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Revue de presse : Saragosse – En attendant l’Expo

Homel, David, Collaboration spéciale, La Presse, Vacances/Voyage, samedi, 4 août 2007

Le  palais de l'Aljafería, Saragoza, Espagne.

En 2008, la ville de Saragosse (Zaragoza en espagnol) ouvrira ses portes au monde entier: elle accueillera l'Exposition universelle. Cette ville aragonaise dans le centre-nord de l'Espagne se modernise. Oui, c'est un haut lieu d'art et d'histoire où on adore Notre Dame del Pilar, mais les murs de la ville grouillent de graffiti d'une grande qualité artistique. On sent que ça bouge à Saragosse. Avec l'Expo, ça bougera encore plus.

Photo de Jacques Lanciault ci-dessus : Le palais de l'Aljaferia, Saragoza, Espagne.

Pour agrandir les photos, il suffit de cliquer sur celles-ci.

La zone touristique s'étend autour de la grande place devant la basilique de Nuestra Senora del Pilar et la cathédrale de la Seo. Mais c'est loin du vrai coeur de la ville. En été, cette place cuit au soleil, n'offre aucun abri, et semble curieusement vide, à part quelques statues enjouées dédiées à la mémoire du peintre Goya. Il faut vous diriger vers les quartiers qui s'étendent des deux côtés de la rue Alfonso I. Là, vous trouverez des oasis, et une vie locale tout à fait charmante.

Dans le quartier qu'on appelle "El Tubo", à l'ombre des tours mudéjares de San Gil de Abad, on commence à vivre. Le style mudéjar vient de l'époque où les chrétiens vivaient sous la domination musulmane. Ils bâtissaient alors des églises de style nord-africain. Quelle surprise de voir des clochers d'église qui ressemblent aux minarets. Pourtant, c'est chose commune en Espagne. On peut voir le même style au palais de l'Aljafería, ouvert à la visite.

Dans le quartier de El Tubo et rue El Temple, c'est l'Espagne moderne. Je suis entré au café Los Atunes (Les Thons), où deux vieilles amies tiennent un resto qui semble être sorti d'un film de Pedro Almódavar, sauf en plus décati. Musique gitano-romantique, ambiance marine, clope au bec. Choisissez le thon mojama, séché, ensuite coupé en tranches très fines. Très concentré, intense, ce thon mérite son prix.

Les bars de la rue El Temple n'ouvrent que très tard, pour une clientèle nocturne, mais du côté de El Tubo, en soirée, on peut jouir de la douceur du climat d'Aragon. Les enfants jouent au foot parmi les tables des cafés, et personne ne proteste si le ballon arrive sur soi. Avec le restaurant La Republicana rue Méndez Núnez, on entame bien la soirée.

Dans la rue Libertad, la vie nocturne est intense, quoique moins "alternative". Mais dans les deux quartiers, les artistes des graffiti sont passés. Certains travaillent avec la bombe de peinture, d'autres avec de grands découpages en papier. Quel que soit le médium, le message est toujours politique. Beaucoup s'opposent à l'Exposition universelle, qui a encouragé la spéculation et transformé la ville en un chantier géant. La rénovation pourrait être source de frustration: le musée de Camón Aznar, avec ses oeuvres de Goya, est fermé pour rénovation. Mais tout devrait être prêt pour l'Expo de 2008.

Beaucoup de graffiti réinterprètent l'image de Notre Dame du Pilar, le pilier de la foi, très vénérée dans cette ville, qui est aussi un lieu de pèlerinage. Toute visite à Saragosse commence à la basilique del Pilar, où l'on admire un retable de la Renaissance et un plafond de Goya. (N'oubliez pas vos jumelles, car certaines oeuvres sont difficiles à voir à l'oeil nu.) Mais il y a surtout le spectacle de la foi, et cette file de gens venus embrasser le pilier de granit rose qui représente le Pilar. Je m'y suis approché; autour du rocher béni flotte dans l'air un lourd parfum féminin, le parfum de la foi. On fait la fête au Pilar pendant une semaine en octobre, une occasion de joindre les festivités mondaines à la ferveur du peuple pour sa sainte.

Plus loin sur la place se trouve la cathédrale de La Seo. Si la basilique del Pilar vibre de foi, la cathédrale ressemble plutôt à un musée, qui se visite en dehors des heures de culte. Elle a gagné des prix pour sa restauration, mais vous risquez de vous sentir écrasés par la densité de la décoration. Ne manquez surtout pas d'admirer le mur nord de l'église, dans le style mudéjar, avec ses céramiques géométriques.

Juste à côté se trouve La Lonja avec ses jolis plafonds. Cet immeuble du XVIe siècle abrite une salle d'exposition où, lors de mon passage, j'ai pu admirer des oeuvres des photographes latino-américains contemporains. Justement, il y a un air "latino" dans cette ville. Que ce soit les drapeaux des pays de l'Amérique du Sud exposés dans la basilique, ou les visages typés indiens des gens dans la rue, Saragosse semble avoir ajouté une autre couche à son riche passé culturel.

Drapeaux des pays de l'Amérique du Sud exposés dans la basilique du Pilar, Saragoza, Espagne.

Drapeaux des pays de l'Amérique du Sud exposés dans la basilique du Pilar, Saragoza, Espagne. (Photo Jacques Lanciault).

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