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Philippe-Alexandre Valiquette à la porte des majeures

Revue de presse

Denis Poissant, Journal de Montréal, le 10 août 2010

Philippe-Alexandre Valiquette LOUISVILLE, Kentucky - Le lanceur montréalais Philippe-Alexandre Valiquette a failli tout abandonner il y a quatre ans. Comme des milliers de jeunes des ligues mineures, l’espoir des Reds traînait ses savates dans tous ces bleds perdus de l’Amérique dotés d’un petit club professionnel, tentant de se faire un nom. À 19 ans et des poussières, solitaire dans le vestiaire, il avait le blues de la maison pas à peu près. Mais il a persévéré et le voilà à quelques semaines de réaliser son rêve d’accéder aux majeures.

Photo ci-dessous : La rapide de Philippe-Alexandre Valiquette a atteint 100 milles à l’heure pour la première fois cette saison. (Photo : Agence QMI)

Le gaucher est inscrit sur la formation de 40 joueurs des Reds. Ceux-ci ne lâchent pas prise et mènent toujours la section centrale, à la surprise générale. En septembre, plusieurs joueurs joindront ses rangs pour le sprint final.

Rappelé du AA en juin, Valiquette, un lanceur de puissance, a fait sa niche dans le AAA en relève au sein des Bats de Louisville. Et il cogne aujourd’hui à la porte du show, terme employé dans le jargon du baseball pour parler du passage au plus haut niveau.

«Ce serait très excitant de participer à une course aux séries, a-t-il raconté au Journal durant la récente série des Bats à domicile contre Norfolk.

«Mon but est d’accéder aux majeures avant la fin de la saison. Si ça se produit, je sais que les chances d’être utilisé souvent sont minces parce que les Reds sont dans la course. Mais ce serait pour moi une expérience incroyable en vue de la prochaine saison. Je crois être rendu là. À 23 ans, je suis prêt.»

L’apprentissage de la solitude
Il ne pouvait en dire autant en 2006, au terme de deux misérables saisons à se faire varloper par les frappeurs au niveau A faible dans la Midwest League.

«J’avais le goût de tout lâcher, confie-t-il. Ce n’est pas facile d’être toujours seul dans son coin, loin de la famille et des amis. Je me disais : est-ce que ça va toujours être comme ça pendant 10 ou 15 ans ? Je n’étais pas sûr de vouloir faire ça dans la vie.»

Le natif de Ville Saint-Laurent n’avait que 17 ans quand il a été repêché en septième ronde par les Reds en 2004. Puis il a sauté dans le bain professionnel dès l’année suivante. Les gars de 22 et 23 ans lui paraissaient bien vieux et il se mêlait peu à eux.

«Le déclic s’est fait avant la saison 2007, ditil. Je me suis levé un matin en me disant que je voulais gagner ma vie dans les majeures. Alors j’ai travaillé encore plus fort pour améliorer ma technique.»

100 milles à l’heure
À 6’ 1”, Valiquette n’est pas le plus imposant des releveurs. Mais pour un gaucher, il lance des plombs. Sa rapide a gagné en vélocité, jusqu’à atteindre 100 milles à l’heure cette saison.

C’est plus fort que lui. Il veut lancer des missiles. «Comme quand j’avais 12 ans, rigole- t-il. Tout ce que je voulais, c’était de lancer le plus fort possible. Au Québec, c’était la façon de se faire remarquer par les dépisteurs.»

Lors des nombreuses parties de pêche avec son père à l’Île Bizard, il passait beaucoup de temps sur le quai pour y lancer de gros cailloux dans l’eau, afin de renforcer son bras. Assiduité aujourd’hui récompensée.

Maintenant, c’est un abonné du gymnase.

«C’est l’année où je lance le plus fort. J’ai pris un autre 10 livres en changeant ma façon de m’entraîner, en misant sur l’explosion.»

De partant à releveur
C’est en 2008 que les Reds ont vraiment décelé son potentiel en relève et ont cessé de l’utiliser comme partant.

«J’adore l’adrénaline des fins de matchs, quand l’équipe compte sur toi pour fermer la porte, dit-il. Ça te garde alerte, tu dois toujours être prêt.»

Comme jeudi dernier, en neuvième manche. Les Bats menaient 6 à 0 et il ne s’attendait pas du tout à voir de l’action. Le gérant Rick Sweet l’a pourtant appelé.

Après avoir retiré les deux premiers frappeurs, il s’est mis dans le trouble lui-même, jonglant avec la balle frappée vers lui. Un coup sûr plus tard, des coureurs occupaient le premier et le troisième coussins.

«Il n’y a pas si longtemps, une situation comme celle-là aurait nui à sa concentration, révèle Sweet, un ancien entraîneur de l’organisation des Expos. Mais il a gagné beaucoup en maturité. Chose certaine, il possède l’étoffe d’un lanceur des majeures. Ne lui reste qu’à améliorer son contrôle et développer un bon changement de vitesse.»

Sacrifices
Calme, Valiquette a effectué le dernier retrait, un faible ballon au champ gauche, pour sécuriser la victoire.

Un autre test de caractère réussi. Une autre petite étape vers les majeures franchie. Dans les minutes qui ont suivi, il était déjà dans le gymnase, heureux d’apprendre par le biais du Journal que le gérant était satisfait de sa prestation.

«Un jour, tous mes sacrifices vont rapporter.»

Peut-être très bientôt...

* Les Bats vont assez bien merci, eux qui ont remporté la victoire dans 15 de leurs 16 derniers matchs.

* Deux jours plus tard, Valiquette était de retour sur la butte en début de septième ; les Bats menaient 5 à 0. Il a quitté après deux retraits en huitième sans avoir accordé de point, avec des coureurs au premier et au deuxième coussins. Son successeur a tout bousillé, notamment avec un mauvais lancer ; les deux points mérités ont été portés à la fiche du Montréalais. Un de ces scénarios enrageants pour un lanceur...

* Valiquette montre une fiche de 1-2 et une moyenne de points mérités de 4,29 en 50,1 manches lancées cette saison dans le AA et le AAA.

Q Comment se sont passées tes premières années chez les pros?

R «C’était dur au début quand tu n’entends personne autour de toi parler français. Ça m’a pris deux ans pour m’habituer. Le plus difficile a été d’apprendre à vivre aux États-Unis, d’être laissé à moi-même sans vraiment savoir comment les choses fonctionnent. Je restais pas mal seul dans mon appartement quand je n’étais pas sur le terrain.»

Q Quel lanceur te sert de modèle?

R Beaucoup me comparent à Billy Wagner(Braves) en raison de ma rapide. Je l’ai toujours beaucoup suivi. C’est un gaucher qui lançait à plus de 100 milles à l’heure dans ses meilleures années. J’ai à peu près le même répertoire que lui. C’est bien rare qu’il lance un changement de vitesse.»

Q Quand as-tu réalisé que tu pourrais faire carrière dans le baseball?

R «J’avais 12 ans et un dépisteur des Braves d’Atlanta, Robert Isabelle, m’avait donné sa carte d’affaires. Je m’en rappelle encore. Ma rapide atteignait 65 milles à l’heure à l’époque, ce qui était pas mal. Lors du repêchage (2004), Robert n’était plus dépisteur mais il m’a donné de précieux conseils. C’est devenu un bon ami et on se parle souvent.»

Q Comment se passe la saison de ton équipe, les Bats de Louisville?

R «On connaît une année incroyable et on est dans la course aux séries. Presque tout le monde ici pourrait jouer dans les majeures. Nous sommes une des meilleures équipes de la ligue, avec un enclos des releveurs très solide.»

Q Comment composes-tu avec la pression d’oeuvrer en relève?

R «Pour moi, ça ne fait pas de différence qu’il y ait 1 000 ou 50 000 spectateurs. Ma job ne change pas. J’y vais un frappeur, une manche à la fois. Je n’entends presque rien quand je lance. Je suis dans ma zone.»

Q Quel joueur t’impressionnait dans ta jeunesse?

R «Carlos Perez des Expos. C’était excitant de le voir au monticule, il était si flamboyant. Comme bien des partisans, j’ai trouvé ça très triste de voir l’équipe quitter pour Washington plus tard.»

Q Quel aspect de ton jeu dois-tu améliorer?

R «La constance de mes lancers, notamment mon changement de vitesse. Mais comme je suis surtout utilisé comme releveur de fin de match, j’ai moins besoin d’un troisième lancer. Je me sers surtout de ma rapide et de ma glissante.»

Q Ton plus beau moment cette saison?

R «Ma participation au match des Étoiles du futur des ligues majeures, à Anaheim (avec l’Équipe du monde qui affrontait les Américains). C’était magique de jouer dans un si grand et si beau stade. J’ai lancé deux tiers de manche et ça s’est bien passé. C’est pour moi un souvenir inoubliable.»

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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