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Visite du Palais Garnier

Le ballet de l'Opéra de Paris à Montréal en octobre

Revue de presse

Michèle Ouimet, La Presse, le 19 mars 2014

Palais Garnier, Paris, France.

(PARIS) Une grande pièce ronde avec un plafond en forme de coupole, des miroirs, des danseurs aux pieds chaussés de souliers de ballet qui claquent sur le plancher au son du piano. Ils répètent Don Quichotte, qui sera présenté la semaine prochaine à Tokyo.

Photo ci-dessus : Palais Garnier, photo Jacques Lanciault.

C'est le maître de ballet Laurent Hilaire qui dirige les danseurs de l'Opéra national de Paris. Il corrige un mouvement, donne des instructions, demande aux hommes de sauter plus haut, puis la musique reprend et les danseurs recommencent, les hommes avec des capes, les femmes avec des éventails. L'histoire de Don Quichotte, un ballet en quatre actes, se déroule à Barcelone.

La moyenne d'âge des danseurs est de 25 ans, ce qui en fait un des ballets les plus jeunes au monde. La retraite se prend à 42 ans. Avant de diriger la troupe, Laurent Hilaire était un danseur étoile de l'Opéra de Paris, une grande vedette qui a quitté la scène à 44 ans. Aujourd'hui, il en a 51. Il a toujours le dos droit des danseurs, le geste gracieux, la silhouette filiforme.

Des danseurs observent d'un oeil distrait leurs collègues qui répètent. Assis par terre, entourés de tutus et de sacs, ils parlent. Laurent Hilaire doit intervenir pour leur demander de baisser le ton.

Aux Grands Ballets canadiens de Montréal, une telle liberté est impensable. Quand les danseurs répètent, les autres se taisent ou échangent quelques mots dans un chuchotement étouffé. Sauf que nous ne sommes pas à Montréal, mais à Paris, dans le majestueux Palais Garnier, qui abrite l'Opéra national depuis 1875.

Le poids des années
Une visite du Palais Garnier a été organisée pour les journalistes, des combles au rez-de-chaussée en passant par les escaliers monumentaux, la salle de spectacle et les ateliers de couture.

Les locaux sont vieux. On sent le poids des années dans les ascenseurs poussifs, les couloirs sombres et étroits aux hauts plafonds et les planchers en bois qui craquent.

Le Palais possède cinq ateliers où tout est confectionné: les costumes, les bijoux, les chapeaux, les décors. Des femmes se penchent sur leur machine à coudre, piquent adroitement un costume avec une aiguille, déroulent des mètres de tulle ou travaillent avec délicatesse les bijoux portés par les danseurs. Environ 35 personnes travaillent dans les ateliers, mais dans les périodes de pointe, ce nombre peut doubler.

Chaque année, entre 2500 et 3000 costumes sont fabriqués ou recyclés. Des grands couturiers les ont dessinés, comme Yves Saint Laurent et Christian Lacroix.

«On garde tout, absolument tout, les accessoires, les costumes et les décors», précise Xavier Ronze, chef de service des costumes de danse.

Le Palais Garnier ne conserve qu'une infime partie de sa collection dans une pièce tout en bois. De nombreux tutus blancs sont suspendus au plafond, formant une étrange corolle de tulle. Le reste est stocké dans des entrepôts à l'extérieur de Paris.

Tournée à Montréal
Le ballet de l'Opéra national de Paris se transportera à Montréal en octobre. Il présentera Paquita, un ballet pantomime dont l'histoire se déroule en Espagne. La troupe n'est pas venue à Montréal depuis 47 ans. Sa dernière visite remonte à 1967.

L'annonce a été faite récemment lors d'une conférence de presse au Palais Garnier, dans le foyer de la danse, une salle à la décoration surchargée. Étaient présents la directrice de l'Opéra de Paris, Brigitte Lefèvre, et le directeur artistique des Grands Ballets canadiens, Gradimir Pankov. Le délégué général du Québec, Michel Robitaille, et l'ambassadeur du Canada, Lawrence Cannon, étaient absents, même s'ils avaient été invités.

Le Palais Garnier est à l'image du foyer de la danse: les murs et les plafonds dégoulinent de dorures. Le Palais a été construit par l'architecte Charles Garnier dans les années 1860. Le chantier a duré 15 ans. Il est passé à travers une révolution, la Commune de Paris, ce qui explique les retards pris dans les travaux. La décoration finale n'a été complétée qu'en 1898.

C'est l'empereur Napoléon III qui a décidé de construire cet édifice monumental, même si Paris avait déjà une salle pour son Opéra. Un concours a été organisé pour trouver l'architecte, du jamais vu; 171 concurrents y ont participé. C'est Charles Garnier, un architecte peu connu de 35 ans, qui a remporté le concours, à la surprise de tous.

Il n'a pas fait les choses à moitié. Le lustre qui pend au milieu de la grandiose salle de spectacle pèse sept tonnes, et la salle compte 2041 sièges en velours rouge pompier d'un confort incertain. Des balcons, qui croulent sous les dorures, se superposent jusqu'au plafond et courent sur tous les côtés. Résultat: seulement 1500 sièges sont bons, les autres n'offrent qu'une vue partielle de la scène.

Le plafond a été peint par Marc Chagall en 1964, une commande du ministre de la Culture de l'époque, André Malraux. On y voit la tour Eiffel, des danseurs, des anges, l'Arc de triomphe et... une église orthodoxe.

L'inauguration du Palais a eu lieu le 5 janvier 1875. Charles Garnier, trop associé au pouvoir déchu de Naploéon III, n'a pas été invité.

Le Palais Garnier en chiffres

- Année de l'inauguration: 1875
- Durée des travaux: 15 ans
- Nombre de sièges: 2041, dont 1500 bons
- Nombre de visiteurs par année: 700 000
- Prix régulier pour une visite: 10 euros (15$)
- Nombre de danseurs: 154
- Nombre de représentations par saison: 180
- Âge moyen des danseurs: 25 ans
- Âge de la retraite: 42 ans
- Nombre d'ateliers de confection: 5
- Nombre de costumes utilisés par année: entre 2500 et 3000

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