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Sans filet, ni chien de garde

Revue de presse

Marc De Foy, Journal de Montréal, le 18 décembre 2012

 Alex Anthopoulos Alex Anthopoulos est devenu le directeur général le plus en vue du baseball. Personne dans le milieu n’a vu venir les changements majeurs que l’homme d’origine montréalaise a apportés à la formation des Blue Jays de Toronto au cours du dernier mois.

Photo ci-dessus : «Quand j’ai obtenu le poste de directeur général des Blue Jays, j’ai demandé à un homologue s’il avait un conseil à me donner, raconte Anthopolous. Il m’a recommandé d’acheter un chien si j’avais peur!»

La masse salariale des Jays a grimpé de 90 à 120 millions avec les cinq gros noms qu’il est allé chercher.

Trente millions de plus, comme ça, tout d’un coup!

Les choses n’étaient pas prévues exactement de cette façon. Mais quand Anthopoulos a informé son président Paul Beeston des options qui s’offraient à lui, les dirigeants de Communications Rogers, propriétaires des Blue Jays, lui ont donné le feu vert.

Dans un premier temps, il a profité de la «vente de feu» tenue par nos têtes de Turc préférées, Jeffrey Loria et David Samson, pour faire l’acquisition des lanceurs Josh Johnson et Mark Buehrle, ainsi que du joueur d’arrêt-court Jose Reyes, des Marlins de Miami.

D’un à trois joueurs
Au départ, Anthopoulos avait appelé son homologue Larry Beinfest pour s’enquérir de la disponibilité de Johnson, qui a connu une saison difficile.

Quand il a senti que les Marlins semblaient prêts à faire maison nette, il s’est informé de Reyes, champion frappeur de la Ligue nationale en 2011 avec les Mets de New York, et de Buehrle, auteur d’un match parfait avec les White Sox de Chicago, en 2009.

Anthopoulos s’est ensuite tourné du côté des joueurs autonomes pour mettre sous contrat le voltigeur Melky Cabrera, qui menait la Ligue nationale au chapitre de la moyenne au bâton en août dernier, lorsqu’il a trouvé coupable d’avoir eu recours à des produits dopants.

Anthopoulos a continué son magasinage, cette semaine, en transigeant avec les Mets pour acquérir le lanceur D.J. Rickey, lauréat du trophée Cy Young dans la Ligue nationale.

Rien n’est gagné
À 35 ans, Anthopoulos pourrait s’emballer, mais il est plutôt calme. Il réagit comme un directeur général qui a vu neiger, lorsqu’on lui lance qu’il s’est taillé une longueur d’avance sur le titre d’administrateur de l’année du baseball majeur en 2013.

«Si on gagne, c’est sûr que mon nom va être considéré, mais je ne pense pas de cette façon, dit-il dans un très bon français à l’autre bout du fil.

«On n’a pas encore joué un match. De plus, on ne sait jamais ce qu’une longue saison nous réserve. Les blessures, un facteur qui nous a fortement décimés cette année, font partie des impondérables. Il peut arriver aussi que des joueurs ne produisent pas à leur pleine mesure.

«L’hiver dernier, tout le monde parlait des Angels de Los Angeles après qu’ils eurent fait l’acquisition d’Albert Pujols et de C.J. Wilson.

«Il y a deux ans, les Red Sox de Boston avaient attiré tous les regards en obtenant Adrian Gonzalez et Carl Crawford. On a vu ce qui est arrivé dans les deux cas.

«Ceci dit, j’espère voir notre équipe atteindre les séries éliminatoires la saison prochaine.»

20 ans sans séries
Les Blue Jays n’y ont pas participé depuis leur seconde de deux conquêtes consécutives de la Série mondiale en 1993.

À Montréal aussi, on sait ce que ça veut dire, une attente de 20 ans sans championnat.

La pression va être lourde sur les épaules d’Anthopoulos, qui en est à sa troisième année dans le fauteuil de D.G des Blue Jays. Mais il ne s’en fait nullement.

«Quand j’ai obtenu le poste, j’ai demandé à un directeur général s’il avait un conseil à me donner, raconte-t-il.

«Il m’a recommandé d’acheter un chien si j’avais peur!» lance-t-il en riant.

«Tout le monde veut gagner. C’est sûr que ça aide quand nos propriétaires nous donnent de l’argent à dépenser. Mais on ne peut travailler en pensant aux risques que notre métier comporte.

«On doit prendre les décisions que l’on juge valables pour l’organisation. Si ça marche, c’est bon pour tout le monde. Sinon, un directeur général va me téléphoner pour me proposer une transaction.

«Tu ne dois pas avoir peur.»

À l’image de sa vie
C’est avec cette philosophie qu’Anthopoulos en est venu à prendre, à 23 ans, ce qui s’est avéré la plus grande décision de sa vie.

Deux ans plus tôt, il avait hérité de la compagnie montréalaise d’appareils de ventilation mise sur pied par son père, foudroyé par une crise cardiaque à 49 ans.

Mais parce qu’il ne se voyait pas œuvrer dans cette branche, il a fait volte-face.

Détenteur d’un diplôme en économie de l’Université McMaster, à Hamilton, il a refusé un poste offrant un salaire de 40 000 $ que lui offrait Fidelity Investments, à Toronto, pour accepter un job non rémunéré et à temps partiel avec les Expos.

Son boulot consistait à ouvrir le courrier envoyé par les amateurs et à faire de menus travaux de bureau, comme imprimer des photocopies.

Son dévouement et sa persévérance l’ont bien servi. Les Expos lui ont donné un emploi avec salaire dans le secteur des relations publiques avant de le nommer recruteur.

En 2003, les Blue Jays en faisaient leur coordonnateur au recrutement. Deux ans plus tard, il devenait adjoint au directeur général J.P. Ricciardi, à qui il a succédé en 2009.

Dans le bain
Moins de trois mois après ses débuts comme patron des opérations baseball, il échangeait le lanceur étoile Roy Halladay aux Phillies de Philadelphie.

C’est dans cette transaction qu’il a fait l’acquisition du jeune Tracy d’Arnaud, receveur doté d’un beau potentiel, qu’il a cédé aux Mets pour amener Rickey à Toronto.

Anthopoulos s’est départi de huit jeunes espoirs pour obtenir les cinq joueurs établis qu’il a greffés à sa formation régulière.

Ça fait partie de l’équation. Pour obtenir des joueurs de valeur, il faut donner des joueurs équivalents ou de bons espoirs.

«Tout ce qu’on fait dans le sport comporte un élément de danger, continue Anthopoulos.

«Quand on échange des joueurs d’avenir, on prend un risque.

«Par contre, on estime que nos nouveaux joueurs nous procurent une fenêtre de trois à cinq ans pour gagner.

«On parle de joueurs au sommet de leur potentiel et on veut tirer avantage de ça.»

Avec les Yankees qui vieillissent et les Red Sox qui ont perdu de leur lustre, le pari d’Anthopoulos paraît excellent.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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