La Sé de Porto : une cathédrale ou plutôt une forteresse?

Texte et photos de Céline et Jacques Lanciault

Ce texte constitue le quatrième d'une série de reportages sur un magistral voyage au Portugal effectué au mois de septembre 2007.

Porto, Portugal, vendredi 31 août 2007 - Édifice voué au culte ou à la protection de la ville? À la visite de la Cathédrale de Porto, la Sé, la question se pose. Deux tours tenant lieu de clocher font face au fleuve Douro, comme des tours de guet, des murs si épais qu’ils résistaient sans doute aux boulets de canon ayant cours au moyen-âge, un cloître fortifié, un pilori sis tout juste devant l’entrée du lieu saint où les condamnés étaient pendus, un donjon qui jouxte l’édifice religieux principal et une magnifique statue du chevalier Vimara Peres, monté sur son cheval, lance à la main et bouclier au poing… une statue qui accueille les pèlerins! Tout semble avoir été mis en place pour permettre aux fidèles de prier… en paix!

Notre photo : La cathédrale de Porto, le Sé, une véritable forteresse ornée d’azulejos.

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Photo ci-dessus : Le ciel tout bleu de Porto mis en lumière par le soleil, et ce, même si la lune y est encore présente.

Deuxième jour au Portugal, deuxième belle journée quant aux conditions météorologiques. Comme hier, le ciel est bleu et il n’y a aucun nuage à l’horizon.

Cependant, ce matin, une petite brise fraîche nous accompagne et nous arrache quelques petits frissons, du moins pour notre première visite de la matinée. « Ce qui est normal », de nous mentionner Anna-Christina, notre guide local pour les trois prochains jours. « Porto jouit du climat de l’Atlantique. Donc, aujourd’hui, 31 août, c’est comme il se doit, un petit peu frisquet ce matin, mais il fera très chaud cet après-midi. Les météorologues prévoient d’ailleurs que le mercure grimpera à 30 degrés Celsius avant que le soleil ne passe à l’ouest. »

Photo ci-dessus : Nous voilà sur la terrasse de la Sé de Porto. Les membres de notre groupe sont attentifs aux propos de notre guide Anna-Christina.

Elle ajoute : « L’hiver, ici la température moyenne est de 9 degrés. Il n’y a pas de neige, mais c’est très humide. Par contre, dans la vallée du Douro, le mercure indique plutôt – 2 degrés, mais c’est plus sec, donc plus confortable qu’à Porto.

Aujourd’hui, nous visitons la cathédrale de Porto, son cloître, la gare de Sao Bento, l’église des prêtres, le palais de la bourse et l’église de San Francisco. Beau programme!

En route pour la cathédrale, qui est juchée sur la partie haute de la ville, nous passons devant l’hôpital Saint-Antoine. Un centre hospitalier réputé en Europe. L’édifice moderne du centre hospitalier côtoie l’ancien hôpital, construit lui au début du XIXe siècle.

Nous passons également devant le Palais de justice et devant une église baroque dont la façade est décorée d’azulejos.

Photo ci-dessus : De la Sé de Porto, la vue sur le Douro, sur les berges de Vila Nova de Gaia et sur les « barcos rabelos » est superbe.

Dès notre descente du car, à un jet de pierre de la cathédrale, la Sé de Porto, la vue qui nous est offerte sur le fleuve Douro et sur les chais de Vila Nova de Gaia, où nous étions hier, est magnifique.

Photo ci-dessus : La cathédrale, la Sé de Porto et ses deux tours à cloches.

Photo ci-dessus : Deux clochers vus de la Cathédrale de Porto!

La Sé est une cathédrale qui a été fortifiée pour protéger la ville. Elle a été érigée par l’Ordre de Saint-Laurent. Tout à côté de celle-ci, il y a un donjon servant de bâtiment militaire. Les fenêtres de la Sé sont d’origines, très étroites et laissant passer très peu de lumière. Les deux tours servant de clocher sont aussi d’origine, tout comme la rosace au centre de la façade. Un des murs est entièrement recouvert d’azulejos. Il date du XVIIIe siècle.

Photo ci-dessus : Un donjon jouxte la Sé de Porto.

Sur la terrasse devant la Sé, là où la vue est si belle, il y a une colonne manuéline, un pilori. Selon notre guide, il s’agit du symbole du pouvoir de la justice. « On y pendait les criminels! », ajoute-t-elle. D’ailleurs, les crochets y sont encore.

Photo ci-dessus : Le pilori devant la Sé de Porto. Les crochets servant à pendre les condamnés à mort y sont encore.

Au pied de la Sé de Porto, s’étend un quartier du XIe siècle avec ses rues étroites, c’est le quartier Barredo. Au loin, dans la colline, nous apercevons les bâtiments plus modernes. Entre les deux quartiers, se dressaient autrefois les fortifications.

Avant le IXe siècle, Porto était sous la domination des Maures. Mais, en 868, le chevalier Vimara Peres a libéré la ville de leur emprise, lui qui s’amenait sous son armure pour christianiser le peuple.

Photo ci-dessus : Statue de Vimara Peres, celui qui a libéré la ville des Maures en 868.

La construction de la cathédrale a commencé au début XIIe siècle et n’a été terminée qu’au cours du XIIIe siècle. La chapelle principale, quant à elle, a été entièrement reconstruite au XVIIIe.

Les fresques qui ornent les murs ont été peintes par Nicollo Nasoni, un peintre et architecte toscan ayant connu la gloire au Portugal. Les piliers et les voûtes granitiques que nous voyons à l’intérieur sont d’origine.

Photo ci-dessus : Des colonnes massives qui sont d’origine.

La Sé de Porto est dédiée à Notre-Dame de Vendôme, la patronne des Portugais.

L’un des autels de la Cathédrale est en argent massif! Pendant un peu plus d’un siècle, du XVIIIe au XIXe, l’autel en argent a été recouvert de stuc sans que personne ne soupçonne que sous le stuc brillait l’argent. C’est un sacristain qui, peu avant l’arrivée des troupes napoléoniennes, avait recouvert l’autel de cet enduit, pour prévenir le pillage. Sauf que l’homme à l’idée géniale a trépassé sans dévoiler son secret de sorte que la population, tout comme le clergé, a ignoré le subterfuge durant plus d’un siècle.

Photo ci-dessus : Un des magnifiques vitraux de la Sé de Porto.

Photo ci-dessus : Tout ou presque tout le bois qui se trouve à l’intérieur de la cathédrale est recouvert des feuilles d’or.

Photo ci-dessus : Des murs couverts d’azulejos.

Après notre moment de recueillement dans la cathédrale, nous franchissons une des portes du cloître qui est situé tout juste à côté de la Sé. Sa construction a été terminée à la fin du 13e siècle. Il y a deux galeries et des murs d’azulejos.

Photo ci-dessus : Les murs du cloître sont recouverts d’azulejos.

Photo ci-dessus : La cour intérieure du cloître.

Photo ci-dessus : Des azulejos illustrant de grands pans de l’histoire du Portugal.

Photo ci-dessus : Et d’autres encore!

Par le cloître, nous pénétrons dans la sacristie de la cathédrale. Encore là, il y a beaucoup de bois recouvert avec des feuilles d’or. Nous montons un escalier et nous nous retrouvons sur une mezzanine entourant la cour intérieure du rez-de-chaussée. C’est la galerie supérieure du cloître et il y a de nombreux azulejos. Tout autour, les murs sont fortifiés.

Photo ci-dessus : Des fresques magnifiques, de belles peintures et beaucoup de bois recouvert d’or.

Nous entrons dans une belle salle avec plusieurs objets en orfèvrerie exposés sous verre et où les plafonds sont sculptés en bois et décorés de belles fresques. Des vitrines présentent toute une collection de vêtements sacerdotaux sertis de magnifiques pierres et brodés de fil d’or. D’autres vitrines contiennent des objets divers — des tiares, des couronnes, des plateaux, des crucifix, des chandeliers, etc. —, pour la plupart en or ou en argent.

Photo ci-dessus : Vitrine d’argenterie et de riches vêtements religieux.

Photo ci-dessus : Les deux tours à cloche de la cathédrale vues du cloître de la Sé de Porto.

Photo ci-dessus : La cour intérieure du cloître vue de l’étage supérieur.

Photo ci-dessus : Des murs d’azulejos à l’infini…

Photo ci-dessus : Deux chérubins.

À suivre… En route pour la gare Sao Bento…

Photo ci-dessus : De larges trottoirs qui nous mèneront au cœur du quartier barredo.