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Venise pour tous

Revue de presse

Marie-Christine Blais, La Presse, le 4 juillet 2009

Venise, Italie.

Venise est-elle un mystère ou un miracle? Chose certaine, la lumière y est plus belle qu'ailleurs, et on y entend exactement ce qu'on y entendait au Moyen Âge: le murmure des voix et le bruit des pas, c'est tout. Et c'est parfait.

Son charme indicible, unique, tient à tellement de choses. Ainsi, Venise se tient-elle debout sur une vaste forêt, construite sur des milliers de mélèzes plantés dans des îles de boue il y a des siècles. Constamment menacée par les eaux, elle a des allures d'Atlantide de l'avenir, avec ses «palais» qui s'enfoncent inexorablement. Bien que les Vénitiens y soient de moins en moins nombreux par rapport aux touristes, il y règne toujours une atmosphère qui oscille entre le théâtre (tiens, un homme en cape!), le cinéma - dans des décors qui seraient vrais! - et la peinture, comme si on évoluait à l'intérieur d'un tableau de Canaletto, qui a pourtant vécu à Venise et y a peint au XVIIIe siècle...

Notre photo : À Venise, l’eau est partout! (Photo Jacques Lanciault)

Pour agrandir la photo, il suffit de cliquer sur celle-ci.

Venise, c'est l'incarnation même de la beauté, éphémère par définition. On ne se lasse pas de se promener sur ses quelque 400 ponts et ses dizaines de places, parfois tranquilles, parfois animées: c'est bien simple, un pont mène toujours à un campo qui mène à un pont qui mène à un campo, etc. Et dans chacune de ses places, il y a une citerne - donc, des centaines de citernes où l'on peut se désaltérer: l'un des crimes les plus sévèrement punis pendant des siècles était d'ailleurs de souiller l'eau des citernes. Pendaison garantie! L'eau est partout à Venise, et précieuse: celle des canaux clapote constamment, et parfois même monte jusqu'à inonder les trottoirs. C'est l'acqua alta, étrange phénomène qui transforme la célèbre Piazza San Marco en lac et le vieux ghetto juif en piscine... Des trottoirs surélevés sont alors montés et on marche littéralement sur l'eau, dans une atmosphère surréaliste.

Pour découvrir Venise et en tomber inévitablement amoureux, il faut y passer plus que quelques heures. Il faut y dormir et y vivre, et même carrément s'y perdre en sachant que, après tout, on ne pourra jamais aller plus loin que l'eau. Il ne faut jamais hésiter à emprunter un sottoportego (un passage sous une maison) ou une calletta (une ruelle si étroite qu'on y passe tout juste) pour découvrir une autre atmosphère. Il faut embarquer à bord d'un vaporetto, parmi touristes et habitants, afin de mesurer la beauté infinie de tous ses «palais» qui se penchent toujours un peu sur l'eau, comme pour y voir leur reflet. Et grignoter quelque chose, assis devant l'un ou l'autre de ses centaines de canaux apaisants - ce n'est pas pour rien qu'on surnomme Venise la Sérénissime.

Et puis, il faut prendre le temps d'emprunter ses rues tranquilles, discrètes, qui toujours existent, parallèles aux rues plus touristiques - qu'elles s'appellent calle (rue résidentielle), ruga (résidentielle et commerciale), ramo (qui se termine par une impasse), fondamenta (qui longe un canal), etc. Et découvrir les quartiers plus résidentiels, aussi beaux que les plus célèbres, et parfois franchement émouvants, avec leurs cordes à linge, leurs murs penchés sur les canaux, les pots de fleurs suspendus aux fenêtres byzantines, et toujours le bruit des pas, le murmure des voix...

Enfin, il faut visiter Venise de nuit (c'est un des endroits les plus sûrs pour se promener seul et même seule). Elle devient alors tellement féerique que les mots font défaut: tous les clichés deviennent vrais, depuis «magique» jusqu'à «ensorcelante», pour décrire l'étrange ville-île, née il y a des siècles, mais où le moindre humain semble rajeunir et même embellir. C'est que le temps ne s'arrête pas à Venise, il s'y repose...

Les frais de ce voyage ont été payés par Air Transat.

REPÈRES
Air Transat offre des vols directs Montréal-Venise, tous les vendredis (jusqu'au 16 octobre). Et il y a les habituels vols avec escale.

Ouvert en 2002, l'aéroport Marco Polo est un peu moins pratique que l'ancien, car il est un peu loin de l'embarcadère du vaporetto et des taxis nautiques. On peut toutefois se rendre à pied ou en navette à l'embarcadère (par un couloir couvert, en sept minutes) ou encore emprunter un autobus directement pour Venise, moins coûteux, à partir de l'aéroport.

À noter: Les bateaux de croisière s'arrêtent à Venise du vendredi au lundi. L'hébergement est donc souvent moins cher et les files d'attente plus courtes du lundi soir au jeudi!

Si on y va en famille: l'île du Lido est moins coûteuse, mais surtout dotée de plages avec une eau d'une excellente qualité.

Un site indispensable: www.veniceconnected.com/fr pour y acheter meilleur marché ses billets de vaporetto au moins UNE SEMAINE AVANT SON ARRIVÉE. C'est cher, sinon, les billets de vaporetto...

Il n'y a plus de pigeons ou presque sur la Piazza San Marco: depuis 2008, il est même interdit de les nourrir. Oubliez donc les photos parmi les volatiles...

Sur les 15 millions de touristes à Venise, seuls cinq millions y passent une nuit. Après 16h, il n'y a plus de file d'attente nulle part...

Un indice pour reconnaître une vraie gelateria (vendeur de crème glacée) artisanale: la glace à la pistache n'est JAMAIS vert flashant.

Des suggestions d'activités à ne pas manquer.

UN CAFÉ SUR LA PIAZZA SAN MARCO

En version coûteuse
Sur la Piazza San Marco, prendre un café au café Florian, qui existe depuis 1720 - on dit même que c'est le tout premier café au monde! La tasse y revient cher: 15 euros (dont six pour les musiciens de talent qui jouent pendant des heures), mais le décor est splendide. Son éternel rival, le Gran Caffè Quadri, juste en face, propose lui aussi musique et café pas donné, avec un répertoire moins classique...

En version économique
Des chaises et tables sont installées par la municipalité le soir, tout à gauche du Florian, et on peut s'y asseoir discrètement et gratuitement... pour y boire un café acheté un ou deux euros, dans un verre de carton! On y entend très bien les musiciens...

UNE VISITE DANS UN MUSÉE

En version coûteuse
Il y a de nombreux musées à visiter à Venise, mais j'ai un faible pour le palais des Doges, le Palazzo Ducale, avec son faste et ses tableaux de grands peintres. Optez pour la visite guidée «Itinéraires secrets» (16 euros). On y visite l'«autre Palais», celui des juges et des prisonniers politiques - notamment Casanova, dont on voit les deux cachots. On monte même jusqu'au grenier, où Casanova avait le droit de se promener une heure par jour (il mesurait 1,97 m, et ne pouvait donc se tenir debout dans sa cellule, ce qui lui donnait aussi le droit à... une chaise!). Ensuite, on peut à sa guise se promener dans le Palais et s'arrêter, subjugué, devant le diptyque Scènes de l'enfer de Jérôme Bosch, peint entre 1500 et 1504, hallucinant d'actualité... Ou les fameuses «bouches de vérité», ces boîtes à lettres anonymes qui incitaient les Vénitiens à la délation...

En version économique
Un musée magnifique, où des centaines de maquettes de bateaux et des milliers de fabuleux coquillages voisinent sans oublier des sphères célestes ou des torpilles, ouvert à 8h45 (mais fermé à 13h), conçu pour plaire à toute la famille et dont le billet coûte exactement 1,55 euro! Que demander de plus? Que les recettes soient versées aux orphelins des marins, et c'est exactement ce que fait le Museo Storico Navale de Venise (sur Riva San Biasio, dans Castello). En prime, à l'angle du Museo, sur Fondamenta dell'Arsenale, se trouve une petite place où on peut se reposer à l'ombre et boire à la citerne (l'eau est potable dans toutes les citernes de Venise). Une découverte pure et simple!

LE GRAND CANAL

En version coûteuse
Une balade d'une heure en gondole coûte entre 80 et 100 euros (on négocie AVANT d'embarquer). Mais c'est vrai qu'on y a une vue unique sur la ville, à hauteur d'eau. Chaque gondolier appartient à un quartier (sestiere) et s'y promène exclusivement; les prix sont donc plus élevés et moins négociables dans un quartier touristique (San Marco) que dans un autre qui l'est moins (Castello), pourtant tout aussi beau.

En version économique
Serpenter le Grand Canal à bord du vaporetto no 1... dans les deux sens. Et être patient: on finit presque toujours par pouvoir s'asseoir à l'avant, pour mieux admirer les palazzi et les ca'. Plus économique encore, on peut prendre un traghetto, long bateau plat qui traverse la lagune en certains endroits, pendant la journée seulement. Le coût? 0,50 euro (ayez la monnaie exacte). La particularité? On se tient debout dans un traghetto. Pas cher pour avoir l'air d'un local...

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

Remplis sous: Italie, Voyages Mots clés: ,
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