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Nouvelle-Zélande – Une incursion dans la culture maorie

Sur l'île du Nord, en Nouvelle-Zélande, Rotorua est réputée pour ses geysers et ses mares de boue chaude. C'est aussi l'un des berceaux de la communauté maorie.

Revue de presse

Marie-Morgane Le Moel, Le Devoir, le 17 janvier 2009

Guerrière maori

Rotorua — Rapidement, on se rend compte — on sent, plutôt — que Rotorua sera une destination particulière. Car dès l'arrivée dans cette ville de 65 000 habitants, une odeur de soufre vous titille les narines. Le site, dans la baie de Plenty, sur l'île du Nord, est connu pour son activité géothermale, et ses paysages sont parsemés de geysers et de sources d'eau minérale brûlante. L'odeur d'oeuf vous accompagnera donc tout le long du séjour, plus ou moins forte selon qu'on s'approche ou qu'on s'éloigne des rives du grand lac au sud duquel la ville s'est établie.

Photo ci-dessus : Une guerrière maorie rencontré à Rotorua. (Photo : Jacques Lanciault, janvier 2017)

Mais ce n'est pas la seule particularité du lieu. «Kia Ora», disent pour saluer les habitants et les panneaux publicitaires. Nous sommes dans l'un des berceaux de la communauté maorie, arrivée en Nouvelle-Zélande il y a environ 1000 ans. Comprenant l'intérêt de l'activité thermale, des tribus maories ont colonisé les lieux très tôt. Elles y sont restées. Aujourd'hui encore, 28 % des habitants de la région sont maoris, le double de la moyenne nationale.

Au village de Whakarewarewa, à l'entrée de Rotorua, des geysers et des sources d'eau chaude entourent les petites maisons. Dans cette communauté traditionnelle où vivent une centaine de Maoris, on accueille les touristes depuis plus d'un siècle. «Nos ancêtres étaient des visionnaires. Ils savaient déjà que les visiteurs permettraient de créer des emplois pour leurs petits-enfants», explique Justin Te Hau, l'un des gestionnaires. Désormais, la moitié de la population vit grâce au tourisme. On aurait pu craindre que le village en perde son authenticité, mais la visite est passionnante. Purina vient d'une famille de guides, de mères en filles. «C'est la tradition d'avoir des femmes pour ce métier», précise-t-elle. Un petit sentier serpente à travers les lieux, menant de mares de boue bouillonnante à des geysers. Le plus grand, Pohutu, peut atteindre 40 mètres de hauteur au mieux de sa forme. Ici et là, des piscines d'eau chaude minérale apparaissent. On n'y fait plus la lessive depuis longtemps, mais on continue d'y faire cuire des aliments les jours de fête. «Vous mettez vos légumes dans un linge, vous le plongez quelques minutes dans cette eau, puis vous égouttez. C'est simple et délicieux», affirme Purina. Un peu plus loin, un trou est creusé dans le sol, recouvert d'une trappe en bois. C'est là que se prépare le hangi, le repas laissé à cuire sur des pierres ultra-chaudes. 

Les bénéfices de cette activité géothermale ne sont pas que culinaires. Dans un recoin du village, en plein air, des baignoires ont été creusées dans la roche et se remplissent de sources d'eau naturellement chaude. «L'eau est chargée de minéraux, c'est très bon pour soigner les rhumatismes», affirme Purina. Les villageois continuent de venir se baigner, avant 8h et après 17h, c'est-à-dire lorsque le village est fermé aux touristes. Cela peut provoquer quelques surprises. «Parfois, il arrive qu'il y ait encore des habitants dans les baignoires après l'ouverture des portes. Tout à coup, on se retrouve entourés de 20 personnes, c'est un peu embêtant», raconte en riant Donna Waihariki, tisseuse au village. La visite s'achève par une représentation du haka, célèbre dans le monde depuis que les All Blacks, l'équipe de rugby néo-zélandaise, le pratiquent avant chaque match. Une danse guerrière destinée à faire peur à l'adversaire, à qui on tire la langue pour signifier qu'on le trouve, vraiment, bien à son goût.

Car les Maoris pratiquaient le cannibalisme, en signe de dédain pour leur adversaire ou pour d'autres raisons. Au milieu du lac de Rotorua, sur l'île de Mokoia, on raconte encore des histoires de dégustation de chair humaine. «C'était une petite île et ses habitants ne connaissaient pas encore les outils pour enterrer les morts. Il fallait bien qu'ils se débarrassent des dépouilles. Cela a duré jusqu'au XIXe siècle», explique notre guide, Joséphine Horiana. Le lieu est important dans la mythologie maorie: c'est là que la jeune Hinemoa est venue rejoindre à la nage son amour Tutanekai, une nuit, guidée par le son de sa flûte. Désormais, Mokoia est une réserve naturelle abritant de nombreuses espèces d'oiseaux menacées, comme le kiwi, cet oiseau au long bec symbole de la Nouvelle-Zélande. 

Pour se remettre de ces révélations cannibales, on ira se prélasser dans un bain d'eau aux propriétés thérapeutiques. Bien sûr, les établissements ne manquent pas, pris d'assaut en été par les touristes et les curistes. Au Spa polynésien, on peut profiter d'une eau minérale naturellement chauffée à 40 °C, le nez à l'air, en observant le lac. On peut aussi tester les bains de boue des thermes de QE puisqu'il paraît que c'est très bon pour la peau. Une fois celle-ci fripée par tant de trempages, une balade au grand air fait du bien. Une randonnée à cheval à travers des vallées verdoyantes dignes du Seigneur des anneaux — le film a été tourné en Nouvelle-Zélande — donne la mesure de la beauté du lieu. Mais c'est en allant plus au sud que le caractère unique de Rotorua apparaît totalement. Ici, les parcs sont des merveilles géothermales, produits d'une activité volcanique vieille de 160 000 ans. Dans la vallée de Waimangu, le paysage est lunaire. Lors de l'irruption du mont Tarawera, en 1886, sept cratères se sont formés ici. On déambule, seuls ou presque, au milieu de ces cratères emplis de lacs aux couleurs fluorescentes. Une rivière d'eau noire coule au milieu de la végétation dense et on ne serait pas étonné de voir Charon, le nocher des Enfers, apparaître bientôt. Quelques kilomètres plus loin, on découvre le parc de Wai-O-Tapu, qui recèle la «piscine de Champagne», source dont les couleurs orangées signalent la présence de dépôts d'arsenic. Alors, sur la passerelle d'une terrasse de silice, on finirait presque par avoir l'impression effrayante de se trouver, non pas au bout du monde, mais au centre de la Terre.

Pour se remettre de ces révélations cannibales, on ira se prélasser dans un bain d'eau aux propriétés thérapeutiques. Bien sûr, les établissements ne manquent pas, pris d'assaut en été par les touristes et les curistes. Au Spa polynésien, on peut profiter d'une eau minérale naturellement chauffée à 40 °C, le nez à l'air, en observant le lac. On peut aussi tester les bains de boue des thermes de QE puisqu'il paraît que c'est très bon pour la peau. Une fois celle-ci fripée par tant de trempages, une balade au grand air fait du bien. Une randonnée à cheval à travers des vallées verdoyantes dignes du Seigneur des anneaux — le film a été tourné en Nouvelle-Zélande — donne la mesure de la beauté du lieu. Mais c'est en allant plus au sud que le caractère unique de Rotorua apparaît totalement. Ici, les parcs sont des merveilles géothermales, produits d'une activité volcanique vieille de 160 000 ans. Dans la vallée de Waimangu, le paysage est lunaire. Lors de l'irruption du mont Tarawera, en 1886, sept cratères se sont formés ici. On déambule, seuls ou presque, au milieu de ces cratères emplis de lacs aux couleurs fluorescentes. Une rivière d'eau noire coule au milieu de la végétation dense et on ne serait pas étonné de voir Charon, le nocher des Enfers, apparaître bientôt. Quelques kilomètres plus loin, on découvre le parc de Wai-O-Tapu, qui recèle la «piscine de Champagne», source dont les couleurs orangées signalent la présence de dépôts d'arsenic. Alors, sur la passerelle d'une terrasse de silice, on finirait presque par avoir l'impression effrayante de se trouver, non pas au bout du monde, mais au centre de la Terre.

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En vrac

- L'aller-retour Montréal-Auckland coûte environ 1900 $. Depuis Auckland, on peut prendre le car pour Rotorua (quatre heures de trajet pour environ 35 $CAN — www.intercity.co.nz). Air New Zealand et Qantas desservent également l'aéroport de Rotorua depuis Auckland.

- Un passeport valide et un billet de retour suffisent pour les ressortissants canadiens, pour une visite de moins de trois mois.

- Les saisons sont inversées par rapport à l'hémisphère nord. L'hiver, de juin à septembre, sera moins touristique, avec des températures modérées oscillant entre 3 et 15 °C en moyenne. En été, les températures vont de 12 à 23 °C en moyenne.

- Renseignements: Office du tourisme de Rotorua, www.rotoruaNZ.com; le village maori de Whakarewarewa, www.whakarewarewa.com; le spa QE health, www.qehealth.co.nz; le Spa polynésien, www.polynesianspa.co.nz; la vallée volcanique de Waimangu, www.waimangu.co.nz; le parc de Wai-O-Tapu, www.geyserland.co.nz; l'île de Mokoia, www.mokoiaisland.com; les balades à cheval de Paradise Valley, www.paradisetreks.co.nz.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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