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Août/08
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Nouvelle-Zélande – Auckland, ville nautique

Elle n'a pas la prétention de ses riches rivales australiennes, ni l'exotisme des ports des îles du Pacifique. Mais Auckland a pour elle le coeur des marins.

Revue de presse

Marie-Morgane Le Moel, Le Devoir, le 30 août 2008

Freemans Bay, Auckland, Nouvelle-Zélande

Auckland — «Parés à virer?» À la barre, le capitaine John Briand encourage son équipage, six sexagénaires bénévoles. Tous les midis, ou presque, le Ted Ashby, un voilier de 17,4 mètres, quitte le quai d'Auckland et part vers les îles. Coup de chance, le vent est modéré, les voiles se gonflent bien. À bord, deux touristes et de joyeux volontaires discutent politique ou sport. Ayant atteint l'âge de la retraite, les marins confirmés emmènent maintenant les visiteurs sur les voiliers du musée maritime de la Nouvelle-Zélande. Presque tous ont un jour possédé leur propre bateau et observent, l'oeil savant, les embarcations qui passent au large, discutent mât en carbone ou continuent de poncer la vieille coque.

Photos ci-dessus : De belles bâtisses d’Auckland, dont évidemment encore une fois la « Sky Tower ». Sur la deuxième photo, l'édifice en grès et en brique est le Ferry Building érigé en 1912. (Photo : Jacques Lanciault, janvier 2017)

C'est une scène classique de ville nautique. Auckland, avec sa région, sur l'île du nord de la Nouvelle-Zélande, n'est curieusement pas la capitale du pays alors qu'elle est la plus populeuse, comptant 1,3 million d'habitants, un peu moins du tiers de la population totale. Mais elle a un titre enviable: c'est l'une des capitales mondiales de la voile. Des marinas semblent cachées dans chaque quartier et les voiliers sortent par tous les temps.

«On navigue plus ici qu'ailleurs, plus qu'à Sydney par exemple, car nous sommes protégés par les îles», explique David Jenkins, membre de l'équipage. La ville est située sur un isthme et possède deux ports: au nord, le principal, Waitemata, et au sud, Manukau. Autour, des cônes volcaniques se laissent apercevoir. 

La navigation est ici une affaire des plus sérieuses depuis le début. Il y a presque mille ans, la baie fut visitée par les Polynésiens, arrivés en canoës, ou waka. Les Maoris occupaient déjà les lieux depuis quelques siècles lorsque les explorateurs européens arrivèrent: James Cook, en 1769, ou le Français Dumont d'Urville, quelques décennies plus tard. Pendant longtemps, et au XXe siècle encore, les bateaux comme le Ted Ashby furent le seul moyen de transporter les marchandises et les hommes dans les îles du golfe.

Cela a laissé des traces. Auckland a vu l'émergence de grands navigateurs. Parmi eux, sir Peter Blake, héros national. «Il a commencé à naviguer sur une coquille de noix ici», se rappelle Colin Carr, un des bénévoles. En 1994, Peter Blake remportait le trophée Jules-Verne pour son tour du monde en catamaran en 74 jours et 22 heures. Puis ce fut la victoire de la Coupe de l'America, en 1995, alors qu'il portait ses célèbres chaussettes rouges, les lucky red socks. En 2001, le marin meurt assassiné par des pirates, en Amazonie.

Depuis, il n'est pas rare de rencontrer des habitants d'Auckland qui, lors des grandes compétitions de voile, continuent de porter leurs lucky red socks. Ce n'est pas le cas à bord du Ted Ashby. «C'est devenu commercial», grogne le skipper. La Coupe de l'America a été perdue l'année dernière encore, face à une équipe... suisse, et beaucoup de gens ici ne l'ont pas digéré. Mais la reconquête se prépare, de l'autre côté du port, au quartier général de l'équipe néo-zélandaise. Tandis qu'à quelques pas des restaurants on peut embarquer sur d'anciens voiliers de la Coupe pour tenter de comprendre de quoi il en retourne.

Dans ce petit joyau de la Couronne britannique — Auckland fut surnommée à une époque la ville de la reine —, à l'autre bout du monde, des courants d'air frais semblent parfois venus du Sud antarctique. Cela n'empêche pas certains Néo-Zélandais de porter tuques et tongs en même temps. Après tout, nous sommes dans le Pacifique. En été, on se fait bronzer sur les plages magnifiques de l'Ouest, où des films célèbres ont été tournés, comme La Leçon de piano. En hiver, bien sûr, même s'il ne fait jamais très froid, on se contentera de se promener sur le sable. Après la croisière à bord du Ted Ashby, on décide d'aller voir de plus près les îles du golfe d'Hauraki. Sur le chemin, à dix minutes de navette depuis le centre d'Auckland, on s'arrête à Devonport, charmante banlieue côtière. L'endroit rêvé pour une pause dans un de ces petits cafés croquignolets où le temps dure plus longtemps qu'ailleurs. Retour à l'embarcadère, cette fois-ci pour l'île de Waiheke, à 30 minutes en bateau d'Auckland. Plus de 90 kilomètres carrés de prairies vert émeraude et de baies, belles à en oublier l'horaire des ferrys.

Le soir, on rentre à temps pour voir les lumières d'Auckland s'allumer sur le port. Dans Queen Street, l'artère principale arborant fièrement ses bâtisses victoriennes, les magasins ferment leurs portes et les restaurants font le plein. Beaucoup d'établissements sont japonais, car la ville est cosmopolite, avec une forte immigration asiatique. C'est aussi la métropole, avec la plus importante population polynésienne au monde. Les cafés sont animés, quelques concerts se font entendre. Auckland est peut-être moins fêtarde que Sydney ou moins conviviale que Wellington, murmurent les mauvaises langues. La ville a en tout cas une âme tournée vers le grand large qui nous rendrait presque poète...

En vrac

Vols aller-retour à partir de 1800 $CAN. Vingt heures d'avion environ, avec une escale au minimum.

Pas besoin de visa, un passeport valide suffit pour les citoyens canadiens, ainsi qu'un billet de retour. Un permis de visiteur de trois mois est accordé à l'arrivée.

Hébergement: il est bon de savoir, pour les petits budgets, que les auberges de jeunesse offrent des chambres doubles ou des suites. Sinon, toutes les gammes d'établissement sont représentées. Privilégier Queen Street pour être au coeur de l'action.

Attention: les saisons sont inversées. Le climat est tempéré avec des hivers doux et des étés chauds.

Renseignements: www.aucklandnz.com.

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Collaboration spéciale

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault.

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