6
Juin/12
0

Longue, longue visite du Musée du Vieux Toulouse!

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 55e d’une série de reportages relatifs à un superbe périple qui nous a menés, au printemps 2012, à Barcelone en Espagne… puis dans le sud de la France, tout d’abord à Avignon, puis à Arles, à Nîmes, au pont du Gard, à Toulouse…

Musée du Vieux Toulouse, Toulouse, France

Toulouse, France, vendredi 18 mai 2012 – Nos visites du Musée de la Fondation Bemberg, de l’église Notre-Dame-du-Taur et de la basilique Saint-Sernin, réalisée plus tôt dans la journée nous ont vraiment impressionnés. C’est donc encore sur le coup de l’émerveillement que nous avons joint un groupe de touriste pour une visite guidée du Musée du Vieux Toulouse. Un guide passionné de sa ville de Toulouse qui deux heures et demie durant nous a fourni une multitude d’informations… qui nous aideront certainement à mieux comprendre la ville rose au fil de nos prochaines visites!

Photo ci-dessus : Napoléon est venu à Toulouse en 1808 et 323 Toulousains ont enfilé l’uniforme pour créer une garde d’honneur pour l’Empereur.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Le Musée du Vieux Toulouse
Après la visite très intéressante de la basilique Saint-Sernin, nous reprenons notre route pour nous rendre au musée du Vieux Toulouse où nous arrivons à 14 h 50, en vue de la visite guidée de 15 heures.

L’ancien Hôtel Dumay, construit en 1590 pour un médecin toulousain réputé, le docteur Antoine Dumay, abrite depuis 1955 les collections du Musée du Vieux Toulouse, et ce, bien que l’institution muséale, appartenant à la Société les Toulousains de Toulouse, existe depuis 1907.

Nous sommes chanceux. Le musée vient tout juste de rouvrir, ayant été fermé pour restauration de 2008 à 2012.

Hôtel Dumay, Toulouse, France

Photo ci-dessus : L’hôtel Dumay et sa tour.

Hôtel Dumay, Toulouse, France

Photo ci-dessus : La cour intérieure de l’hôtel Dumay.

On y présente, nous précisent les documents publicitaires du musée « des objets évoquant l'histoire de la ville de Toulouse, de l'antiquité à nos jours ».

À deux, il nous en coûte 5€ pour y entrer, et ce, incluant la visite guidée! Une aubaine.

Notre groupe est composé de 22 personnes et la durée prévue de la visite est de 1 h 30.

Notre guide est particulièrement dynamique… et fort volubile!

Nous amorçons la visite en nous regroupant dans une salle aux murs lambrissés dominée par une belle cheminée en marbre et des placards en bois d’époque, datant, dit-on, de 1770. Notre guide ferme la porte et nous brosse un long historique, assez décousu avouons-le, de la ville de Toulouse.

« Bientôt, dit-il, nous fêterons le bimillénaire de Toulouse. Autrefois, la ville rose a été une ville de garnison. Elle était fortifiée. Les seuls remparts restants peuvent être vus entre les ponts Saint-Michel et Saint-Pierre. Aujourd’hui, les boulevards ont remplacé les remparts! »

« À l’époque romaine, une partie de la ville était située à l’extérieur des remparts initiaux, comme si la ville était séparée en deux. »

« La porte narbonnaise qui permettait l’entrée dans Toulouse a été transformée en forteresse à l’époque romaine. Aujourd’hui, il ne reste que des vestiges de cette porte… dans le sous-sol du palais de justice actuel. »

« Le faubourg Saint-Cyprien, le quartier où nous demeurons durant notre séjour à Toulouse, était un quartier pauvre jusqu’en 1950… et il était régulièrement inondé, car la Garonne sortait souvent de son lit au printemps, lorsque les eaux venant des Pyrénées arrivaient en abondance. Souvent, le quartier se retrouvait sous trois mètres d’eau. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, le quartier étant protégé des crues. »

« À compter de 1657, on commence la construction du canal du midi, et ce, de la Méditerranée jusqu’à la ville de Bordeaux. Au XVIIe siècle, c’est le plus gros chantier de France. Sa construction exigera 24 années de dur labeur. Normal, le tout nouveau cours d’eau s’étire sur 240 km de longueur, il compte 64 écluses, 150 ponts et aqueducs divers!

Jamais il ne fut possible de dénombrer le nombre de passagers, dont beaucoup de militaires, qui ont navigué sur le canal dans toutes sortes de barques, mais une chose est certaine, ils ont été très nombreux. Longtemps, le transport du blé, du vin et des grains s’est effectué sur le canal du Midi. »

Il fait excessivement chaud dans cette salle et il y a déjà longtemps que nous sommes dans la même pièce.

Enfin, nous changeons de salle et notre guide commence à nous expliquer quelques peintures…, revenant toutefois rapidement à l’histoire de Toulouse.

« Les moulins du Bazacle, qui ont servi à transformer les blés récoltés dans la plaine toulousaine en farine durant des siècles, sont devenus aujourd’hui une centrale hydraulique… »

« Le Pont-Neuf a été construit entre 1544 et 1632… »

« Le pont de Tounis a été construit entièrement en briques, entre 1514 et 1516. Il est le plus vieux pont de Toulouse... »

« Lorsque l’on franchit la porte Saint-Cyprien, cela signifie que l’on entre dans la région du Languedoc... »

« Jusqu’en 1938, il fallait payer pour entrer dans Toulouse… »

« Il y a beaucoup d’hôtels anciens à Toulouse. Des bâtisses datant de la fin du XVe siècle, du XVIe et du début du XVIIe siècle, et ce, en raison du commerce important du pastel, un commerce qui a fait la fortune de nombreux commerçants toulousains... »

« Il y a plusieurs tours capitulaires à Toulouse. On les appelle « Tours des Capitouls » ou encore « Tours d’orgueil ». Ce sont de petites tours rondes installées sur les hôtels particuliers. Ces tours ont été érigées à la Renaissance. Elles ornent les maisons des Capitouls, ces bourgeois anoblis, qui bénéficiaient du privilège d'élever une tour dépassant les toits de la ville… afin d’exposer leur puissance et leur richesse. Il en subsiste plusieurs dizaines aujourd’hui dans la ville. »

Nous entrons justement dans la salle des Capitouls, ces notables qui sont chargés d’administrer la ville. Les œuvres que nous voyons présentent des personnages ayant vécu de 1170 à 1790!

Musée du Vieux Toulouse, Toulouse, France

Photos ci-dessus : Une des salles du musée du Vieux Toulouse

« Ailleurs en France, les villes étaient dirigées par des conseils allant de 4 à 24 administrateurs à la fois. À Toulouse, 8 capitouls élus, un par quartier, administraient la ville. Chacun avait ses fonctions propres et tous servaient pour des mandats d’une année. Ils siégeaient, vêtus d’habits noir et rouge, dans le grand consistoire situé dans le donjon du Capitole, où aujourd’hui on retrouve l’Office du tourisme.

Des règles précises s’appliquaient aux choix des capitouls. Ainsi, un des huit devait avoir de l’expérience, tandis que les sept autres étaient des nouveaux… De plus, l’un d’eux ne devait pas provenir de la noblesse, mais bien de la bourgeoisie. Ce dernier, au terme de son mandat, était toutefois anobli! »

« Toulouse était la capitale du Languedoc… une cité très catholique. D’ailleurs, ils ont chassé les protestants en 1562… »

Notre guide profite de l’occasion pour nous raconter l’histoire relative à une toile que nous voyons. Elle représente un jeune homme retrouvé pendu… car, dit-on, il voulait se convertir au catholicisme alors que ses parents s’y opposaient.

Musée du Vieux Toulouse, Toulouse, France

Photos ci-dessus : « L’affaire Calas, une œuvre de 1879 de Casimir Destrem.

L’encyclopédie libre Wikipédia raconte d’ailleurs fort bien cet épisode de la vie de Toulouse, connu sous le nom de « L’affaire Calas » Nous le présentons ci-dessous littéralement :

« Jean Calas, riche marchand d'étoffes et sa famille habitent au 16, rue des Filatiers, à Toulouse. Le 13 octobre 1761, son fils aîné, Marc-Antoine, est retrouvé pendu dans sa maison, à la poignée d'une porte de la boutique. Le corps est découvert à 22 heures après le souper, qui réunissait à l'étage le père et la mère Calas, les deux fils Marc-Antoine et Pierre et un invité de passage, Gaubert Lavaisse.

Ses parents déclarent l'avoir trouvé « étranglé », évoquant le crime d'un inconnu.

Immédiatement appelés sur les lieux, les médecins constatent que la cravate de Marc-Antoine masque les marques d'une double strangulation. Meurtre ou suicide ?

Toujours est-il que les Calas, l'invité Gaubert et la servante Jeanne Viguière, bonne catholique, sont accusés du meurtre. L'attitude de la famille est, en effet, suspecte, car celle-ci reconnaît, après trois jours d'interrogatoire à l’hôtel de ville, avoir détaché Marc-Antoine pour camoufler le suicide et éviter ainsi à ce dernier qu'il ne subisse le traitement alors infligé aux suicidés, « être traîné sur la claie » (cadavre traîné face contre terre puis jeté aux ordures).

Mais les Calas, de confession protestante, sauf l'un des fils, Louis, converti au catholicisme et affilié à la Confrérie de pénitents blancs, continuent à pratiquer leur foi, et cela suffit pour que le capitoul David de Beaudrigue, convaincu par des rumeurs de voisinage alléguant la volonté de Marc-Antoine de choisir réellement la religion catholique et accusant son père de l'avoir assassiné afin qu'il ne se convertisse pas, exige un complément d'enquête et fasse soumettre Jean Calas à la torture.

Le verdict du procès de Jean Calas par le parlement de Toulouse le 10 mars 1762, est la condamnation à mort par étranglement sans que le jugement ne soit motivé. Calas est condamné au supplice de la roue. Il subit la question, une longue séance de torture, mais n'avoue rien. Il clame son innocence. Roué Place Saint-Georges, Jean Calas est étranglé puis brûlé deux heures plus tard. »

Puis, notre guide attire notre attention sur une vitrine où prennent place des trophées en forme de fleurs en or et en argent!

« L’Académie des Jeux floraux existe à Toulouse depuis 1323 et elle est certes la société littéraire la plus ancienne du monde occidental. Ell organise chaque année un concours de poésie qui récompense les auteurs des meilleures poésies en français et en occitan. Les trophées qui sont décernés prennent la forme de cinq fleurs d'or ou d'argent : la violette, l'églantine, le souci, l'amarante et le lys. »

Notre guide ajoute fièrement que Napoléon est venu à Toulouse en 1808. « Pour l’occasion, nous précise-t-il, 323 hommes de Toulouse ont créé une garde d’honneur ».

Un uniforme authentique de cette cérémonie est exposé sur un mannequin.

Musée du Vieux Toulouse, Toulouse, France

Photos ci-dessus : Un des uniformes revêtus par les Toulousains lors de la visite de Napoléon.

Nous entrons dans la salle des artistes toulousains. Notre guide affirme que « l’École de Toulouse » a bonne réputation en France depuis le début du XXe siècle.

Musée du Vieux Toulouse, Toulouse, France

Photos ci-dessus : Portrait de mademoiselle Lescot, une huile sur toile de l’artiste toulousain Joseph Roques datant des environs de 1790.

Une autre salle présente des affiches de quatre théâtres ayant attiré les foules à Toulouse : le théâtre populaire, le théâtre des variétés, le théâtre du Capitole, le plus ancien, il date de 1736, et le théâtre Montcavrel.

« Demain, c’est la nuit des musées », nous indique notre guide. Il ajoute que pour l’occasion l’on chantera la chanson « La Toulousaine »… en occitan.

« Cette chanson, « La Toulousaine » ou « Ò mon país » en occitan, ajoute-t-il, a été écrite par Lucien Mengaud sur une musique de Louis Deffès. Elle est devenue l’hymne de la ville de Toulouse et a, notamment, inspiré Claude Nougaro pour sa chanson « Toulouse ».

Il nous la chante et nous l’applaudissons.

Nous sortons à l’extérieur sur une passerelle entre deux bâtiments… nous donnant ainsi l’occasion de prendre une bouffée d’air frais.

Notre guide profite de ce moment pour nous dire que l’édifice, lors de sa construction, appartenait à monsieur Antoine Dumay père, qui était le médecin de la reine Marguerite de Valois, première épouse d’Henri IV, qui fut roi de France de 1589 à 1610.

Hôtel Dumay, Toulouse, France

Photos ci-dessus : Bien que nous n’en voyons qu’une, l’Hôtel Dumay possède deux tours capitulaires. C’est le seul bâtiment de Toulouse à afficher deux tours.

Nous entrons dans une petite pièce où il y a plusieurs objets hétéroclites, dont un « surjoug », un objet très rare.

« Le surjoug, nous explique-t-il, est un objet en bois tourné, de forme allongée, sculpté et travaillé à la main. Il était placé sur une tige centrale sur le joug et il permettait de l'équilibrer en obligeant les bovins attelés à conserver une bonne position de travail, améliorant ainsi leur productivité. C'est aussi un objet décoratif, destiné à monter la virtuosité de son auteur et en ce sens faisait souvent la fierté de son propriétaire »

En vitrine, il y a des costumes régionaux, des beaux châles, des coiffes de Toulouse, des robes, des chapeaux de paille.

Musée du Vieux Toulouse, Toulouse, France

Photos ci-dessus : Un des beaux costumes régionaux qui sont exposés.

La visite se termine à 17 h 30… deux heures et demie de visite!

Nous sommes exténués. Le guide a été des plus intéressants. Il possédait beaucoup de connaissances et affichait une grande passion pour sa ville. Nous avons appris beaucoup, mais c’était beaucoup trop en si peu de temps.

Nous revenons à notre appartement vers 18 heures… pour une soirée de repos bien méritée.

À suivre…
L’école des Beaux-Arts de Toulouse et l’église Notre Dame de la Daurade.

Église Notre-Dame-de-la-Daurade, Toulouse, France

Photo ci-dessus : La façade principale de la basilique Notre-Dame-de-la-Daurade, elle qui jouxte l'École des Beaux-Arts de Toulouse.

Bibliographie
Atlas en fiches, Ville de Toulouse, Région Midi-Pyrénées, la Garonne, les canaux de France et le tourisme en France, Éditions Atlas, 2008;

Encyclopédie libre WikipédiaToulouse et plusieurs autres pages;

Guide Lonely Planet, Toulouse en quelques jours, Hervé François, Lonely Planet, 2010, 160 pages;

Toulouse, Éditions MSN, 2003, 32 pages;

Le Patrimoine mondial de l'UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages.

Remplis sous: France, Voyages Mots clés: ,
Commentaires (0) Trackbacks (0)

Aucun commentaire pour l'instant

Laisser un commentaire


Aucun trackbacks pour l'instant