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Après le Colisée de Rome et l’amphithéâtre de Vérone, voici celui de Pula!

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 4e d'une série de reportages relatifs à une longue balade en Croatie, à laquelle se sont greffées de trop courtes incursions en Bosnie-Herzégovine et au Monténégro, le tout réalisé à l’automne 2011.

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.Pula, Istrie, Croatie mardi 4 octobre 2011 – Pour une première journée de tourisme en Croatie, quelle journée! Après les visites de deux superbes villes, Poreč et Rovinj, voilà que nous sommes à Pula où nous nous extasierons tout d’abord devant un des six amphithéâtres romains encore debout aujourd’hui, puis pour une foule de vestiges des empires romain et byzantin qui avaient fait de cette ville d’Istrie leur base stratégique. Et en soirée, un souper sur le Lungomare à Opatija face au saisissant golfe de Kvarner.

Photo ci-dessus : L’amphithéâtre romain de Pula date du premier siècle. Le mur extérieur des premier et deuxième étages de l’édifice affiche pas moins de 72 arcs, tandis que le troisième est percé de 64 fenêtres rectangulaires.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Pula, est une ville de quelque 60 000 habitants reconnue pour son chantier naval, ses monuments romains et l’affluence de touristes. Pour nous y rendre, nous devons parcourir en direction du sud les 90 km qui la séparent de Rovinj d’où nous partons à 15 heures.

Sur notre route, nous traversons Bale, une ville médiévale et Vodnjan, une cité dont le campanile de l’église Saint-Blaise qui, à 63 mètres est aussi haut que celui de la cathédrale Saint-Marc à Venise, est le plus haut campanile de la région. Vodnjan est également réputée pour son huile d’olive et pour abriter la plus grande communauté rom de toute la péninsule istrienne.

Nous croisons un immense champ avec de jeunes plants d’olivier. C’est la plus grande oliveraie du pays. Il y a dix ans, c’était la forêt ici, mais un incendie a tout ravagé.

Nous empruntons une petite route de campagne et arrivons finalement à Pula à 15 h 40. Nous descendons près de la gare ferroviaire qui n’est qu’à un jet de pierre de l’amphithéâtre romain.

L’amphithéâtre romain de Pula
« L’amphithéâtre a été construit en pierre calcaire blanche provenant de la région », nous précise Ljerka, notre guide locale en Istrie. « Les pierres ont été lavées il y a une vingtaine d’années », ajoute-t-elle. Résultat, l’édifice paraît encore mieux conservé.

Pour nous qui avons déjà eu la chance de nous extasier devant le Colisée de Rome, puis devant l’amphithéâtre de Vérone, de visiter celui de Pula en aussi bonne condition de conservation, sinon plus, que les deux premiers, c’est tout simplement fantastique.
Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Des travaux d’entretien sont en cours comme le démontrent des échafaudages et un petit abri de bois installé à la porte d’entrée. Ces installations sont certainement dues à la fin de la période touristique, car nous sommes presque seuls à visiter cet incroyable édifice.

La construction date de l’époque de Vespasien qui a été empereur romain de 69 à 79. L’immense amphithéâtre comptait 23 000 places à l’époque romaine, et ce, alors que la population locale n’était que de 5 000 habitants. Toutefois, les gens accouraient de partout en Istrie pour assister aux combats. Pour les jeux, contrairement à Rome où les lions faisaient la loi dans l’arène, ici on utilisait des ours et des loups comme fauve.

Nous entrons. Wow!

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Au XXe siècle, des gradins ont été réaménagés pour profiter des propriétés acoustiques exceptionnelles de l’endroit. L’été, il y a des soirées d’opéra, de théâtre et même de cinéma. On peut y accueillir 5 000 personnes.

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photos ci-dessus : Sous les gradins initiaux, il y avait des couloirs qui permettaient aux gladiateurs de circuler.

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Au XVIe siècle, une partie des pierres de l’amphithéâtre furent utilisées pour construire le château de la forteresse vénitienne de Pula. Mais au début des années 1800, le général français Marmont entreprit la restauration de l’édifice.

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : L’alignement des colonnes est impressionnant.

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Notre guide Ljerka présente l’amphithéâtre aux membres de notre groupe.

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Qu’une telle structure de pierres tienne encore debout après tout près de 2000 ans, c’est plus qu’impressionnant!

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Lors de cette première journée de visites, Céline a eu l’occasion de noircir de nombreuses pages de son cahier de notes!

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Derrière l’amphithéâtre, nous pouvons apercevoir un campanile typiquement vénitien.

À une certaine époque, les Vénitiens caressaient le projet de transporter les gradins et les pierres de l’amphithéâtre sur l’île de Lido! Toutefois, les autorités de Pula ont réussi à les en dissuader. Une chance pour nous.

Cependant au fil des siècles, plusieurs des gradins et des pierres de l’édifice ont été subtilisés pour d’autres constructions de la ville.

Le sous-sol de l’arène a été aménagé en salle d’exposition relative à la culture de la vigne et à la fabrication du vin à l’époque romaine. Nous descendons. Nous n' y verrons pratiquement que d'anciennes amphores!

Sous-sol de l’amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Sous-sol de l’amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Sous-sol de l’amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photos ci-dessus : Des amphores et encore des amphores!

La vieille ville de Pula
Nous ressortons de l’amphithéâtre et poursuivons notre promenade de la plus grande ville de la péninsule de l’Istrie.

Amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Un dernier regard sur le majestueux amphithéâtre de Pula.

Campanile tout près de l’amphithéâtre romain de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Tiens, voici le campanile que nous avons aperçu de l’intérieur de l’amphithéâtre.

Tout au long de notre promenade, notre guide commente les édifices que nous croisons. « Après la guerre, où la région a été sous la domination des fascistes italiens, puis des Allemands, le gouvernement yougoslave a procédé à la construction de nombreuses tours d’habitations à loyer modique (HLM), et ce, à proximité de bâtiments datant de la période autrichienne… dénaturant ainsi l’harmonie du paysage », déplore-t-elle.

Soudain, Ljerka attire notre attention sur un immense, et superbe, « pot à fleurs » qu’elle nomme un « dolia ».

Dolia, Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Une petite recherche sur Internet dans l’encyclopédie libre Wikipédia nous apprend que le mot dolia est en fait le pluriel de dolium. Un dolium étant un vase de très grande taille, pouvant atteindre une capacité de 1 200 litres, qui servait de citerne à vin, à huile ou à stocker des céréales. Il était parfois enfoui comme grenier enterré. Une fois en place, les dolia ne pouvaient être déplacés : il fallait puiser dedans pour les vider. Avouons qu’il est superbe en tant que « pot à fleurs ».

Fontaine, Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Un peu plus loin, nous croisons cette curieuse fontaine dans un parc.

Nous longeons les remparts de l’ancienne ville qui sont entremêlés de colonnes. Tout en face des fortifications, il y a un grand bâtiment blanc datant de l’époque fasciste. C’est aujourd’hui un haut lieu de la finance croate.

Remparts de Pula, Croatie.

Remparts de Pula, Croatie.

Photos ci-dessus : Les remparts de Pula sont un amalgame de pierres provenant d'autres édifices de la ville. D’ailleurs, sur la deuxième photo ci-dessus, on peut voir des inscriptions sur certaines pierres.

Nous arrivons devant une des anciennes portes de la ville. Il s’agit de la porte d’Hercule, creusée à même les remparts.

Porte d’Hercule, Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : La porte d’Hercule a été construite au milieu du premier siècle avant J.-C. En son centre on peut voir une sculpture représentant la tête d’Hercule, d’où vient le nom de la porte d’ailleurs.

Sculpture moderne à Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : À quelques pas de la porte d’Hercule, devant une galerie d’art, nous pouvons admirer cette sculpture moderne.

Puis, nous voilà devant un magnifique arc de triomphe. Il s’agit de l’arc des Sergii élevé en l’an 27 avant J.-C., en hommage à trois membres importants de cette famille romaine.

Arc de triomphe des Sergii, Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : L’arc de triomphe des Sergii, dont une Romaine, Salvia Postuma, a été la commanditaire.

Cet arc de triomphe donne accès à une rue piétonnière de la vieille ville où il y a tout plein de commerces et de terrasses. Ça ressemble un peu à la « Rambla » de Barcelone.

Sur la première terrasse que nous croisons, il y a une statue en bronze! C’est celle de l’écrivain irlandais James Joyce qui vivait ici au début du XXe siècle. En effet, en 1904 il enseignait l’anglais à l’école Berlitz de Pula.

Bronze de James Joyce, Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Joyce adorait s’asseoir sur la petite terrasse du café-bar « Uliks » pour regarder vivre les gens. Le bronze est l’œuvre du sculpteur Mate Čvrljka un des représentants de la sculpture croate moderne.

Maison de Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Cette maison semble construite à même les anciennes fortifications de la ville. On peut y voir trois sculptures en son centre.

Nous arrivons sur la place principale qui à l’époque romaine était le forum. Nous y retrouvons le temple d’Auguste qui a été sévèrement endommagé durant la guerre et réparé depuis. « Il paraît maintenant plus vieux qu’avant », laisse tomber notre guide, elle qui habite justement la ville de Pula!

Temple d’Auguste, Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Le portique du temple d’Auguste est supporté par six colonnes aux chapiteaux corinthiens.

Temple d’Auguste, Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Tout à côté du temple d’Auguste, il y a ce magnifique cyprès.

Sur cette place, il y a également l’édifice de la mairie de Pula, qui a été érigé en 1296.

La mairie de Pula, Croatie.

La mairie de Pula, Croatie.

Photos ci-dessus : La mairie de la ville de Pula et ses nombreux drapeaux

Notre guide nous mentionne que les autorités municipales font d’importants efforts pour reconstruire les façades des bâtiments devenus dangereux, et ce, malgré la difficile période économique actuelle.

Nous passons devant la cathédrale de Pula, datant du Ve siècle, qui est fermé. Son clocher est séparé de l’église.

Au sujet de la cathédrale, Ljerka précise : « Il y a beaucoup de corruption en Croatie. Par le passé, le gardien de la cathédrale exigeait de l’argent des guides pour laisser entrer les touristes. Les guides ont alors décidé de boycotter l’église… qui a fermé ses portes depuis. »

Puis, surprise, Ljerka attire notre attention sur un petit édicule à notre gauche. « Voici un des “pissoirs” de Mussolini… ». Et c’est vraiment un urinoir, puisqu’un homme s’y exécute! Le plus frappant, est qu’il est situé tout à côté de la cathédrale.

Pissoir de Mussolini, Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Un « pissoir de Mussolini »…

Finalement, sur le chemin du retour vers le car, nous croisons un monument érigé à la mémoire des victimes du deuxième conflit mondial, comme nous en avons vu souvent en Europe.

Monument Deuxième Guerre mondiale, Pula, Croatie.

Photo ci-dessus : Hommage aux victimes de la Deuxième Guerre mondiale.

Nous remontons dans le car à 17 h 25, sans notre guide locale, qui, étant dans son patelin, ici à Pula, ne nous raccompagnera pas à Opatija. Nous la retrouverons toutefois demain, car c’est elle qui guidera notre visite du parc des lacs de Plitvice.

Nous reprenons la route en direction de notre hôtel à Opatija. Nous y arrivons à 19 h, évidemment épuisés. Nous avons une très courte période de repos, car nous redescendons retrouver le groupe dans le lobby de l’hôtel à 19 h 45.

Nous nous rendons alors, à pied, jusqu’à l’hôtel Savoie pour un souper sur une terrasse au deuxième étage de l’hôtel… en bord de mer.

C’est d’ailleurs, un excellent souper : risotto aux fruits de mer, calmar, pommes de terre, salade mixte, dessert aux pommes et vin blancs inclus.

Céline, qui ne mange pas de poisson ni de fruits de mer, a eu le loisir de choisir son repas dans le menu du restaurant! Wow!

Nous retournons à la chambre un peu après 22 heures, heureux de cette belle journée et de cette fort belle soirée… Personne n’aura à nous chanter une berceuse pour nous endormir!

Méli-mélo
L’Istrie doit son nom au peuple des Histres qui s’est installé dans la région quelque 1 000 ans avant notre ère. Leur capitale était située tout près de Pula.

Les Romains ont conquis l’actuelle ville de Pula en 177 av. J.-C.

Les principales villes de l’Istrie en fonction de leur population sont Pula (60,000), Rovinj (20,000), Poreč (13,000), Labin, Umag et Pazin.

L’Istrie accueille en moyenne 2 millions de visiteurs par an.

Il y a huit parcs nationaux en Croatie. Demain, nous en visiterons un, celui des lacs de Plitvice.

Quelques mots de croate
Nous aurions probablement dû commencer par cela ! Voici donc comment il faut prononcer les lettres en croate (1) :

e: prononciation en français : é Exemple : Pale en croate, Palé en français;

u: prononciation en français : ou Exemple : Pula en croate, Poula en français;

c: prononciation en français : ts Exemple : Caribrod en croate, Tsaribrod en français;

č: prononciation en français : tch Exemple : Ploče en croate, Plotché en français;

ć: prononciation en français : tch Exemple : Bihać en croate, Bihatch en français;

đ: prononciation en français : dj Exemple : Tuđman en croate, Poula en français;

j: prononciation en français : y Exemple : Sarajevo en croate, Sarayévo en français;

š: prononciation en français : ch Exemple : Niš en croate, Nich en français;

ž: prononciation en français : j Exemple : Užice en croate, Oujitsé en français;

g: prononciation en français : g (jamais j) Exemple : Trogir en croate, Troguir en français;

s: prononciation en français : s (jamais z) Exemple : Osijek en croate, Ossijek en français;

r (entre deux consonnes): prononciation en français : eur Exemple : Drvar en croate, Deurvar en français;

(1) : Extrait du livre L'agonie Yougoslave (1986-2003) de Renéo Lukic, Les presses de l'Université Laval, 2003.

À suivre
Intéressant trajet entre Opatija et le parc national des lacs de Plitvice!

 Les superbes cascades de Rastoke, Croatie.

Photo ci-dessus : De superbes cascades en bordure de route à Rastoke… un avant-goût du parc national des lacs de Plitvice.

Bibliographie
Encyclopédie libre Wikipédia, Croatie, Istrie, Opatija, Poreč, Rovinj et une foule d’autres pages;

Atlas en fiches (La Croatie, l’Istrie) , Éditions Atlas, 2008;

Croatie, merveille de l’Adriatique, Éditions Minerva, 2004, 128 pages;

Guide Voir, Croatie, Éditions Libre Expression, 2008, 296 pages;

Lonely planet, Croatie, Lonely Planet Publication, 2011, 352 pages;

Le croate pour les touristes, Extrade, 2007, 159 pages;

L’Istrie, Turistička Naklada D.O.O., 2007, 128 pages.

Commentaires (0) Trackbacks (0)
  1. C’est vraiment agréable de revivre notre beau voyage grâce à cette belle initiative de votre part…
    Nous sommes priviliégés d’avoir voyagé en votre compagnie.
    Tes photos sont superbes Jacques et les textes de Céline sont fortement documentés et bien structurés .
    Merci à vous deux .

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