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Bitonto et Altamura : petits bourgs médiévaux!

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 3e d'une série de reportages relatifs à un formidable voyage réalisé dans «l’autre Italie» à l’automne 2012.

Cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Bari, Bitonto et Altamura, Italie, jeudi 11 octobre 2012 – Pour notre deuxième journée dans les Pouilles, le programme des visites comporte trois petites villes : Bitonto et Altamura pour leur architecture apulienne en matinée et Matera pour ses habitations troglodytes après le dîner.

Bitonto est une cité médiévale du XIe siècle reconnue pour sa production d’huile d’olive, et ce, depuis le XIIIe siècle. C’est une ville aux allures moyenâgeuses qui abrite une charmante cathédrale. Quant à Altamura, dont les origines remontent au Ve siècle avant Jésus-Christ et qui a été reconstruite par Frédéric II au XIIIe siècle, elle est renommée pour son pain de blé local, le seul pain d’Italie ayant reçu une dénomination d’origine protégée… et nous y serons pour le dîner!

Photos ci-dessus : Le chef d’œuvre de la cathédrale San Valentino de Bitonto dans les Pouilles : l’ambon de Nicolaus, brillant de marbre et affichant un aigle supportant un magnifique lutrin. Par opposition à la chaire, qui sert uniquement à la prédication, l’ambon est utilisé tant pour la lecture des textes sacrés que pour la prédication. L’ambon comporte toujours un lutrin.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

En raison de notre départ de l’hôtel prévu pour 8 h 30 ce matin, le réveil se fait entendre dès 6 h 30. Nos bagages doivent être placés devant notre porte de chambre dès 7 h 10, car ce soir nous nous installons dans un nouvel hôtel, celui-ci situé à « Polignano a Mare »!

Après un autre agréable petit déjeuner au restaurant de l’Hôtel Palace de Bari, nous rejoignons nos camarades du groupe et grimpons dans l’autocar qui amorce sa course sur le bitume précisément à l’heure prévue. Notre guide locale dans les Pouilles, Grazia, est avec nous.

Nous filons vers Bitonto, une petite ville sise à une trentaine de minutes de route de Bari, la capitale des Pouilles, que nous laissons derrière nous après un séjour de deux nuits.

Le mercure indique 21 degrés Celsius lorsqu’Hugo, notre chauffeur dans le sud de l’Italie, immobilise son véhicule à un jet de pierre d’une des portes d’entrée de la vieille ville de Bitonto, une porte en arche nommée Porta Baresana. Avec une telle température, notre journée devrait être fort agréable.

Porta Baresana, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Une des portes d’entrée de la vieille ville de Bitonto, la « Porta Baresana ». Au Moyen-Âge, cinq portes semblables à celle-ci donnaient accès à la cité.

Tout à côté, impossible de ne pas remarquer une imposante tour angevine. Autrefois, la ville comptait 28 tours comme celle-ci! Elle mesure 24 mètres de hauteur et fait 16 mètres de large. La tour a longtemps été utilisée comme prison.

Tour angevine, Bitonto, Pouilles, Italie.

Tour angevine, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photos ci-dessus : Cette imposante tour angevine de Bitonto a été déclarée monument national italien en 1936.

Nous franchissons la porte Baresana et arrivons sur la piazza Cavour où, outre une partie des anciens murs de fortifications, nous pouvons admirer la devanture particulièrement morbide du « Palazzo Sylos Labini ».

Palazzo, Bitonto, Pouilles, Italie.

Palazzo, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photos ci-dessus : Un palais à la décoration curieuse!

La cathédrale San Valentino
De là nous nous engouffrons dans de petites ruelles qui nous mènent assez rapidement à la cathédrale San Valentino de Bitonto, dans laquelle nous entrons par une porte latérale.

Cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photos ci-dessus : La cathédrale San Valentino, vue d’une façade latérale. Au centre de la place, il y a un beau puits ancien.

Mais, à l’intérieur, une messe est en cours de célébration. Nous nous dirigeons vers l’arrière. Nous pouvons apercevoir un superbe ambon richement décoré, mais il est difficile de s’y approcher sans déranger les fidèles. Il semble également y avoir un bel autel, où, selon notre guide, il y a un crucifix remarquable.

À l’arrière de l’église, une cage de verre abrite une magnifique statue de la Vierge. La mère de Jésus y est tout habillée de noir et elle tient un mouchoir blanc. « C’est la vierge des douleurs », nous signale Grazia.

Cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Tout au fond de la cathédrale San Valentino on peut voir cet immense fond baptismal.

Cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Au deuxième étage, il y a un « matroneum », c’est-à-dire une galerie réservée aux femmes qui, au Moyen-Âge, désiraient assister aux offices.

Nous sortons par respect pour les fidèles et nous nous retrouvons sur la place de la cathédrale. Un obélisque sculpté prend place en son centre. À son sommet, une statue de la Vierge domine les lieux.

Obélisque de la cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : En 1731, un tremblement de terre a ébranlé les Pouilles. Toutefois, la cathédrale San Valentino de Bitonto a été épargnée. Il n’en fallut pas plus pour attribuer le tout à l’intervention de la Vierge Marie. L’évêque Gatta fit alors élever cet obélisque surmonté d’une statue en bronze de Marie… qui fut alors déclarée « Protectrice de Bitonto »!

Obélisque de la cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Une des belles sculptures qui décorent l’obélisque élevé à la Vierge.

Notre guide s’adresse à une personne à l’entrée de l’église (nous apprendrons par la suite qu’il s’agit d’un accompagnateur bénévole de la paroisse) et celui-ci nous amène dans la sacristie, d’où nous descendons dans la crypte où il y a plusieurs colonnes avec chapiteaux. Sur les murs, il y a des fresques remontant aux années 1200!

Crypte de la cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Une petite église prend place dans la crypte de la cathédrale San Valentino de Bitonto.

Tout à côté de la crypte, nous entrons dans une pièce où il y a des vestiges d’un temple du Ve siècle avant Jésus-Christ. Il y a des tombes de l’époque paléochrétienne, des vitrines où sont exposés des objets en bronze et une superbe mosaïque qui a été reconstituée.

Nous parcourons plusieurs couloirs qui nous mènent dans une nécropole, qui selon notre guide date de l’époque gréco-romaine. « C’est pourquoi nous pouvons supposer que ce site date d’avant l’époque chrétienne », précise-t-elle.

Ces vestiges ont été mis au jour en 1991 et le public peut les découvrir depuis 2002 seulement.

Crypte de la cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Des fouilles archéologiques réalisées sous la cathédrale San Valentino de Bitonto ont permis de mettre au jour cette superbe mosaïque représentant un griffon.

Nous revenons dans la crypte où nous pouvons admirer une grande crèche représentant un village d’époque où il y a des maisons, des arbres, des animaux et plusieurs personnages.

Crypte de la cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Dans la crypte, il y a ce gisant représentant un chevalier.

Crypte de la cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : L’autel de la crypte affiche un beau crucifix, « sculpté en bois d’olivier et datant de 1380 », nous précise l’homme qui nous menés dans la crypte, fort gentil qui se prénomme Vito.

Nous remontons dans l’église où la messe est terminée.

Nous avons enfin l’occasion de nous approcher de l’ambon. Il est très beau. Il y a un aigle qui tient sur sa tête un livre ouvert, « ce qui symbolise Saint-Jean l’évangéliste », nous précise notre guide. L’ambon date de 1500.

Pourtant, sur le site Internet http://thierry.jamard.over-blog.com/ on peut lire ceci sous la photo de l’ambon : « L’un des clous de cette cathédrale (Bitonto), c’est son ambon. Si l’on se penche pour voir sous son plancher, on peut lire l’inscription : “Nicolaus, prêtre et maître, a réalisé cette œuvre en l’année 1229” ».

Cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photos ci-dessus : Le magnifique ambon de la cathédrale de Bitonto.

Cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Le maître autel de la cathédrale de Bitonto. Il est de marbre et date des années 1600.

Nous sortons par la porte principale ce qui nous mène sur la façade principale de la cathédrale. Nous pouvons alors apprécier des scènes de la bible sculptées et deux colonnes supportées par des lions et surmontées de griffons.

Plus tard, notre guide nous précisera que « lions et griffons » gardaient les églises pour empêcher « le mal » d’y pénétrer.

Cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Cathédrale Saint-Valentin, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photos ci-dessus : La façade de la cathédrale de Bitonto.

Bitonto, la charmante
Nous quittons la place du duomo et poursuivons notre balade dans les petites rues de la vieille ville de Bitonto. Notre guide nous mène dans la cour intérieure d’un ancien palais devenu aujourd’hui la Galleria Nazionale della Puglia. Le palais, qui a appartenu à une famille noble au XVe siècle, a été restauré récemment.

Galleria Nazionale della Puglia, Bitonto, Pouilles, Italie.

Galleria Nazionale della Puglia, Bitonto, Pouilles, Italie.

Photos ci-dessus : Plantes et fleurs sont à l’honneur dans la cour intérieure de Galleria Nazionale della Puglia.

Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Le crépi des murs de certains édifices de Bitonto disparait avec le temps, laissant paraître les pierres utilisées initialement pour la construction.

Bitonto, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Superbe édifice observé lors de notre balade dans les petites rues de Bitonto.

Nous revenons au car et reprenons la route à 10 h 25.

Altamura : une autre cathédrale romane
Nous filons vers Altamura, littéralement la ville des hauts murs, une autre cité où Frédéric II a laissé son empreinte au XIIIe siècle.

Durant le trajet en car, Grazia nous mentionne que nous visiterons à Altamura une autre cathédrale de style roman. « L’édifice a été érigé dès 1233. Toutefois, il a été modifié en 1450 suite à un tremblement de terre, tout comme en 1650. »

Nous arrivons dans la ville sur le coup de 11 heures. Nous pouvons lire une affiche qui proclame « Altamura : bienvenue dans la ville du pain ».

Nous descendons du car et après avoir marché quelques pas, nous constatons que nous sommes à l’extérieur des murs de la ville et que des maisons ont été construites sur ces murs!

Notre guide attire notre attention sur une petite sculpture représentant un voleur. « Elle est là pour faire peur à la population », nous signale-t-elle.

Nous entrons à l’intérieur des murs et amorçons notre promenade sur la rue principale.

Avant d’arriver à la cathédrale, nous bifurquons dans une petite ruelle où nous aboutissons dans ce que notre guide nomme un « claustro ». Il s’agit en fait d’une cour intérieure ressemblant étrangement à un cloître. Tout autour toutefois, ce sont des logements. Les habitants se réunissent dans la cour intérieure de ce mini quartier.

Au centre, sur un pavé très ancien, il y a un puits. « Autrefois, il servait à récupérer les eaux pluviales », précise Grazia.

Nous revenons vers la rue principale et nous reprenons notre route vers la cathédrale.

Avant d’atteindre la cathédrale, nous entrons un court moment dans la petite église Saint-Nicolas. Elle est très ancienne, mais a été rénovée récemment. Le maître autel en marbre est joliment décoré.

Puis, nous voici devant la cathédrale où il y a une immense grue. On procède au nettoyage des deux tours.

La façade de l’édifice saint possède un riche portail sculpté de scènes de la bible… et comme pour les autres églises que nous avons vues depuis notre arrivée dans les Pouilles, il y a deux colonnes soutenues par des lions et une belle rosace.

Cathédrale de l’Assomption, Altamura, Pouilles, Italie.

Cathédrale de l’Assomption, Altamura, Pouilles, Italie.

Cathédrale de l’Assomption, Altamura, Pouilles, Italie.

Photos ci-dessus : La cathédrale de l’Assomption d’Altamura, ses tours, son portail et sa rosace.

À droite de la cathédrale, au fond d’une belle place, il y a une tour de l’horloge qui daterait de 1233.

Tour de l’horloge, Altamura, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : La tour de l’horloge, en fait le campanile de la cathédrale de l’Assomption d’Altamura.

Place de la cathédrale, Altamura, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Sur la grande place de la cathédrale, à la droite de la tour de l’horloge, il y a une sculpture en bronze représentant un soldat ayant combattu pour l’indépendance de l’Italie.

Nous entrons dans la cathédrale par la porte principale. Il y a d’abord une chapelle latérale où se trouve une crèche sculptée toute en pierre. « Elle date de 1550 », affirme notre guide.

Cathédrale de l’Assomption, Altamura, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Une magnifique crèche à l’intérieur de la cathédrale de l’Assomption d’Altamura.

L’intérieur de l’église est de style baroque. La chaise épiscopale et la chaire sont les chefs-d’œuvre des lieux.

Un tableau de l’Assomption de Marie trône au-dessus de l’autel. Le tableau date de 1650.

Cathédrale de l’Assomption, Altamura, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : La longue nef centrale de la cathédrale de l’Assomption.

Cathédrale de l’Assomption, Altamura, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Le plafond de la cathédrale d’Altamura est décoré d’or et de bleu. On remarquera également le « matroneum ».

Cathédrale de l’Assomption, Altamura, Pouilles, Italie.

Photo ci-dessus : Un superbe autel dans l’une des chapelles latérales.

Nous sortons.

Il est tout près de midi. Notre accompagnateur de Voyages Lambert, Jean-Marc Lechat, annonce « court dîner libre ».

Notre guide nous indique de petits commerces où nous pouvons nous restaurer: boulangerie, fromagerie, fruiterie, gelateria et un petit marché public.

Le rendez-vous pour reprendre le car est fixé devant la cathédrale à 12 h 45.

Céline et moi nous rendons tout d’abord au petit marché public. Nous y achetons une grappe de raisin vert et la dame ajoute quelques raisins rouges à notre commande… qui totalise 50 centimes d’euro!

Un peu plus loin, nous achetons quelques tranches de jambon farcies et dans un autre commerce des pains focaccia et un morceau de pizza. Nous prenons place sur deux petits tabourets et mangeons notre succulent « lunch ».

Nous rejoignons le groupe à 12 h 45 et tous ensemble nous marchons jusqu’au car qui quitte à 13 heures en direction de Matera qui est située à 17 kilomètres d’Altamura.

Méli-mélo
Bitonto compte sur une population de 56 000 habitants et est réputée pour sa production d'huile d'olive, que l’on retrouve d’ailleurs chez nous en Amérique.

Pour sa part, Altamura est le lieu de résidence de quelque 67 000 Apuliens. Elle est renommée pour son pain de blé local, le seul pain d’Italie ayant reçu la dénomination d’origine protégée.

Au Moyen-Âge, alors que les habitants de la ville utilisaient un four commun pour cuire le pain, chaque famille détenait son propre symbole qui apparaissait sur le pain.

À suivre
Matera, une cité classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses maisons grottes… qui furent désaffectées par une loi en 1953. Nous quittons les Pouilles pour une courte incursion en Basilicate!

Matera, Basilicate, Italie.

Photo ci-dessus : Matera, une ville dans les grottes.

Bibliographie
Atlas en fiches (Italie, Régions du Sud et les Apennins), Éditions Atlas, 2008;

Encyclopédie libre Wikipédia, Italie, Pouilles, Bari et de nombreuses autres pages;

Guide Voir, Italie, Éditions Libre Expression, 2007, 720 pages;

Lonely planet, Italie, Lonely Planet Publication, 2010, 836 pages;

Patrimoine mondial de l’UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages ;

Les Pouilles, civilisation, art et histoire,, Edizioni Kina Italia, 96 pages.

Commentaires (0) Trackbacks (0)
  1. Magnifique description avec photos, félicitations!
    Où trouve-t-on la suite? le texte commence le 11 octobre.
    Avec quel organisme avez-vous fait votre circuit?

  2. L’ambon de la cathédrale date bien de 1250 , et il représente la famille de Federico II, empereur germanique et roi de Jérusalem qui a régné sur la Sicile et le Royaume de Naples .
    Ce personnage ,d’une vaste culture , ennemi de l’Église , et féru des sciences de cette époque avait une mère d’origine française : Constance d’Hauteville .
    Son château de Castel Del Monte pas très loin de Bitonto, est un chef d’oeuvre basé sur le chiffre 8 ,et qui aujourd’hui encore est une énigme pour les chercheurs.
    Mais toute la cathédrale de Bitonto est une merveille , et peu connue des touristes , ce qui reste après tout une bonne chose…

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