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Les fois chrétiennes se rejoignent par l’eucharistie

Revue de presse

Claude Lafleur, Le Devoir, le 30 mars 2013

NDLR Suite à nos voyages en Grèce (2007) et en Russie (2010), nous avions beaucoup d’interrogations sur les différences entre les religions catholique et orthodoxe. Voici un texte qui en explique quelques-unes très clairement.

Grèce 2007. Les différences entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique sont minimes, rapporte le père Ihor Kutash, de l’Église orthodoxe ukrainienne. À preuve, celui-ci enseigne depuis quinze ans à des catholiques, à l’Université Saint-Paul d’Ottawa. « C’est dire que la foi que nous partageons est suffisamment semblable pour que nous puissions nous comprendre sans problème. »

Ce qui distingue le plus ces deux institutions religieuses, l’orthodoxe et la catholique, c’est le fait que l’Église catholique considère que seules sont légitimes les communautés chrétiennes qui se soumettent à l’autorité du pape. « Tandis que nous, nous considérons que, chaque fois que la liturgie est célébrée par un prêtre qui est en communion avec les évêques de l’Église, celle-ci se trouve alors dans toute sa plénitude, indique le père Kutash. Pour nous, l’Église, c’est l’union de toutes ces Églises, et ce qui nous unit, c’est l’eucharistie. »

Pour le reste, les célébrations et les traditions religieuses sont assez semblables, dit-il.

Nuances de croyances
Ihor Kutash est né de parents ukrainiens qui se sont installés en Alberta en 1924. « Ma famille est très liée à l’Église orthodoxe, dit-il, et c’est à l’âge de 15 ans que j’ai décidé que j’étudierais la théologie. » Ayant complété sa formation à 22 ans, au Collège Saint-André à Winnipeg, il a été ordonné prêtre. Il est ensuite venu s’installer à Montréal en 1969, où il oeuvre à la paroisse St. Mary the Protectress, dans le quartier Rosemont. « J’ai déménagé à Montréal parce que j’ai rencontré une Montréalaise, dit-il. Nous nous sommes mariés, nous avons eu un fils et avons maintenant trois petits-enfants ! C’est donc par amour que je suis venu vivre dans une ville que j’adore ! » Notons au passage que le père Kutash parle parfaitement trois langues : l’ukrainien, l’anglais et le français.

Il précise que l’Église orthodoxe ukrainienne est dirigée par un primat - le métropolite Yuri, qui réside à Winnipeg - et qu’elle est liée à la communauté orthodoxe internationale par son appartenance au patriarche de Constantinople.

Le père Kutash souligne que, s’il y a peu de différences entre les fêtes catholiques et orthodoxes, il y a néanmoins quelques nuances à apporter, notamment à propos de la Vierge Marie. « Nous vouons une grande vénération à Marie, mère du Christ, dit-il, mais on ne dit pas souvent “Vierge Marie” parce que, pour nous, ce n’est pas sa virginité qui importe avant tout. Nous croyons que, oui, Marie était vierge, mais, pour nous, elle était avant tout la mère de Jésus. On parle donc de Marie mère du Christ. »

Autre différence : l’Église catholique insiste sur la conception immaculée de Marie, c’est-à-dire qu’elle serait née en ayant été « surnaturellement protégée contre le péché originel » commis par Adam et Ève (avoir croqué la pomme du savoir). « C’est ce péché originel qui fait que nous mourrons tous, rappelle Ihor Kutash. Mais nous, nous disons que Marie est née avec le péché originel et c’est pourquoi elle est décédée. Toutefois, elle a été ressuscitée par son fils Jésus - elle est la première à l’avoir été après lui - de sorte qu’elle réside désormais aux côtés de son fils, de Dieu le père et de tous les saints. »

Outre ces nuances, la pratique du rituel dominical diffère légèrement. C’est ainsi que ceux qui communient reçoivent les « deux espèces », c’est-à-dire le pain et le vin… même les jeunes enfants.

« Au moment du baptême des enfants, indique le père Kutash, nous procédons également à leur confirmation et à leur première communion, dit-il. Nous donnons en effet une petite goutte de vin au bébé. » Par la suite, chaque fois que l’enfant se rend à l’église, il peut communier. Ce n’est qu’à partir de l’âge de sept ans que tout enfant doit commencer à se confesser, car, « avant cela, nous les considérons comme innocents », explique le père.

Pour la communion, on n’utilise pas des hosties, mais un pain avec levure préparé spécialement à cette fin.

Église et modernité

Parmi les grandes différences entre les deux institutions, il y a le fait que l’Église orthodoxe a conservé la tradition d’avoir un clergé marié, comme l’est le père Kutash. En outre, on accepte de remarier les personnes divorcées.

« Ce n’est pas que nous approuvons le divorce, s’empresse-t-il de préciser. Nous considérons le divorce comme quelque chose de pas bien, mais, pour ne pas laisser les fidèles vivre sans la bénédiction de l’Église, nous pouvons procéder au remariage des divorcés. Nous considérons que ce n’est pas à nous de les juger, mais que cela revient à Dieu », dit-il sagement.

De même, l’Église orthodoxe se montre ouverte aux connaissances scientifiques. C’est ainsi qu’elle considère les récits de la création du monde et du séjour d’Adam et Ève au paradis terrestre comme des allégories. « Nous considérons que c’est là un récit symbolique que nous ne devons pas prendre au pied de la lettre », indique Ihor Kutash.

« Nous n’avons donc aucun problème avec les concepts cosmologiques de la science, poursuit-il, puisque ce qui nous importe avant tout, c’est de considérer que l’Univers a été créé par Dieu, Dieu étant la source de toute vie, de tout ce qui est. Nous n’avons donc aucun problème avec le fait que la science cherche à comprendre l’oeuvre merveilleuse de Dieu ! »

Il ajoute que c’est parce que l’Église orthodoxe a la conviction que Dieu est éternel que les principes qu’observe la science se retrouvent justement partout à travers l’Univers. « S’il n’y avait pas un Dieu éternel, déclare le père Kutash, les lois de la science ne seraient pas stables et partout pareilles. La science ne pourrait donc pas progresser. »

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault
« Nous n’avons aucun problème avec l’avancement des sciences, poursuit-il, sauf qu’il y a des enjeux éthiques, comme par exemple le clonage humain. Qu’est-ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire par l’entremise des sciences ?, demande-t-il. Et c’est pourquoi nous nous intéressons énormément aux enjeux éthiques et tout particulièrement à la bioéthique. »

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