Déc/100
L’expression du jour : battre en brèche
Textes et recherches de Jacques Lanciault
On consigne ici le fruit de recherches sur le sens, l’étymologie, l’écriture ou encore la prononciation de certains mots ou expressions sur lesquels je bute, ou qui tout simplement suscitent ma curiosité, au fil de mes lectures...
Source de la recherche : le paragraphe suivant, tiré d’un texte de François Brousseau, publié dans le quotidien Le Devoir du 13 décembre 2010 : «Dans plusieurs pays d'Occident — dont le plus gros, à nos portes —, la démocratie représentative est de plus en plus battue en brèche, ridiculisée ou vidée de sa substance par le pouvoir de l'argent, la démagogie simpliste qui remplace le “débat public”, et la désaffection croissante des électeurs.»
Définition :
Le dictionnaire du correcteur électronique Antidote définit l’expression battre en brèche comme suit : « Combattre avec succès.»
Quant à lui, le Grand Robert de la langue française propose, au sens figuré, cette définition de l’expression battre en brèche : « Battre un argument en brèche signifie l'attaquer, le ruiner. » Et le Grand Robert donne l’exemple suivant : « Battre en brèche le crédit de quelqu’un. » Deux synonymes sont proposés soit attaquer et ébranler.
Aucune des deux définitions ne satisfait ma curiosité. J’ai donc poursuivi la recherche sur Internet et j’ai découvert le site www.expressio.fr... «Les expressions françaises décortiquées», un site qui est conçu et maintenu pour le plaisir par Georges Planelles.
Pour l’expression battre en brèche, non seulement on offre une définition plus complète, mais en plus on explique l’origine de l’expression!
Signification :
Attaquer, réfuter une argumentation, une règle, une décision...
Attaquer violemment et systématiquement une personne, ses idées...
Origine :
Une brèche, chacun sait ce que c'est : une ouverture dans une enceinte, fortifiée ou non, qui permet donc une pénétration à l'intérieur de la zone qui n'est plus suffisamment protégée ; ce qui peut alors donner lieu à un cambriolage ou à une tuerie sauvage, entre autres, selon l'époque et le type d'enceinte, voire une inondation dans le cas d'une brèche dans une digue.
Et si, aujourd'hui, une pince coupante suffit à créer une brèche dans un grillage, autrefois, pour en ouvrir une dans une enceinte fortifiée, il fallait la « battre », à l'ancien sens militaire du terme, c'est-à-dire la heurter de coups répétés, la frapper de projectiles (charges de catapulte, boulets de canon...).
Ainsi, le sens premier de battre en brèche, attestée en 1701, était-il tout simplement d'attaquer un rempart ou une fortification avec l'artillerie.
Ce n'est qu'au XIXe siècle que son sens figuré est apparu, la cible attaquée violemment étant alors les arguments ou les idées d'une personne ou d'un groupe d'individus.
Aucun trackbacks pour l'instant
20 août 2012
La manière d’expliquer et le fait de consulter plusieurs sources dans un style si simple sont très intéressants. J’apprécie et merci.
8 février 2016
moi aussi je suis très content d’avoir appris cette histoire de brèche. merci .
2 août 2017
rien dans le |Littre, rien dans le Dic de l’Academie Francaise.
merci pour ces precisions!
de Winnipeg*, Manitoba
Canada
* Marshall McLuhan y fait des etudes d’histoire avant d’engendrer la nouvelle modernite au sens large, au present de ‘indicatif.
On n’a pas mieux fait dep[uis tocqueville, lorsqu’il obtient les palmes au fauteuil 48 de l’Academie de Richelieu, l’Academie Francaise; il a 35 ans et est l’auteur de cette fameuse democratie en Amerique, 1835-1840: de deux demi-moities fit une seule et meme chose: The Democratic Imperative: Exporting the American Revolution, Gregory Fossedal dti, de tocqueville institution (!), Palo Alto, Californie; Francis Fukuyama: The End of History, 1980 and the reiteration of tocqueville’s democratic present more americano and america more democratica
23 octobre 2017
Merci pour l’explication documentée. Juste une remarque. Dans «Ainsi, le sens premier de battre en brèche, attestée en 1701, était-il tout simplement…» il ne devrait pas y avoir d’inversion entre verbe et sujet quand «ainsi» est suivie d’une virgule.