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Pise… une ville qui a plus d’un «Tour» dans son sac

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Voici le 18e d'une série de reportages relatifs à un inoubliable périple dans le nord de l’Italie réalisé à l’automne 2009.

Tour de Pise, Pise, Italie.

Pise, Italie, lundi 19 octobre 2009 – Il ne reste que cinq jours à notre merveilleux périple en Italie du Nord. Aujourd’hui, deux superbes visites sont au programme. En matinée, Pise avec son « Champ des Miracles » et évidemment sa « Tour penchée », puis en après-midi, San Gimignano et ses tours médiévales! Une journée qui promet!

Photos ci-dessus : La légendaire Tour de Pise, elle qui n’est qu’un des superbes édifices religieux que nous pouvons admirer sur le « Champ des Miracles » !

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Pour nous rendre sur les lieux de nos deux visites de la journée, nous devons prendre la route tôt en matinée. Ainsi nous quittons Florence dès 8 h 30 pour nous diriger vers l’ouest, en direction de Pise qui est située à une heure trente de route de Florence en direction de la mer.

Pise qui était jadis à un jet de pierre de son port est aujourd’hui à quelques kilomètres de la mer Ligurienne.

Comme nous sortons de la ville, la circulation est fluide, ce qui n’est pas le cas en sens inverse où nous croisons de nombreux bouchons de circulation.

À notre droite, défilent les Apennins, une chaîne de montagnes longue de près de 1 000 kilomètres qui traverse l’Italie du nord au sud.

Notre accompagnateur de Voyages Lambert, Jean-Marc Lechat, attire notre attention sur le village de Vinci que nous apercevons de la route. C’est le village natal du grand Leonardo da Vinci.

Puis, nous croisons le village de Collodi, un endroit où l’on rend hommage à Pinocchio, un personnage né de l’imagination de Carlo Lorenzini dit Collodi.

Finalement, nous arrivons à Pise. Nous descendons de l’autocar à 10 heures… pour grimper dans un minibus qui nous amène en moins de dix minutes sur le site du Campo dei Miracoli, le Champs des Miracles!

Durant ce court trajet, nous longeons les remparts de la ville, eux qui ont été érigés entre 1156 et 1162 pour protéger la ville des envahisseurs venant de la mer.

Remparts de la ville, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Même s’ils ont été érigés au XIIe siècle une partie des remparts est encore bien présente.

Jean-Marc nous mentionne qu’autrefois la mer arrivait jusqu’aux remparts. Aujourd’hui, elle est à plusieurs kilomètres d’ici.

Un peu partout, il y a des boutiques offrant aux touristes les objets les plus hétéroclites!

Puis soudain, devant nous, se dresse l’ensemble monumental avec sa tour penchée! Wow!

Le Champ des Miracles, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Au premier plan, le baptistère, puis la cathédrale et finalement le campanile… la Tour de Pise!

Le panorama qui s’offre à nos yeux tient du « miracle »!

Est-ce une coïncidence si l’endroit se nomme justement « Le Champ des Miracles »?

Eh bien non. L’expression « Le Champ des Miracles » nous vient de l’écrivaine Gabriele D'Annunzio qui, en 1910, a utilisé pour la première fois cette expression dans son roman Forse che sì, forse che no, et ce, parce que selon elle : « Ces monuments sont tout simplement des miracles en raison de leur beauté et de leur originalité : le baptistère, le cimetière, la cathédrale et son campanile, la tour de Pise ».

Notre accompagnateur Jean-Marc précise du coup que l’ensemble est de style roman pisan… un style que nous retrouvons fréquemment en Toscane.

À peine descendons-nous de notre minibus que notre guide locale pour la ville de Pise nous rejoint. Elle se prénomme Alexandra. Elle nous souhaite la bienvenue à Pise et sans plus attendre elle se lance dans le vif du sujet… la petite et la grande histoire de la « Tour »!

La tour de Pise
« C’est en 1173 que l’architecte Bonano entreprend la construction du campanile, nous raconte-t-elle. Mais dès 1179, après avoir érigé à peine trois étages, il arrête la construction, car il doit partir précipitamment pour la Sicile! Évidemment, il ne reviendra jamais. Il s’était rendu compte que sa tour penchait.

« Il a donc fallu attendre tout près d’un siècle (90 ans) avant qu’un autre architecte n’accepte de continuer la construction de la tour… cette fois-ci en contrepoids, pour la redresser un peu!

« La tour fut achevée en 1372 lorsqu’on y accrocha les sept cloches au-dessus du septième étage.

« Cette tour, qui est certes la plus connue du monde, est haute de 55,86 mètres côté sud et de 56,70 mètres côté nord ! Elle a 15 mètres de diamètres et il faut grimper les 294 marches d’un escalier en colimaçon pour atteindre le sommet.

« Les sept clochers de la tour sont en bronze et ils datent du XIVe siècle. Toutefois, ils ne sonnent qu’une seule fois par semaine, le dimanche à 11 heures, et ce, pour éviter les vibrations qui pourraient menacer le précaire équilibre de la tour! »

La Tour de Pise, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : La tour de Pise est entièrement en marbre et pèse tout près de 15 000 tonnes.

Notre guide ajoute que « le sol de Pise est marécageux. Il n’y a pas que la tour qui penche, l’église et le baptistère penchent eux aussi, mais légèrement. Ici, même les arbres ne sont pas droits.»

L’ensemble monumental du « Champ des Miracles », qui comprend le baptistère, la cathédrale, la tour et le cimetière, a été ajouté sur la liste du patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO en 1987.

Évidemment, un endroit aussi unique a attiré des millions de touristes au fil des ans. Toutefois, en 1990, après avoir constaté que la tour penchait de plus en plus et qu’elle constituait un danger pour les visiteurs, elle fut temporairement fermée. « À cette époque, elle penchait d’un millimètre de plus tous les deux jours », précise Alexandra.

« Beaucoup d’experts sont accourus pour stabiliser la tour », ajoute-t-elle. Finalement, les travaux s’échelonneront sur 12 ans, soit jusqu’en décembre 2002, moment où la tour a été de nouveau ouverte au public. « Depuis ce temps, elle ne bouge plus », nous rassure Alexandra.

Durant les 12 années de travaux, les architectes ont réussi le tour de force de redresser l’édifice de 47 centimètres!

« Aujourd’hui, elle est exactement comme les gens la voyaient au XVIIe siècle », ajoute notre guide locale!

Le Duomo
La construction de la cathédrale a été décidée après la conquête de Palerme par Pise, le 15 août 1063. Toutefois, les travaux ne commencèrent qu’en 1073. Au terme de la construction, c’était la plus grande cathédrale d’Europe et c’est normal, car Pise aux XIe, XIIe et XIIIe siècles était la capitale d’un empire économique.

Le Duomo de Pise, Pise, Italie.

Le Duomo de Pise, Pise, Italie.

Photos ci-dessus : La façade de la cathédrale de Pise est très élégante.

Nous entrons.

Surprise, nous avons l’autorisation de photographier. « Nous ne sommes pas à Florence ici », annonce notre guide sarcastique!

La cathédrale est dédiée à Notre-Dame-de-l’Assomption. L’intérieur est composé de cinq nefs au lieu des trois habituelles. Elles font chacune 100 mètres de longueur. La nef principale
est large de 10 mètres.

Le Duomo de Pise, Pise, Italie.

Le Duomo de Pise, Pise, Italie.

Photos ci-dessus : À l’intérieur de la cathédrale, il y a 68 colonnes en granit, un matériau provenant de l’île d’Elbe.

Le Duomo de Pise, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Le tout est carrément de style mauresque.

Le Duomo de Pise, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : La décoration de l’intérieur de la cathédrale de Pise est superbe.

Le plafond n’est pas d’origine. Il date de la fin du XVIe siècle. Il est à caissons en cèdre du Liban… décoré de 80 kilos d’or 24 carats.

Le Duomo de Pise, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : La cathédrale de Pise doit son superbe plafond à caissons à la générosité des Médicis, eux qui à l’époque régnaient sur la ville.

Comme le voulait la coutume au temps de la construction de la cathédrale, l’étage supérieur était constitué d’une galerie pour regrouper les femmes lors des offices, alors que les hommes, eux, prenaient place en bas!

Les tableaux sur les murs y sont depuis les XVIIIe et XIXe siècles, et ce, parce qu’en 1595 un incendie a détruit ceux qui y avaient été installés antérieurement.

Dans l’abside, il y a une grande mosaïque d’un Christ en majesté de style byzantin. Elle est l’oeuvre de Cimabue, celui qui fut le maître de Giotto, elle date de 1302. Par miracle, elle a survécu à l’incendie de 1595. Il nous semble en avoir vu une semblable à la cathédrale de Monreale, en Sicile.

Le Duomo de Pise, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Un magnifique « Christ pantocrator", c’est-à-dire un Christ en gloire par opposition aux représentations du Christ sur la Croix ou enfant. L’œuvre est de Cimabue et date de 1302.

En 1591, les ossements du saint patron de Pise, Ranieri Scacceri, décédé en 1161, furent exhumés et placés dans la nef de la cathédrale. Nous pouvons apercevoir le corps momifié du saint dans une tombe vitrée.

La cathédrale compte également sur une immense et superbe chaire. « Elle est si grande que parfois elle est utilisée pour donner des concerts », nous précise notre guide.

Des sculptures la soutiennent, ce qui est rare. Elles sont de Giovanni Pizano.

Le Duomo de Pise, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Une des sculptures de lion qui soutiennent la magnifique chaire de la cathédrale de Pise.

Le baptistère
Nous sortons de la cathédrale pour nous rendre au baptistère. Celui-ci est le plus grand édifice du genre au monde. Il fait 55 mètres de hauteur, et ce, sans compter la statue de Saint Jean-Baptiste qui culmine au sommet.

Le baptistère de la cathédrale de Pise, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : L’imposant baptistère de la cathédrale de Pise.

Le baptistère a été bâti en deux temps. Il fut commencé au XIIe par un architecte qui lui donna un style roman. Puis, les plans changèrent et on continua la construction au XIIIe siècle, cette fois-ci en style gothique, d’où une vue d’ensemble particulière.

Nous y entrons.

Notre guide nous mentionne qu’il y a deux coupoles. « Une à l'intérieure et l’autre à l'extérieure, avec un espace vide entre les deux. Cela donne à l’édifice des qualités acoustiques impressionnantes. D’ailleurs, une dame vient chanter pour le démontrer toutes les 30 minutes! Notre visite est prévue maintenant de sorte que nous pourrons l’entendre dans quelques instants », nous annonce-t-elle.

Et effectivement, la démonstration nous a convaincus.

Lors de la construction du baptistère au XIIe siècle, on ne dota pas l’édifice d’un toit! Une décision des constructeurs. L’eau de pluie remplissait ainsi les fonds baptismaux et le trop-plein débordait sur le plancher qui avait été conçu en pente à cet effet. Rapidement toutefois, on s’aperçut que cela n’était pas sécuritaire pour les nouveau-nés qui recevaient le baptême. Il y aurait même eu des noyades. On décida donc de construire une coupole conique pour corriger la situation.

Il y a douze colonnes à l’intérieur du baptistère et une chaire construite par Nicolas Pisano.

Au sol, il y a une tête de mort et le blason du commanditaire enterré ici sous le sol.

Le baptistère de la cathédrale de Pise, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : La coupole du baptistère avec à son sommet une statue de Saint-Jean-Baptiste.

Nous sortons du baptistère pour nous rendre au cimetière.

Le cimetière, le Campo Santo
Le cimetière du « Champ des Miracles » se nomme le Santo Campo. Sa construction a été entreprise en 1278 sous la direction de l’architecte Giovanni di Simone. Mais, les guerres, notamment celle opposant Pise à Gênes, stoppèrent les travaux durant de nombreuses années. Finalement, ce n’est qu’en 1464 qu’ils se terminèrent.

Le Campo Santo, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Le cimetière Campo Santo ressemble à un immense cloître.

C‘est un cimetière de style gothique, construit sur le schéma d’un cloître. Il y a plusieurs sarcophages le long des murs. Il servait de dernière demeure aux riches et aux notables de la ville. Il y a des tombes qui sont dans le sol. Elles sont surmontées de plaques avec inscriptions.

Le Campo Santo, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Des sarcophages sont adossés aux murs du Campo Santo.

Au XIVe siècle un artiste anonyme a peint une série de fresques sur les murs. Il y avait quelque 3 000 mètres carrés de fresques! Malheureusement, presque toutes ont disparu en raison des bombardements survenus lors de la Deuxième Guerre mondiale.

Le Campo Santo, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Un petit coin du cimetière où une partie des fresques subsiste!

Nous voyons une petite chapelle privée construite pour une famille très riche! C’est la seule que l’on retrouve dans ce cimetière.

Le Campo Santo, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Dans le cimetière Santo Campo, on peut admirer cette belle lampe!

Le Campo Santo, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Et ces belles fleurs!

À l’intérieur du Campo Santo, on retrouve plusieurs statues, dont celle de Leonardo Fibonacci, un mathématicien italien qui a donné son nom à une suite de chiffres entiers très connue, une suite qui sera d’ailleurs utilisée pour dénouer l’intrigue du célèbre roman « Da Vinci Code » écrit par Dan Brown en 2003. Derrière la statue on peut apercevoir quelques fresques.

Le Campo Santo, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : La statue de Leonardo Fibonacci.

Le Campo Santo, Pise, Italie.

Photo ci-dessus : Vue de l’extérieur, l’immense édifice qui abrite le Campo Santo.

Nous sortons du cimetière à 13 h 10. C’est l’heure de dîner et notre accompagnateur nous indique que le repas est libre. Il nous fixe rendez-vous pour le départ du car à 14 heures.

Nous entrons dans la première trattoria que nous rencontrons. Elle se nomme « Antonietta ». Nous y prenons chacun un plat de pâte, un spaghetti tomate pour Céline et des pennes au saumon pour moi. Étant donné le peu de temps qui nous est accordé, nous mangeons rapidement et rejoignons le groupe à 14 heures. Nous marchons jusqu’à au car et nous quittons Pise en direction du Sud à 14 h 20.

Méli-mélo
Au Moyen-âge, Pise était une ville portuaire. Elle a d’ailleurs dominé la Méditerranée du XIe au XIIIe siècle. Elle était alors un empire maritime gigantesque.

Toutefois, l’envasement du port au XVIe siècle a mis un terme à la prospérité maritime de la ville.

À cette époque, la ville de Pise était gibeline, c’est donc dire qu’elle soutenait l’empereur, alors que ses voisines, Florence et Sienne, entre autres, étaient guelfes soutenant pour leur part la papauté, d’où de nombreux conflits.

L’astronome italien Galileo Galilei (Galilée) est né à Pise en 1564.

En 2008, la population de Pise atteignait 87 000 habitants.

Le ténor italien non-voyant, Andrea Bocelli, est né dans la province de Pise.

Dans la région de Pise, il y a des sources thermales.

À une quarantaine de kilomètres au nord de Pise se trouve la ville de Carrare, la ville du fameux marbre. Ses carrières sont exploitées depuis plus de 3 000 ans!

Notre accompagnateur de Voyages Lambert nous a mentionné que de nos jours on coupait le marbre à raison de 10 cm l’heure, et ce, en utilisant une technique spéciale qui permet de ne pas abimer les blocs! Toutefois, dans les carrières, on dénombrerait au moins un mort tous les mois.

À suivre
San Gimignano et ses 13 tours médiévales restantes des 76 qui s’y élevaient au Moyen-Âge!

Tour médiévale de Gimignano, Italie.

Photo ci-dessus : Une des charmantes tours médiévales de San Gimignano!

Bibliographie
Atlas en fiches (Italie. L’Adige, le Pô, la Toscane, Venise, Florence) , Éditions Atlas, 2008;

Encyclopédie libre Wikipédia, Italie, Pavie, Milan, Vérone, Venise, Florence, Pise et une foule d’autres pages;

Guide Voir, Italie, Éditions Libre Expression, 2007, 720 pages;

Guide Voir, Florence et la Toscane, Éditions Libre Expression, 2009, 336 pages;

Lonely planet, Italie, Lonely Planet Publication, 2010, 836 pages;

Patrimoine mondial de l’UNESCO, Éditions UNESCO, 2009, 832 pages ;

Venise et ses îles, Office de tourisme de Venise, 2007, 60 pages;

Venise reine de la mer, Edizioni Storti, 1972, 79 pages.

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