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Cordoue : voyage au coeur de l’Histoire
Texte et photos de Jacques Lanciault
Ce texte constitue le cinquième d’une série de reportages sur un magnifique voyage en Espagne effectué en septembre 2005
Cordoue, ville où musulmans, chrétiens et juifs ont laissé, plus que partout ailleurs en Espagne, des vestiges témoignant de leur cohabitation. Cordoue, ancienne capitale d’une province romaine, la Bétique, puis capitale de la province d’Al-Andalous sous la dynastie des Omeyyades. Cordoue, ville reconquise en 1236, qui a vu les Rois Catholiques y séjourner durant la reconquête, au moment même où Christophe Colomb, au nom de l’Espagne, se lançait à la conquête du Nouveau Monde. Cordoue et son Alcazar qui abrita jusqu’au XVIIIe siècle le tribunal de la Sainte Inquisition. Merci belle cité de nous accueillir aujourd’hui, poussant la courtoisie jusqu’à laisser nos yeux admirer tes plus beaux atours!
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La visite de l’ancienne médina de Cordoue nous permet de déambuler dans de petites rues étroites où, derrière des grilles de fer forgé, de superbes patios s’offrent à l’admiration des passants. Ces patios sont de magnifiques cours intérieures où la fraîcheur de l’air ambiant nous surprend. Une végétation abondante y foisonne, façonnant ces espaces en endroits rêvés pour la siesta. En fait, ces patios font office de poumons pour tous ces petits palais aux murs extérieurs blanchis à la chaux.
Plusieurs portes d’entrée en bois, de superbes portes par ailleurs, présentent des « jalousies », un peu comme il s’en trouvait dans les confessionnaux de nos églises d’un autre temps. Notre guide, Patrick Daubert, se plaisait à dire à propos des jalousies « regarder, sans être vu! »
Justement à propos de notre guide, une petite note exotique s’impose. Patrick prononçait le « t » du mot patio comme un véritable « t ». Pour ma part, je n’avais, jusqu’à ce jour, qu’entendu la prononciation du « t » du mot patio comme un « s ». Par curiosité, j’ai vérifié dans la version électronique du dictionnaire Le Petit Robert (où l’on peut entendre la prononciation des mots), et j’ai constaté que les deux prononciations étaient acceptées. Mais pour moi, jamais la prononciation de patio avec un « s » n’évoquera d’aussi beaux souvenirs que le mot patio prononcé avec un « t ».
Malgré l’exiguïté des rues, de nombreux automobilistes s’y aventurent au risque d’endommager la carrosserie de leur véhicule sur les murs, ou d’entrer carrément en collision avec les très nombreuses motocyclettes qui, à tout moment, semblent surgir de nulle part.
Notre randonnée dans la médina nous amène dans l’ancien quartier juif, la Juderiade Cordoue. Nous nous recueillons quelques instants dans une synagogue médiévale, la seule d’Espagne hors de Tolède.
Dans ce même quartier juif, nous découvrons, place Tibériades, une statue érigée en l’honneur de Maimonide (de son véritable nom Moishe Ben Maimon). Le monument est relativement récent ayant été élevé en 1964. Maimonide, un médecin et philosophe juif, a vécu de 1135 à 1204.
Ce dernier, son contemporain l’Arabe Averroès, lui aussi médecin et philosophe, et le Romain Sénèque sont trois grands de la philosophie qui naquirent à Cordoue.
Puis, au détour d’une rue, dans un ciel encore une fois d’une grande pureté, nous apparaît le minaret de la Mosquée. À coup sûr, c’est l’indication de notre prochaine visite. La Cathédrale de Cordoue et son antique Mosquée, sise juste devant l’hôtel où nous sommes hébergés.
La Mosquée, la Mezquita de Cordoue, compte 850 colonnes en marbre et en jaspe. Les musulmans, arrivés à Cordoue en 711 ont entrepris la construction de la Mosquée en 785… ils l’ont terminée à la fin du Xe siècle. Celle-ci a été agrandie à quatre reprises. Elle s’étend sur 23 000 mètres carrés. Elle compte 50 chapelles.
En 1236, après la reconquête de Cordoue par les chrétiens, la Mosquée fut consacrée temple chrétien. La construction du sanctuaire actuel et l’érection du grand retable (c’est-à-dire la partie postérieure de l’autel, peinte et richement ornée, qui surmonte verticalement la table) furent achevées en 1628.
Après avoir traversé la Mosquée, nous arrivons directement dans la cathédrale. En l’espace d’un très court instant, nous passons du 10e au 16e puis au 18e siècle.
Parmi les trésors de cette cathédrale, où une messe est célébrée quotidiennement depuis 900 ans, on retrouve un ostensoir en or, pesant 120 kg, que l’on promène dans la vieille ville à tous les ans lors de la Fête-Dieu.
Au terme de notre pèlerinage à la Cathédrale-Mosquée, nous prenons la direction de l’Alcazar des Rois chrétiens. Le mot alcazar vient de l’arabe Al-Qasr et signifie palais-forteresse.
Belle la forteresse, vraie, mais ce sont surtout pour ses magnifiques jardins que nous nous extasierons.
Vraiment sublime cette visite des jardins. Multitude de fleurs, légion d’arbres, des cyprès, des cèdres du Liban, des hibiscus et des bougainvilliers tout en fleur, des jasmins, d’immenses bassins d’eau et soudain, une statue représentant un moment fort de l’histoire de l’Espagne : Christophe Colomb présentant son projet de découverte de la route des Indes à Isabelle reine de Castille et à Ferdinand roi d’Aragon.
De magnifiques bassins d'eau dans les jardins de l'Alcazar des Rois Catholiques.
Tout aussi magnifiques un bassin arrosé par des jets d'eaux toujours dans les jardins de l'Alcazar des Rois Catholiques.
L’heure du dîner a sonné, du moins la nôtre. Au menu d’un petit bistro jouxtant notre hôtel, une succulente paella, un petit verre de vin rouge et un doux moment de repos.
Très court le moment de repos. Nous reprenons nos visites. Le mercure indique 37 degrés lorsque nous rentrons d’une promenade dans l’ancien quartier de Cordoue.
Puis, c’est en car que nous nous rendons à la médina Azahara pour une visite de l’ensemble archéologique Madinat Al Zahra, qui, au pied de la Sierra Morena, surplombe Cordoue. C’est en 1954 que des travaux archéologiques ont permis de retracer cette petite ville qui avait été construite en raison du manque d’espace dans la médina de Cordoue pour l’administration du califat.
La médina Azahara ensevelie depuis des siècles est mise au jour sur le site archéologique de Madinat Al-Zahra.
Un aperçu global du site archéologique de Madinat Al-Zahra.
Un mur qui reprend vie petit à petit sur le site archéologique de Madinat Al-Zahra.
Exténués par cette dernière visite : un chemin tout plein d’embûches, des cailloux, des racines , etc., un chemin tortueux et en pente, et toujours, toujours ce soleil de plomb, nous rentrons, enfin, à l’hôtel.
Bonne la douche, bon le repas dégusté dans un restaurant (Almudaina) situé à 200 mètres de l'hôtel Maimonide. Tous deux nous ont revigorés et c’était fort important, car demain, au jour numéro 7 de notre périple, nous prenons la route de Grenade…
À suivre…
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