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Le mot du jour : hipsters

Textes et recherches de Jacques Lanciault

Je consigne ici le fruit de recherches sur le sens, l’étymologie, l’écriture ou encore la prononciation de certains mots ou expressions sur lesquels je bute, ou qui tout simplement suscitent ma curiosité au fil de mes lectures...

Vendredi 25 octobre 2013

Source de la recherche :
Les paragraphes suivant, tirés d’un texte de David Desjardins publié dans le quotidien Le Devoir du 19 octobre 2013 :

«"Bouhhh !", chahutent-ils. Sur scène, Josh Tillman alias Father John Misty vient de prononcer le nom de "Quebec City". C’est la mention de la capitale qui génère cette réaction viscérale d’une poignée de spectateurs. Dont Francis.

28 ans, né à Terrebonne, il habitait dans le Mile End avant que les hipsters n’envahissent le secteur, aime-t-il raconter, ignorant que tout ce qu’il dit, porte, lit et écoute hurle son appartenance à cette meute qui mâchouille les restes d’une culture zombifiée par l’ironie. Il se plaît à croire qu’il est tolérant. Vigoureusement anti-Charte, Francis croit qu’on ne devrait pas juger toute une classe de citoyens en la réduisant à l’expression de ce qu’elle a de pire.»

Définitions :
Ni le dictionnaire du correcteur électronique Antidote ni le Grand Robert de la langue française ne définissent le mot hipster.

L’encyclopédie libre «Wikipédia» propose la définition suivante : «Hipster est un terme des années 1940 qui désignait à l'origine les amateurs de jazz et en particulier du bebop qui devint populaire dans ces années-là.

Le hipster adoptait le mode de vie du musicien de jazz, notamment la manière de se vêtir, l'argot, l'usage de drogues, l'attitude détendue ("cool"), l'humour sarcastique, la pauvreté de rigueur et des codes de conduite sexuelle libre.

Les premiers hipsters étaient généralement de jeunes blancs qui adoptaient le style des noirs urbains de l'époque. Ceux qui vinrent ensuite ne connaissaient pas forcément l'origine culturelle de ce mode de vie.

Le terme hipster a été réactualisé dans les années 1990 et 2000 pour décrire une classe de jeunes hommes et jeunes femmes d'une vingtaine d’années, de classe moyenne (supérieure), instruits, installés dans une ville, bien qu’ils proviennent parfois de toutes les parties du pays.»

Un texte retrouvé sur Internet et provenant de l’hebdomadaire La Dépêche explique avec moult détails ce qu'est un hipster :

C'est quoi, un hipster ?

LaDépêche.fr, le 3 avril 2012

Lunettes carrées "Wayfarer", chemise à carreaux, jean slim, pédalant pieds nus dans ses mocassins sur un "fixie" (vélo à pignon fixe)... vous venez de croiser le parfait stéréotype du hipster.

Importé des États-Unis depuis quelques années, le terme est un peu utilisé à toutes les sauces. À tel point que dernièrement, le président Nicolas Sarkozy lui-même a été taxé de "hipster politique" par L'Express.

1. Le "White negro" amateur de jazz dans les années 1940
L'origine du mot viendrait de "hepcat", utilisé par des musiciens de jazz américains dans les années 1930-1940. L'expression désignait les blancs américains des classes aisées venus s'encanailler au contact des jazzmen noirs en zootsuite, tenue parodiant le costume des blancs...

Le "hepcat" a été abrégé en "hep", puis s'est transformé en "hip" ("libéré"). À la fin des années 1930, le clarinettiste Artie Shaw décrivait ainsi le chanteur Bing Crosby comme "le premier blanc 'hip' né aux État-Unis".

Dans les années 1940, le terme "hipster" s'est imposé pour les amateurs de bebop ou de "hot jazz", qui avaient délaissé le swing, déjà considéré comme passé de mode... Les jeunes hipsters voulaient ainsi se différencier de la culture "mainstream", en étant pour la diversité raciale, et en côtoyant des afro-américains.

Norman Mailer, dans un pamphlet de 1957 intitulé "The White Negro", résume très bien le comportement du hipster: "(...) le désir d'une avant-garde blanche de s'affranchir de sa couleur de peau, (...) et d'atteindre le savoir 'cool', l'énergie exotique, la luxure et la violence des Noirs américains".

2. Geek, mais à contre courant des années 2000
Plus tard, les hipsters seront les premiers à suivre la Beat generation ou le mouvement hippie. Pour le lexicographe Jesse Sheidlower, les deux termes "hipster" et "hippie" pourraient d'ailleurs venir du mot wolof "hipi", en usage au Sénégal, signifiant : "ouvrir ses yeux".

Mais ce n'est qu'au début des années 2000 que l'expression "hipster" refait surface. Elle désigne un jeune de bonne famille, bien éduqué, à la recherche de la culture avant-gardiste.
Aux États-Unis, il a ressurgi avec l'apparition des magasins American Apparel, en 1997, autoproclamés "anti-sweatshop", et le magazine "Vice" en 1996, avec une ligne éditoriale volontairement anticonformiste et des informations insolites.

Le hipster de 2012 travaille souvent dans les médias, la communication ou la publicité et se confond un peu avec le geek : il passe son temps sur le site de microblogging Twitter et adore les derniers produits High-tech, de préférence Apple. Il a tendance à préférer les groupe suédois de musique alternative ou le dernier son électro produit sur un clavier à deux touches.

Les hipsters ne se considèrent jamais comme tels, puisque par définition, ils se revendiquent tous d'une culture unique et personnelle. D'autant plus qu'aujourd'hui, l'expression a pris une tournure péjorative: à force de vouloir toujours être en avance sur les autres, le hipster énerve.

3. Parlez-vous hipster ?
Le hipster contemporain a aussi son propre langage, souvent truffé d'anglicismes. Quelques exemples:

über: über cool, über stressant, über mainstream... "über" équivalent au préfixe "sur" en allemand.

eye contact (jeu de regard). Exemple : "On s'est fait du eye-contact pendant tout le déjeuner"

fooding: le terme, inventé par Alexandre Cammas, chroniqueur culinaire à Nova Magazine en 1999, désigne la nouvelle cuisine française "avant-gardiste".

googliser: Rechercher des informations sur quelqu'un en tapant son nom dans le moteur de recherche Google. Exemple : "Mon boss m'a googlisé avant de m'embaucher".

utiliser le "hashtag" de twitter dans une conversation orale. Exemple : "Je déteste les gens, dans le métro, qui avancent super lentement alors que t'es trop pressé. #lesgens".

instagram : l'application smartphone préférée des hipsters, qui permet de prendre des photos façon "polaroid". Exemple : "J'ai instagramisé ma photo et je l'ai postée sur Twitter".

Photo ci-dessus : Les hipsters s’habillent d’à peu près n'importe quelle marque.

Remplis sous: La folie des mots Mots clés:
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