y a quelques jours était vraiment plus beau pour l’aspect floral… mais comme jardins de sculptures, il est difficile de faire mieux.

À suivre…
Promenade dans Palermo Viejo, le « Vieux Palermo ».

Photo ci-dessus : Une des murales à couper le souffle dans le quartier Palermo Viejo.

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Bibliographie

Atlas en fiches, Buenos Aires, Éditions Atlas, 2008;

Cartoville - Buenos Aires, Guides Gallimard, 2014;

Buenos Aires, Le petit futé, 2014, 360 pages;

Encyclopédie libre Wikipédia, Argentine, Buenos Aires, Plaza de Mayo, Casa Rosada, et plusieurs autres pages;

Escale à Buenos Aires, Ulysse, 2014, 176 pages.