San Gimignano, ma tour sera plus haute que la tienne

Revue de presse

Nicole Pons, Le Devoir, le 21 janvier 2012

San Gimignano — Dans la paisible campagne toscane, dominant le val d'Elsa, sur fond de collines, de cyprès et d'une mer d'oliviers s'étendant à perte de vue, la pittoresque petite ville de San Gimignano est moins connue que ses grandes sœurs voisines, Florence et Sienne.

Pourtant, avec son décor architectural des XIIIe et XIVe siècles aux teintes ocre rose, presque intact, ses palais nobles et son atmosphère médiévale, elle a été classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1990.

Photo ci-dessus : San Gimignano, ancien village étrusque qui s’est développé au Moyen-Âge, est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1990. (Photo Céline Lanciault)

Ancien village étrusque qui s'est développé au Moyen Âge, ce petit bijou à l'allure tranquille, blotti au creux de sa double enceinte de murailles comme un escargot dans sa coquille, a été le théâtre d'une guerre de clans féroce dès le XIIIe siècle. Les partisans du pape (guelfes) et ceux de l'empereur (gibelins) s'entre-déchirent alors en Toscane. Commune libre déjà très florissante, la ville est habitée par de riches familles.

Chacune voulant montrer qu'elle est plus puissante que l'autre, les familles se lancent dans une course folle; c'est à qui construira la tour la plus haute au-dessus de sa maison. Plus ma tour est haute, plus je suis quelqu'un d'important! En ces temps agités, c'est aussi un bon moyen pour surveiller l'horizon. Appelée «San Gimignano delle belle torri», la cité comptera jusqu'à 72 maisons-tours, dont 13 subsistent aujourd'hui.

Pour cette bourgade de 7800 habitants, c'est remarquable, car tout est rassemblé dans un espace très restreint et de plus, par bonheur, piéton. Presque collée à la triangulaire Piazza della Cisterna, coeur battant de la ville entouré de palais médiévaux et orné au centre d'un puits datant du XIIIe siècle, la Piazza del Duomo en compte sept, dont les tours jumelles de la puissante famille Salvucci, datant de 1255.

Du sommet de la Torre Grossa, la plus haute des tours (54 mètres) et la seule qui se visite, la vue sur le dédale serré de ruelles pavées et sur les tours émergeant des toits couleur pain brûlé, avec en toile de fond la verdoyante campagne toscane, est réjouissante. À portée de main, la Torre Rognosa, au-dessus du Palazzo del Podestà, est l'une des mieux conservées. Ouvert en 2010, le remarquable musée San Gimignano 1300 (www.sangimignano1300.com) offre un voyage au temps de la grande époque de la ville: extraordinaire maquette en céramique de 31 mètres carrés, réalisée à la main par des artistes, reconstitution fidèle au 1/100e du centre historique au XIVe siècle et de chaque édifice dans les moindres détails; drapeaux des contrades, informations sur la construction des tours, installations scéniques de moments de la vie de l'époque. À ne pas rater! Comme les fresques du Trecento de l'école siennoise dans la Collégiale romane Santa Maria Assunta, celles du Quattrocento de Benozzo Gozzoli dans l'église Sant'Agostino, ou les ateliers des artisans céramistes. Après ça, un verre de Vernaccia, célèbre vin local à la couleur jaune paille issu du cépage du même nom, sera le bienvenu!

En vrac
Hotel Leon Bianco, Piazza Cisterna, 13. Sur la place la plus célèbre, un hôtel familial de charme au cachet authentique d'un palais médiéval du XIIe siècle avec sa cour centrale, ses poutres et ses plafonds à arcades. Certaines chambres donnent sur la campagne. Atmosphère douillette. Très bon rapport qualité-prix. 0577-941294, www.leonbianco.com.

Ristorante Cum Quibus, Via San Martino, 17. Le meilleur de la cuisine traditionnelle toscane, dans une petite salle aux murs de pierre. Bistecca alla fiorentina, risotto al zafferano (le safran produit à San Gimignano est excellent). Fermé le mardi. Réserver. 0577-943199.

Renseignements: www.sangimignano.com.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.