15
Oct/07
0

Une parfaite réconciliation avec le fado!

Texte de Jacques Lanciault

Scène du spectacle ayant suivi la première du film Fados de Carlos Saura le 22 septembre 2007 à Saint-Sébastien.

Montréal, le 15 octobre 2007 - Notre récent voyage au Portugal intégrait bien évidemment un concert de fado. Un spectacle que nous attendions d’ailleurs avec impatience, nos recherches préparatoires nous ayant tant vanté les mérites de ce chant traditionnel portugais marqué par la mélancolie et la nostalgie.

Malheureusement, la représentation à laquelle nous avons assisté, à Lisbonne, est inscrite dans notre mémoire comme un des seuls, sinon le seul moment à oublier de notre merveilleux périple en terre de Lusitanie.

Photo : Scène du spectacle qui a suivi la première du film Fados de Carlos Saura présentée le 22 septembre 2007 à Saint-Sébastien.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

Mais hier, à Montréal, le Festival du Nouveau Cinéma (FNC) mettait à l’affiche, au somptueux cinéma Impérial de la rue de Bleury, le film « Fados » du réalisateur espagnol Carlos Saura. Un film merveilleux, touchant, envoûtant où Saura, tout espagnol qu’il soit, met en scène non pas un fado, mais toute une gamme de fados prenant leur source dans les coins les plus reculés de notre vaste monde. Un spectacle, qui même présenté sur grand écran, est devenu, pour nous, la source d’une parfaite réconciliation avec cette musique.

Carlos Saura.(Photo AFP)

Après Flamenco en 1995 et Tango en 1998, Carlos Saura complétait avec Fados sa trilogie de film consacré à la chanson urbaine.

Nous présentons ci-dessous deux extraits du film Fados de Carlos Saura et un texte de critique sur le film, texte rédigé par Levi Fernandes de l’Agence France-Presse et publié le mardi 9 octobre dernier sur le site Internet www.moncinéma.ca.

Pour voir et écouter le premier extrait du film "Fados" de Carlos Saura, cliquez sur la photo ci-dessous.

Note :Extrait du film "Fados" de Carlos Saura.

Pour voir et écouter le deuxième extrait du film "Fados" de Carlos Saura, cliquez sur la photo ci-dessous.

Note :Extrait du film "Fados" de Carlos Saura.

Revue de presse : Carlos Saura fait danser le fado

Levi Fernandes, Agence France-Presse, www.moncinéma.ca, le mardi 9 octobre 2007

Le réalisateur espagnol Carlos Saura bouscule toutes les conventions dans son dernier film, Fados, en introduisant une chorégraphie pour accompagner ce chant traditionnel portugais empreint de nostalgie et de mélancolie généralement écouté dans le recueillement.

«Et pourquoi pas?» s'interroge le réalisateur, dont le film est sorti jeudi dans les salles portugaises.

«Beaucoup de fados ont un rythme et une cadence sur lequel on peut danser. La règle qui consiste à dire que le fado n'est pas fait pour danser est une invention purement portugaise», affirme-t-il dans un entretien avec l'AFP.

«Silence, on va chanter le fado.» C'est sur cette formule consacrée que débutent généralement les spectacles de fado classiques, où le spectateur tend l'oreille dans une ambiance de lumière tamisée et se laisse porter par l'émotion.

Une tradition qui évolue
Dans son dernier film, le réalisateur espagnol de 75 ans met en scène une vision très personnelle du fado. Il a voulu renvoyer une image différente de ce genre musical traditionnel en retraçant son évolution, de ses origines africaines et brésiliennes jusqu'aux interprétations plus innovantes dues à une nouvelle génération d'artistes qui occupe aujourd'hui le devant de la scène.

 La chanteuse de fado Mariza, sur la scène de la maison de la culture de Belem, le 6 septembre 2005.

Photo ci-dessus : La chanteuse de fado Mariza, sur la scène de la maison de la culture de Belem, le 6 septembre 2005. Photo Nicolas Asfouri, AFP)

Un fado en perpétuelle évolution qui emprunte aux rythmes africains, au hip-hop, à la musique classique ou encore à la bossa nova avec des interprètes de différentes nationalités comme les Brésiliens Caetano Veloso, Chico Buarque, la Luso-Mozambiquienne Mariza ou encore la Mexicaine Lila Downs.

En utilisant le pluriel Fados pour le titre, Saura a voulu marquer la variété et les possibilités nouvelles d'un genre trop souvent figé dans les dernières années dans le carcan de la tradition.

«J'ai essayé d'introduire dans mon film certains éléments dont nous pensons qu'ils ont pu avoir une influence sur le fado (...), comme par exemple les rythmes du Brésil ou de l'Afrique», explique le réalisateur espagnol.

«Le fado fait partie de ma culture au même titre que le tango et d'autres styles musicaux», souligne-t-il.

La voix du Portugal
Devenu la musique emblématique de tout un peuple et la voix du Portugal dans le monde grâce à des artistes comme Amalia Rodrigues, le fado, selon certains musicologues, trouverait son origine au Brésil où les rythmes noirs importés par les esclaves africains se mêlèrent aux modinhas, airs de musique des salons nobles.

Il fut ensuite ramené d'Amérique du Sud par les aristocrates et leurs domestiques qui avaient, en 1807, suivi la cour portugaise fuyant à Rio de Janeiro les troupes napoléoniennes.

Sans renier la tradition, une nouvelle génération de fadistes est née ces dernières années, prête à prendre la relève et à ajouter sa marque personnelle avec des artistes comme Camané, Katia Guerreiro, Mafalda Arnauth, Cristina Branco, Pedro Moutinho ou encore Mariza.

Née au Mozambique, Mariza, à l'affiche de Fados, est en passe de devenir la nouvelle diva du fado dans le monde. Elle puise son inspiration dans un monde lusophone plus vaste, en ajoutant notamment de nouveaux instruments à la traditionnelle guitare portugaise.

«Elle me paraît être l'une des artistes pouvant le mieux rompre le cercle et l'ouvrir», affirme Saura.

«Il me paraît fondamental de renouveler le fado. Il existe un fado orthodoxe, classique, qui est là pour durer. Puis un autre qui pousse les fadistes à aller plus loin. Je crois que le métissage est fondamental», estime le réalisateur.

Fados est le dernier volet de la trilogie du cinéaste espagnol consacrée à la musique, après Flamenco en 1985 et Tango en 1998, nommé pour l'Oscar du meilleur film étranger.

Remplis sous: Portugal, Voyages Mots clés:
Commentaires (0) Trackbacks (0)

Aucun commentaire pour l'instant

Laisser un commentaire


Aucun trackbacks pour l'instant