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À défaut de jouer à Québec, Maxime Poulin a fait sa marque à Winnipeg

Revue de presse

Carl Tardif, Le Soleil, le 24 juillet 2012

Maxime Poulin(Winnipeg) Le numéro de Maxime Poulin est accroché sur le mur du champ gauche du Shaw Park, un privilège réservé à seulement trois joueurs de l'histoire de l'organisation. Pourtant, il n'a jamais défoncé les clôtures comme le faisait Eddie Lantigua au Stade municipal. Si le Beauceron a fait sa marque avec les Goldeyes de Winnipeg, c'est probablement en raison d'un manque de clairvoyance de Jay Ward, le premier gérant des Capitales de Québec.

Photo ci-dessus : Maxime Poulin a fait sa marque avec les Goldeyes de Winnipeg. (Photo « La Liberté, l’actualité en français au Manitoba)

Les chemins de Poulin et des Capitales se croisent, cette semaine, à l'occasion de la première visite du club de baseball indépendant de Québec à Winnipeg, où Poulin a joué pendant huit ans jusqu'en 2008. En semi-retraite, il ne ratera pas le rendez-vous puisqu'il habite toujours dans la capitale du Manitoba.

Encore aujourd'hui, l'avant-champ de 35 ans ne détesterait pas enfiler l'uniforme québécois. Il a d'ailleurs offert ses services à quelques reprises à Patrick Scalabrini, le gérant des Capitales qui a aussi été son coéquipier à Winnipeg en 2004 et 2005.

«Je pense que je pourrais jouer encore, je me garde en forme pour ça. Avec le règlement qui limite le nombre de vétérans à quatre par équipe, c'est difficile pour un joueur défensif comme moi de se trouver un poste. Les gérants préfèrent avoir un gros frappeur de ,300 et de circuits. À moins que je ne devienne lanceur, je pourrais être une recrue», reconnaît toutefois le natif de Beauceville qui a grandi à Saint-Jérôme et qui s'amuse encore dans une ligue senior de Brandon, où il joue à l'inter... et lance.

En 1999, Poulin avait participé au tout premier camp d'essai des Capitales. Le gérant de l'époque, le regretté Jay Ward, ne l'avait pas retenu, préférant faire confiance à des joueurs près de lui, et Poulin avait tenté sa chance avec les défunts Diamond Dogs d'Albany.

«Il m'avait appelé tout de suite après, mais je m'étais plutôt retrouvé en Louisiane. En 2001, j'aurais aussi pu encore faire le camp d'essai des Capitales, mais j'avais participé à celui des Goldeyes parce qu'il se tenait trois jours plus tôt. Ils m'ont gardé pour toute la saison et je ne suis jamais allé à Québec», racontait celui qui entretient de bonnes relations avec Michel Laplante. Il promet même d'organiser une ronde de golf cette semaine avec le président des Capitales, le gérant Patrick Scalabrini et l'instructeur des frappeurs, Pierre-Luc Laforest.

Huit ans avec les Goldeyes
Au terme de cette première campagne à Winnipeg, l'ex-gérant Hal Lanier l'invitait à revenir la saison suivante. En bout de ligne, Poulin aura passé huit ans chez les Goldeyes, jouant principalement à l'arrêt-court et conservant une moyenne globale de ,266.

«J'ai toujours rêvé de jouer dans les majeures, mais j'ai été chanceux d'aboutir à Winnipeg et d'y connaître une belle carrière. Les Goldeyes m'ont fait tout un honneur en retirant mon numéro 6 et chaque fois que je vais au stade, je le vois dans le champ gauche. Je suis resté proche de l'équipe, je mets encore leur gilet et ils m'aident un peu avec mon académie de baseball qui compte 700 jeunes.»

En 2005, Poulin s'est acheté une maison dans la région et il habite toujours là-bas. Il s'y était vite fait des amis, l'agglomération de Winnipeg comptant sur un fort contingent de francophones. Il pense que ça va jaser en français, cette semaine, lors du passage des Capitales. «Je ne suis pas sûr que les amateurs connaissent beaucoup les Capitales, mais ils seront heureux de revoir Scal», disait-il à propos du gérant.

Jardin secret à partager
Tant qu'il sautait sur un losange de baseball, Maxime Poulin n'avait pas à fouiller dans son jardin secret. Mais une fois à la retraite, sa routine quotidienne modifiée, les mauvais souvenirs ont resurgi, chaque pensée faisant plus mal qu'une rapide échappée par le lanceur adverse. Abusé sexuellement par un adulte alors qu'il n'était qu'un enfant, le sportif a frôlé l'abime avant de sortir la tête de l'eau.

Aujourd'hui, il peut crier victoire. Il a surmonté l'humiliation des gestes posés à son endroit et la gêne d'en parler ouvertement. Avec l'aide d'un ami qui l'a empêché de commettre l'irréparable, l'homme de 35 ans n'a plus peur et il se présentera dorénavant au bâton pour défendre une cause qui lui tient à coeur.

«Il s'est passé pas mal d'affaires dans ma vie, mais j'ai réussi à m'en sortir. Quand j'ai dévoilé ce qui m'était arrivé, les gens sont tombés sur le dos. Ma douleur était invisible, mais elle se tenait pas loin. Tant que je jouais au baseball, ça allait, mais quand j'ai arrêté, ç'a frappé fort», raconte celui qui a dévoilé, en mai dernier, qu'il avait songé au suicide, huit mois plus tôt.

Sauvé par le baseball
Depuis, il s'est impliqué au sein de l'organisme Au-delà des frontières [Beyond Borders] qui vient en aide aux jeunes agressés et victimes d'exploitation sexuelle. Il a organisé un déjeuner-causerie intitulé Men Up for Max pour parler publiquement de ce fléau. L'an prochain, il tiendra son premier tournoi de golf à Winnipeg afin d'amasser des fonds.

«J'ai l'intention de m'impliquer encore plus, je veux grimper les échelons dans cet organisme. Ce que je voulais en faisant connaître mon histoire, c'était d'aider un jeune, mais c'est fou le nombre de messages et de témoignages que je reçois. J'écoute ce que les jeunes ont à me dire. Moi, quelqu'un m'a écouté et ça m'a aidé. J'aurais dû en parler avant, mais je laissais cela dans un tiroir.»

Poulin n'a jamais sombré dans le vice de l'alcool et de la drogue pour oublier son malheur. Il avait quelque chose pour s'accrocher, le baseball. Il n'ose pas s'imaginer ce qu'il serait devenu sans cette bouée de sauvetage.

«Le baseball m'a choisi, en quelque sorte, ça m'a probablement sauvé parce que j'adorais ce sport. Et maintenant que je ne joue plus, je me suis trouvé une autre passion», disait-il sans hésiter à bifurquer vers ce sujet au cours d'un récent entretien téléphonique d'une trentaine de minutes.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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