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Québec m’a redonné le goût au baseball

Revue de presse

Propos de Jonathan Malo recueillis par Robert Latendresse, RDS.CA, le 17 mai 2013

Jonathan Malo

C'est avec un immense plaisir que je joins l'équipe du RDS.ca à titre de chroniqueur. Pendant l'été, je partagerai avec vous les tribulations de mon équipe, les Capitales de Québec.

Avant de gagner le championnat avec les Capitales l'an dernier, j'ai eu le plaisir de pratiquer mon art au sein d'une organisation du baseball majeur. Pour cette première chronique, je vous présente mon parcours qui m'a ramené à la maison.

Photo ci-dessus : « Je me suis tourné vers Québec et la ligue Can Am l'an dernier et je ne regrette pas mon choix. » - Jonathan Malo (Photo Nandre Bois)

En 2002, j'avais été repêché en 40e ronde par les Mets de New York sans toutefois signer de contrat avec l'équipe. J'évoluais alors pour les Associés de Laval de la Ligue de Baseball junior Élite du Québec après être passé par l'Académie de baseball du Canada (ABC) et je ne me sentais pas tout à fait prêt à faire le saut dans les ligues mineures d'une organisation du baseball majeur. C'est la raison pour laquelle je me suis orienté vers le Miami Dade College, en Floride. Avec le recul, j'estime que mes deux années collégiales m'ont bien préparé au baseball professionnel parce qu'il faut l'avouer, c'est un choc culturel d'aller jouer au baseball aux États-Unis.

Il n'était pas rare à l'époque qu'un joueur ne conclut pas d'entente avec l'équipe qui l'avait sélectionné. Si j'avais voulu signer que pour le plaisir de signer un contrat, j'aurais pu le faire sans problème. Les choses ont tourné en ma faveur, car, même si je n'ai pas accepté d'offre des Mets, ces derniers m'ont gardé à l'oeil et l'année suivante, ils m'ont de nouveau repêché, mais en 48e ronde cette fois. Le recruteur des Mets au Québec était Claude Pelletier, celui qui est l'origine de la décision des Dodgers de Los Angeles de repêcher Éric Gagné.

Outre le collège à Miami, je suis aussi allé jouer au Northeastern Oklahoma A&M College.

Au départ, c'était difficile de quitter ma famille pour aller vivre dans un autre pays. Dans une plus petite mesure, j'avais déjà vécu un certain dépaysement au Québec, car étant originaire de St-Roch-de-l'Achigan dans Lanaudière, j'étais parti en pension à Montréal pour y faire mon secondaire V. Au CÉGEP, j'étais à Laval, ce qui signifie que j'avais quitté le nid familial depuis l'âge de 15 ou 16 ans. Ce petit exil m'a préparé à partir.

En me repêchant une deuxième fois en deux ans, je sentais que les Mets avaient toujours de l'intérêt pour moi. Je venais de connaître une saison ordinaire à Miami, ce qui pouvait expliquer que j'ai été sélectionné huit rondes plus tard que l'année précédente, mais cette nouvelle sélection par les Mets avait revigoré ma confiance.

Quand je jouais au Québec, j'étais vu comme un frappeur qui pouvait sortir la balle du stade régulièrement, mais les données étaient un peu faussées parce qu'ici, on utilisait des bâtons aluminium. Je savais très bien qu'aux États-Unis, je n'aurais pas obtenu autant de longues balles. Il faillait juste que je me fasse à l'idée.

La porte s'est ouverte
J'estime que les Mets m'ont donné une vraie chance de me faire valoir durant mes années avec eux. En 2009, la porte s'est ouverte pour moi, mais malheureusement, je n’ai pas su en profiter pour m'établir avec l'équipe AAA à Buffalo. Le gérant des Mets, l'ancien des Expos Jerry Manuel, m'aimait bien. On m'a alors donné la chance de jouer sur une base quotidienne, moi qui avait été un joueur d'utilité au niveau AA. Ça peut sembler anodin, mais passer du AA au AAA est une marche très haute à monter. J'ai connu un mauvais début de saison et comme le baseball est un business et que la patience des dirigeants est très courte, il vaut mieux performer, car quand la fenêtre se referme. Tu ne sais jamais si elle va s'ouvrir à nouveau. Finalement, elle ne s'est plus jamais vraiment rouverte pour moi.

J'ai fait des séjours au niveau AAA lors des deux saisons suivantes, mais sans véritable chance. En 2011 par exemple, j'ai vécu une séquence de 30 jours sans obtenir un départ. Dans les circonstances, il est difficile d'avoir de bonnes statistiques quand tu n'es qu'un réserviste.

Si j'avais bien performé en 2009, je ne serais peut-être pas au Québec aujourd'hui. Je jouerais sans doute dans les ligues majeures ou quelque part dans les ligues mineures.

Mon but ultime était d'atteindre le baseball majeur. C'était mon rêve comme pour tous ceux que je côtoyais. La situation devenait frustrante, mais à un certain moment, il fallait affronter la réalité et se dire que ça pourrait ne pas arriver. Ce n'était pas facile, mais c'était une réalité avec laquelle je devais composer. Je devais cesser de m'en faire avec ce que je ne pouvais pas contrôler parce que je me rendais compte que le baseball est un business. Quand tu es un jeune joueur, tu ignores comment ça fonctionne, mais la réalité vous revient vite dans le visage et vous perdez vos illusions.

C'est comme les changements au niveau du personnel des joueurs. Parfois, on se demande pourquoi un tel joueur monte ou descend ou obtient une chance. On ne comprend pas toujours ce qui se passe, mais il faut parvenir à ne pas y penser parce que ça nous joue dans la tête et nous fait sortir de notre game.

Dans mes rêves les plus fous, je pense encore au baseball majeur. J'ai toujours confiance en moi, mais à bientôt 30 ans, les opportunités se font rares, surtout si vous n'avez pas d'expérience dans le baseball majeur. Je me suis tourné vers Québec et la ligue Can Am l'an dernier et je ne regrette pas mon choix. J'ai adoré ma saison en 2012 et j'ai retrouvé le goût de jouer au baseball.

Je connaissais plusieurs membres de l'organisation des Capitales et j'avais entendu plein de belles choses sur l'organisation. La décision n'a pas été très difficile à prendre et je me disais depuis longtemps que si le baseball affilié ne fonctionnait pas pour moi, je me tournerais vers le baseball indépendant et que c'était pour être à Québec. Il n'était pas question que je me retrouve à jouer quelque part au Texas ou dans une ligue loin de chez moi. L'organisation des Capitales fait du bon travail depuis 15 ans et les gars sont bien traités, c'est pour cette raison que plusieurs d'entre eux y reviennent année après année.

Je dois dire toutefois que jusqu'au début du camp des ligues mineures l'an dernier, j'espérais un appel avant de me joindre aux Capitales. J'espérais toujours qu'une équipe vienne me chercher parce que je venais de connaître de bons Jeux panaméricains avec le Canada. Comme le téléphone demeurait silencieux, je commençais à me faire à l'idée d'aller jouer à Québec.

Environ une semaine après le début du camp des ligues mineures, j'ai reçu des appels de Denis Boucher et d'Ernie Whitt des Phillies de Philadelphie, qui avaient plusieurs blessés. La première interrogation d'Ernie était de savoir si j'avais un visa ou une carte verte pour travailler aux États-Unis. Comme je n’en avais pas, ç'a diminué mes chances et quelques jours plus tard, on m'a fait savoir qu'on avait préféré un Américain à ma place parce que les Phillies ne voulaient pas gaspiller un visa. J'ai été déçu, car cet espoir m'avait redonné un brin de confiance.

Je ne regrette en rien d'avoir choisi Québec. Je suis heureux de savoir que ma famille peut venir me voir jouer. Cette année, je n'ai pas vraiment songé à me joindre aux Aigles de Trois-Rivières, qui est plus près de ma ville natale. Je suis bien installé dans la vieille capitale et j'ai plein de chums dans l'équipe. J'aurais trouvé difficile de jouer contre eux.

En plus, à Québec on a encore une très bonne bonne formation qui aspire aux grands honneurs. Je pense que la partie de jeudi contre les Aigles a démontré que du premier au dernier frappeur du rôle offensif, on est menaçant et pas reposant pour les lanceurs. Asif Shah disputait son premier match avec nous et il a obtenu quatre coups sûrs, deux circuits et six points produits. Si un huitième frappeur connaît une soirée comme celle-là, ça s'annonce bien.

On est solide au monticule également. L'an dernier en début de saison, il manquait un cinquième partant alors que cette année, je dirais qu'on a cinq bons partants et même un sixième au besoin. La perte de TJ Stanton pourrait toutefois nous faire mal en relève. Heureusement, on peut miser sur Chris Cox, qui en est à sa deuxième année avec nous. Cox a une balle rapide explosive qui atteint les 95 m/h et il mériterait de se retrouver ailleurs dans le baseball affilié. Il était avec l'organisation des Diamondbacks de l'Arizona, mais il a raté un examen physique.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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