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Mot du jour : camarilla

Textes et recherches de Jacques Lanciault

Je consigne ici le fruit de recherches sur le sens, l’étymologie, l’écriture ou encore la prononciation de certains mots ou expressions sur lesquels je bute, ou qui tout simplement suscitent ma curiosité au fil de mes lectures...

camarillaVendredi, 18 avril 2014

Source de la recherche :
Les paragraphes suivants d’un texte de François Brousseau publié dans le quotidien Le Devoir du 12 avril 2014:

«L’Algérie est la scène depuis quelques semaines d’un stupéfiant détournement de démocratie : un zombie invisible, malade, muet et quasiment paralysé du nom d’Abdelaziz Bouteflika, qui n’a pas fait campagne parce qu’il en est incapable à la suite d’un AVC subi un an plus tôt, est sur le point d’être réélu (ce jeudi) par une majorité écrasante des électeurs, pour un quatrième mandat consécutif!

Ces dernières semaines, le régime a diffusé par deux fois quelques images furtives de Bouteflika : quatorze secondes début mars, lors du dépôt de sa candidature au Conseil constitutionnel (il paraît qu’il a alors fallu faire un montage), puis début avril, quelques images, lors de la visite du secrétaire d’État américain, John Kerry, à Alger, Kerry qui, ce faisant, se prêtait complaisamment aux manoeuvres du pouvoir algérien.

Situation surréaliste : un candidat fantôme, une population impuissante, entre révolte futile et résignation. Aucun bilan, aucun projet, aucune campagne, seulement des slogans vides ("Notre serment pour l’Algérie") répétés sur les affiches et à la télévision par les hommes de main du président. Absurde et sans précédent : cette dictature militaire vient d’inventer, avec la candidature d’un mort-vivant… une caricature sans précédent de l’exercice électoral : "Votez pour le zombie" !»

Cette camarilla de militaires septuagénaires, octogénaires, voire nonagénaires, souvent issus de la première génération du Front de libération nationale (… de la même époque que la prise du pouvoir par les frères Castro à Cuba !), accapare depuis plus de 50 ans les richesses (hydrocarbures) et le pouvoir politique en Algérie.

Les généraux, leurs enfants, leurs amis, composent une oligarchie clientéliste qui a su, au fil des décennies, déjouer plusieurs défis contre son pouvoir : le « Printemps arabe » avant la lettre que fut la révolte populaire de l’automne 1988, puis l’assaut des islamistes, vainqueurs annoncés, en 1991-1992, d’élections vite annulées par les militaires. S’ensuivit une décennie de mort, avec cette guerre féroce entre armée et djihadistes, qui rivalisèrent d’intimidations et de massacres et tuèrent entre 60 000 et 150 000 personnes.»

Définition :
Le dictionnaire du correcteur électronique Antidote définit le nom féminin camarilla comme suit : « Groupe de personnes qui exerce une influence occulte sur un personnage important.»

Le Grand Robert de la langue française propose dans un premier temps une définition en contexte historique, soit : «Parti absolutiste, formé par les familiers du roi d'Espagne.»

Puis, suggère la définition suivante en qualifiant le terme de péjoratif : «Ensemble des personnes qui approchent un prince, un personnage important, et qui, ayant sur lui une grande emprise, sont politiquement influentes.»

L’encyclopédie libre Wikipédia offre une définition encore plus précise du terme :

«Une camarilla désigne, avec une dénotation négative, un groupe de conseillers du prince. Habituellement, ceux-ci ne tiennent pas d'office ministériel et ne sont pas titulaires d'une autorité officielle, ils conseillent le souverain de façon informelle.

Le terme dérive de l'espagnol : la camarilla désignant une petite chambre, ou cabinet privé du roi.

C'est cependant en allemand que le terme a acquis de l'importance, pour désigner deux groupes de conseillers qui ont marqué l'histoire :

D'une part le conseil de Guillaume II d'Allemagne, dont notamment les frères ultra-conservateurs Leopold von Gerlach et Ernst Ludwig von Gerlach auquel il faut rapprocher leur disciple Otto von Bismarck qui rompra plus tard le lien avec eux en enrôlant au service du pouvoir allemand les idéaux progressistes tels que le libéralisme et le nationalisme allemands du XIXe siècle, idéaux que les frères Gerlach ont passé leur vie à combattre.

D'autre part le conseil de Paul von Hindenburg soit : Oskar von Hindenburg, Otto Meissner, Kurt von Schleicher et Franz von Papen.»

Remplis sous: La folie des mots Mots clés:
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  1. Vraiment intéressant comme texte….je viens d’enrichir mon vocabulaire, même si c’est un terme que je n’emploierai surement pas souvent…en tout cas, heureusement ici au Québec..

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