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Attention : Zone de construction!

Texte de Jacques Lanciault

Échographie de Félix LanciaultSt-Sauveur, le 13 novembre 2004 - Ici, au Québec, nous vivons grosso modo neuf mois par année avec des routes en construction. Généralement, au cours du mois de mars, nos valeureux cols bleus amorcent des travaux sur nos routes et nos ponts, et souvent, sur toutes les routes et sur tous les ponts en même temps. Ils ne remiseront leur machinerie et leurs outils que très tard en novembre.


Au cours de ces neuf mois, nos vies sont alors bouleversées, nous devons modifier plusieurs de nos petites habitudes : quitter plus tôt lorsque nous devons nous rendre quelque part, et ce, bien sûr parce que nous allons être coincés dans des bouchons, prendre des trajets différents de ceux qui nous sont familiers, au risque de nous perdre, faire des détours à l'improviste, car, tout à coup, de nouveaux travaux viennent d’être commencés sans que personne, évidemment, n’en soit avisé. Toutes ces perturbations ont un effet certain sur le niveau de stress de la population en général. Mais, jouissance suprême, lorsque l’hiver frappe à notre porte, les travaux sont terminés, quelle joie nous éprouvons à utiliser, enfin nos routes nouvellement nées.

Que de parallèles peut-on faire de cette situation par rapport à la merveilleuse période qu’est la grossesse pour un couple!

Tout d’abord, la durée : même durée, neuf mois. La seule petite différence d’avec la réfection de nos routes est que la grossesse elle, peut commencer n’importe quand dans l’année. En effet, il n’y a pas vraiment de période arrêtée, dans notre société, pour ensemencer la vie. Donc, le gros œuvre peut être réalisé en tout temps. L’apothéose, le point de chute, la consécration, conséquemment peut survenir aussi bien sous les chauds rayons du soleil estival que sous la neige. Dans le cas qui nous occupe, le tout a commencé alors que les arbres venaient à peine de prendre leur plus belle parure et le dénouement surviendra vraisemblablement quand les rivières du Québec seront gelées dur comme fer.

Tout comme pour nos routes, les premières semaines de la gestation ne sont pas trop dérangeantes. En voirie, on commence par les allées du fond, ne bloquant qu’une voie ici et là. Niveau grossesse, les premiers mois ne sont, sommes toute, pas trop perturbant pour la vie du couple. Oui, il y a les nausées pour la mère en devenir, oui une certaine crainte fait son lit dans le couple devant les importantes nouvelles responsabilités à assumer, oui le futur papa prend un coup de sagesse… aïe, mais tous ces effets sont bien secondaires, puisque le couple se retrouve dans une des périodes d’extase et d’excitation la plus fébrile qu’il soit donné à des humains de vivre.

Puis, le gros du travail commence, on bloque les routes au complet, on crée des voies alternatives, on dévie la circulation, bref tout est congestionné. Là, rien ne va vraiment plus. On se demande même si le transport en commun ne serait pas la solution, ce n’est pas peu dire.

Bien pire encore, est la situation du couple en attente d’un nouveau-né. Et comment !

Bébé commence à signaler sa présence. Résultat, le corps de la mère change radicalement, tout en beauté certes, mais combien encombrant pour elle. Lors de mes cours pré-nataux, il y a vraiment bien longtemps de cela, on nous disait comment il était difficile, pour une femme enceinte, de se mouvoir avec, en tout temps sur la bedaine, un ballon de plage gonflé au plomb. Pour en rajouter, tout plein de visites sont prévues chez le médecin. Et de celles-ci surgit immanquablement toute une panoplie de craintes pour la santé du bébé. C’est beau la médecine moderne, mais Dieu que c’est inquiétant!

Toute cette fatigue, physique et mentale et tous ces déplacements surviennent au même moment où on met en chantier la construction du petit nid d’amour de la merveille qui s’annonce. Ouf… vraiment pas facile, surtout quand ladite fatigue s’installe à demeure. C’est dans les rares moments où l’on réussit à se reposer un peu et à se retrouver en tant que couple que l’on comprend vraiment que « la vie d’ados », tout d’insouciance et de liberté, est bel et bien dernière nous : bienvenue dans le monde des adultes les amis.

Puis, vient la phase finale des travaux. Les routes sont encore barrées, mais les ouvriers qui eux sont sur le chantier sont à même de constater la qualité du travail exécuté. Beau bitume tout noir, sans aucune dénivellation, des lignes blanches fraîchement peintes qui brillent, des garde-fous étincelants et ainsi de suite. Bientôt, les automobilistes seront aux anges.

Chez notre couple de futurs parents, l’arrivée prochaine de fiston fournit l’énergie nécessaire à nos deux jeunes gens pour passer au travers des dernières difficultés. Le médecin, et les nombreux examens, ont rassuré les craintes des quasi-parents, bientôt les meubles seront arrivés, la décoration sera achevée, enfin, la chambre du bébé sera prête. Même les couches seront empilées sur la commode, la presque mère pétera le feu, le presque père aura en poche une couple de cigares, voilà tout sera fin prêt pour un accueil royal.

Dans la nuit du dimanche au lundi, les cols bleus auront débarrassé le chantier de toutes traces des travaux! Dès les premières lueurs du jour, les automobilistes seront ébahis de rouler sur du neuf. Tous seront emballés. On fait même un détour pour revoir comme c’est beau. En fait, tous s’émerveilleront… jusqu’à la première neige.

Chez nos amoureux, p’tit Pit fait déjà sentir son impatience à voir, enfin, ses parents et à tâter de plus près notre merveilleux village, désormais global. Le grand jour approche. Après neuf mois de préparation, d’attente, de grande joie et aussi parfois d’angoisse, ce tout-petit se pointera le bout du nez. Il sera beau, c’est certain, il sera en santé, vous y avez tant préparé. Tout le monde sera aux anges et nous, ses grands parents le seront plus que tout autre, même si de devenir justement grand-maman et grand-papa, nous donne un sérieux coup de vieux..

À toi Isabel, à toi Pit, merci. Merci de nous permettre de vivre ce grand moment de bonheur!

Céline, Jean-Pierre et Jacques

Texte rédigé par Jacques Lanciault à l’occasion du « shower » de bébé Félix Théoret-Lanciault, le 13 novembre 2004

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