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Le «pays du long nuage blanc» et la Coupe du monde de rugby

La Coupe du monde de rugby se tiendra du 9 septembre au 23 octobre en Nouvelle-Zélande. Une occasion de découvrir la verdoyante île du Nord, tout en suivant le XV canadien.

Revue de presse

Marie-Morgane Le Moel, Le Devoir, le 27 août 2011

Auckland — Avis aux amateurs du ballon rond: pour suivre la Coupe du monde de rugby, il ne faudra pas hésiter à emprunter les routes sinueuses du «pays du long nuage blanc». Car le XV canadien jouera dans pas moins de trois villes, à diverses extrémités de l'île du Nord. 

Photo ci-dessus : Le souffre sur les mares d'eau chaude de Rotorua compose presque des tableaux de grands maîtres (Photo : Jacques Lanciault, janvier 2017)

C'est dans la plus importante ville du pays, Auckland, qu'il convient néanmoins de débuter sa visite dès notre arrivée. La métropole de 1,2 million d'habitants où aiment à s'engouffrer les vents marins est plaisante, multiculturelle. Bien avant l'arrivée des colons, qui ont laissé de beaux immeubles victoriens, le site fut peuplé par des Maoris. 

Pour mieux comprendre l'histoire d'Auckland, il faut passer par son muséum, qui présente en particulier une riche collection maorie. Ce peuple venu de l'est de la Polynésie est arrivé en Nouvelle-Zélande il y a quelque 1000 ans et a réussi à préserver sa culture. Aujourd'hui, il représente 14 % de la population, et les Iwis — les tribus — conservent leurs traditions. 

Le musée propose d'ailleurs un bel exemple de marae, une maison commune traditionnelle, et de magnifiques canots. L'institution organise aussi des spectacles culturels, une première approche intéressante pour s'initier au monde maori. Sur scène, de jeunes artistes font des démonstration d'armes traditionnelles tout en chantant. Le tout s'achève, bien sûr, sur un tonitruant haka, la danse de guerre devenue célèbre depuis que l'équipe de rugby de Nouvelle-Zélande se l'est appropriée. 

Ce haka aurait été créé par le chef Te Rauparaha, poursuivi par une tribu adverse et obligé de se cacher. Depuis, Ka mate — «Je meurs» — et Ka ora — «Je vis» — sont devenus les cris de ralliement des équipes de rugby néo-zélandaises.

Pour compléter la visite, on peut aller sur le mont Eden, qui domine les deux ports d'Auckland, et suivre Prince, un guide de l'organisation maorie Tamaki Hikoi. Sur les sites des anciens cratères qui forment la région, des fortifications maories se dressaient autrefois. 

Prince évoque l'histoire de sa famille, sa joie de voir la création d'un parti maori et l'importance de sa langue, seconde langue officielle avec l'anglais. Et il raconte aussi, bien sûr, encore une fois, la signification du haka. Qu'on se le dise: il sera impossible de quitter la Nouvelle-Zélande sans en connaître les paroles par coeur! «Un jour, j'ai discuté avec un rugbyman international qui avait été confronté au haka: il l'avait compris comme il faut, c'est un défi qui élève le courage des deux camps», affirme Prince.

En plus de son histoire, Auckland propose des plaisirs variés. Dans le quartier du Viaduct, au coeur de la ville, bars et restaurants rivalisent d'activité. On peut aussi préférer une expérience plus sportive en embarquant à bord de l'un des voiliers qui ont disputé la Coupe de l'América. «Auckland compte un bateau pour quatre habitants», affirme même le skipper. 

Dans la ville natale du célèbre navigateur Sir Peter Blake, le rugby ne saurait donc tout éclipser. Juste à côté, on peut prendre un des ferrys menant vers les îles du golfe d'Hauraki. Pour les amateurs de randonnée, il faut conseiller une excursion d'une journée sur l'île de Waiheke, riche en sentiers et en vignobles, à quelque 35 minutes en bateau.

Un peu plus au nord, le XV canadien jouera le 14 septembre contre Tonga, à Whangarei, dans une région de plages splendides. Mais c'est en réalité au sud, dans la ville de Napier, que l'équipe des Canucks passera le plus de temps puisqu'elle y affrontera la France le 18 septembre et le Japon le 27 septembre. Direction Napier, donc, à environ sept heures d'Auckland en passant par de petites routes étroites, où l'on rencontre bien plus de moutons que d'habitants. 

Il y aurait même ici 40 millions d'ovins pour quelque 4 millions de Néo-Zélandais, disent les mauvaises langues. Il est recommandé de s'arrêter en chemin, ne serait-ce que pour visiter Rotorua, l'un des berceaux de la civilisation maorie où l'on pourra assister à d'innombrables spectacles culturels. 

Mais Rotorua est surtout au centre d'une région à forte activité géothermique; on s'y balade dans des parcs remplis de merveilles géologiques, lacs vert fluorescent ou rivière d'eau brûlante.

Un peu plus loin, le magnifique lac Taupo est un paradis pour pêcheurs et kayakistes. Mieux vaut aimer la nature et la contemplation pour y séjourner, tant la région est tranquille. Plus au sud, le paysage change lorsqu'on atteint la baie de Hawke et son climat protégé. Napier — 55 000 habitants — est la plus grande ville de la région, étonnante à plus d'un titre.

En février 1931, un tremblement de terre a frappé la baie, transformant à jamais la géographie de la ville, rapprochant des lambeaux de terre. «Avant le tremblement de terre, il y avait un manque de place pour construire», explique le guide Tony Mairs, un sexagénaire qui passe sa retraite à faire découvrir sa ville. Depuis, Napier a pu s'étendre. Surtout, elle fut reconstruite dans un style Art Déco, tous les architectes du pays venant tester ici leur créativité. Aujourd'hui, la petite municipalité est même «la capitale mondiale de l'Art Déco», affirme Tony. Avec ses centaines de maisons dans le style des années 1920 et 1930, Napier s'étend langoureusement face à la mer. À une vingtaine de kilomètres, il ne faut pas manquer un passage par le pic Te Mata. Le mont surplombe les plaines d'Heretaunga et offre une vue vertigineuse qui permet de prendre la mesure de la région. Pour s'en remettre, une soixantaine de vignobles — on produit ici principalement du cabernet franc et du merlot — proposent des dégustations. 

Pour terminer, et pour les plus ardents des fans de l'équipe à la feuille d'érable, la prochaine étape est Wellington, où le Canada affrontera la Nouvelle-Zélande le 2 octobre. Wellington, petite capitale située au creux d'une baie, est agréable, portée sur la gastronomie. Elle a aussi un musée magnifique sur le port, Te Papa, le musée de la Nouvelle-Zélande dont l'une des missions principales est de préserver la culture maorie. Idéal, donc, pour réviser une dernière fois le haka, juste avant le match.

En vrac

Transport. De Montréal, de nombreux transporteurs aériens assurent des vols vers Auckland. Sur place, vols réguliers entre Auckland, Napier, Wellington et Whangarei par la compagnie nationale Air New Zealand. www.airnewzealand.ca.

Déplacements. On peut louer une voiture (environ 45 $ NZ par jour). À Auckland, la circulation en voiture est déconseillée durant la Coupe et certains stades n'auront pas de parkings accessibles. Des navettes seront mises en place pour les matchs. Le métro permet de relier facilement les principaux quartiers.

Hébergement. Des auberges de jeunesse aux hôtels de luxe, il y a diverses possibilités. À Auckland, l'hôtel deBrett pour son décor étonnant au centre-ville : www.hoteldebrett.com. On peut choisir de dormir sur les îles de la baie d'Auckland, accessibles par ferry. Aussi, il est possible de louer des camping-cars. Enfin, des particuliers proposent des chambres ou des maisons durant la Coupe. À Napier: le Crown Hotel, dans le quartier agréable d'Ahuriri: www.thecrownnapier.co.nz. Pour ses dégustations de vin et son panorama: le restaurant-hôtel Terroir du domaine viticole de Craggy Range, à côté de Napier. Terroir organise une journée spéciale pour les supporters lors du match France-Canada à Napier: www.craggyrange.com/Experience-Craggy-Range/Terrior-Restaurant.aspx.

Renseignements: www.newzealand.com, www.aucklandnz.com, www.wellingtonnz.com, www.whangareinz.com. Renseignements sur les options d'hébergement durant la Coupe: www.newzealand.com/travel/rugby/accommodation/accommodation_home.cfm.

À lire. En plus des guides traditionnels: The Bone People, ou «Les hommes du long nuage blanc», par Keri Hulme, Booker Prize 1984. L'âme des guerriers par Alan Duff.

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Collaboration spéciale

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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