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Le mot du jour : kale

Textes et recherches de Jacques Lanciault

Je consigne ici le fruit de recherches sur le sens, l’étymologie, l’écriture ou encore la prononciation de certains mots ou expressions sur lesquels je bute, ou qui tout simplement suscitent ma curiosité au fil de mes lectures...

kaleMardi, 2 décembre 2014

Source de la recherche
Les paragraphes suivants d’un texte de Marie-Claude Lortie publié dans le quotidien La Presse du 24 novembre 2014 :

«Mme Bombardier aime bien manger. Elle apprécie le plaisir de la table et il n'est pas question pour elle de grignoter trois feuilles de laitue. Elle se plaint de la popularité des régimes austères.

"Voulez-vous bien me dire ce qu'il y a de si formidable dans ce kale dont tout le monde parle?", lance-t-elle avec le regard horrifié de quelqu'un qui évoque quelque chose d'immangeable.»

Définition
Ni le Grand Robert de la langue française ni le dictionnaire du correcteur électronique Antidote ne définissent le nom masculin kale.

Le dictionnaire de l’encyclopédie libre Wikipédia propose quant à lui la définition suivante : «Le kale, aussi appelé chou frisé, est un végétal extrêmement nutritif. Riche en vitamines A, C, D, en minéraux et en protéines, il est proche du chou sauvage. — (L'Express, 9 avril 2013)»

Le «Wiktionnaire» propose les synonymes suivants : chou frisé, chou plume ou chou borécole.

Il mentionne également que le mot kale viendrait du mot anglais kale qui a le même sens.

Toutefois, la page «Wikipédia» intitulée «Chou frisé» mentionne ce qui suit : « En Moselle germanophone, le chou frisé est appelé Kéhl… et selon moi, le nom kale viendrait bien plus du mot allemand kéhl!

Le 31 août 2013, le journaliste Renée Greusard publiait le texte suivant sur le site Internet Rue89 (notre photo provient de ce texte):

Le « kale », légume à la mode aux Etats-Unis, arrive en France

Le « Kale project », c’est le nom qu’a donné Kristen à son projet, lancé en avril 2011, « pour amener à Paris le légume vert le plus sain ». Il y a deux ans, quand cette Américaine est venue s’installer en France, elle a réalisé que le kale était introuvable. Au téléphone, elle raconte :

« J’ai trouvé ça trop bizarre que ce légume que je mangeais tout le temps aux États-Unis n’existe pas en France. Personne ne savait même ce que c’était. Or pour moi, c’était une passion. »

Je lui fais remarquer que quand on arrive dans un pays, s’il manque un aliment, on peut peut-être s’en passer. Elle répond :

« Je suis américaine, on ne peut pas accepter un “non” comme réponse. Pour nous, rien n’est impossible. »

Le goût lui plaît – ça ne se discute pas. Mais elle apprécie encore plus ce que ce légume apporte.

Le légume sain et saint
Une auréole pour commencer. En 2008, le journal scientifique Live Science l’a classé dans la liste des « sept aliments de survivants » qui pourraient nous suffire sur une île déserte. Il était en sixième position :

« Si la plupart des légumes verts à feuilles sont déjà bons pour la santé, le kale est particulièrement riche en vitamines, en minéraux et en fibres. »

Dans les articles qui lui sont consacrés, la liste de ses vertus saines s’accumule :

• bas en calories ;
• anti-inflammatoire et permettant de lutter contre l’arthrite ;
• plus riche en fer que le bœuf (Popeye n’aurait donc rien compris à la vie. Il fallait manger du kale, pas des épinards).

Pour lutter contre le cancer
Mieux encore, plusieurs études ont montré qu’il contenait du sulforaphane, uncomposé qui aide à lutter contre le cancer. Dans celle-ci, menée par des chercheurs d’une université à Baltimore, on peut lire :

« Les statistiques de plusieurs études épidémiologiques ont suggéré que les régimes riches en légumes crucifères, comme le brocoli, le chou et le kale, réduisent le risque de développer beaucoup de cancers, dont le cancer du sein. »

Dans Live Science, on en apprend plus sur ses origines :

« Le kale est une variété née de chou sauvage et de proches cousins comprenant le brocoli, les choux de Bruxelles, le chou-fleur, le chou, le chou cavalier, le chou-rave, la moutarde et le brocoli-rave. »

L’auteur américain du livre de recettes « Fifty Shades of Kale », Drew Ramsey,a raconté au New York Magazine qu’on le cultivait dans la Rome antique, en Grèce et en Egypte.

Populaire au Moyen Age
Il est ensuite devenu populaire au Moyen Age en Écosse et en Angleterre. C’était alors l’un des légumes les plus communs d’Europe, et tout naturellement, il est arrivé en Amérique dans les années 1600.

L’article explique ensuite que les feuilles vertes ont été snobées après la Seconde Guerre mondiale. Sans raison particulière. Quand Kristen en mangeait petite, ce n’était pas chic.

« Il y a dix ans encore, personne ne mangeait du kale aux États-Unis. »

Que s’est-il donc passé ?

« Les célébrités se sont mises à en manger, pour ses vertus “détox”. »

Aux États-Unis, les magazines ont largement médiatisé l’amour de Gwyneth Paltrow pour le kale, par exemple.

L’ami des stars
Il y a trois jours encore, le US Weekly Magazine a publié un diaporama (un peu ridicule) qui disait l’amour des stars pour ce légume. Paltrow :

« Le kale est plein de calcium et d’antioxydants et de plein d’autres choses. C’est l’un des meilleurs trucs que vous puissiez offrir à votre organisme. »

Tandis qu’une autre star était citée pour cette belle réflexion :

« J’aime le kale. Ça me fait faire caca. »

Kristen lie aussi ce succès à un autre, celui de la marque Whole Food, un supermarché qui a rendu hype le bio aux États-Unis.

« La marque a complètement transformé l’approche des légumes dans un pays où, il y a dix ans, quand vous disiez que vous mangiez bio, on vous traitait de hippie. »

« A New York, impossible d’y échapper »
En 2012, les ventes de kale ont augmenté de 40% aux États-Unis.

« Aujourd’hui, si vous allez à New York, c’est impossible d’y échapper. »

On l’y mange cuit, en soupe, à la vapeur. Ou cru, en salade. Ce qui est mieux pour conserver ses apports nutritifs.

De fait, en vacances à New York en avril dernier, je me souviens de mon premier nez-à-nez avec le légume lors d’un brunch à Brooklyn. Il était cuit, proposé en accompagnement. On a demandé ce que c’était, on nous a répondu « un truc un peu comme des épinards ». C’était bon. Pas orgasmique non plus.

Mais puisque New York l’a adopté...

« Quand on dit que ça vient de New York, c’est plus facile à vendre », admet Kristen. C’est ainsi que le kale se retrouve dans nos journaux et nos assiettes.

Kristen, qui vient de la pub, s’occupe du kale « comme d’une marque ». Avec toute la facilité et l’aisance des Américains à communiquer sur ces sujets. Elle vend ses conseils, dit qu’elle ne bosse plus gratuitement sur le kale, sans pour autant en vivre encore.

Et sur le site du Kale Project, elle annonce ses ambitions sur un ton un peu prophétique :

• « quand ce sera la saison, le kale sera disponible et achetable sur les marchés dans les rues de Paris ;
• faire arriver le kale dans les assiettes des restaurants ;
• éduquer la communauté française au kale, pourquoi il est bon pour vous et ce qu’on peut faire avec ;
• étendre le Kale Project de Paris à la France. »

Oui, ça ressemble à une invasion. Préparez-vous donc à en manger.

Remplis sous: La folie des mots Mots clés:
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