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Août/04
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Collèges américains… To go or not to go (1e partie)

Le baseball de A à Z, une chronique de Sylvain Saindon, collaborateur pour le site de la LBÉQ

Sylvain Saindon Montréal, Québec, 3 août 2004 - Depuis la mi-juillet, un nouveau joueur s'est greffé à mes cliniques privées : Ivan Naccarata. Joueur étoile des Ducs de Longueuil, Ivan est certes un des meilleurs joueurs juniors au pays. Après avoir complété son stage universitaire avec les Tigers de l'Université de Louisiane (LSU), l'objectif d'Ivan est maintenant d'obtenir une chance dans le baseball professionnel.

Habitué au bâton d'aluminium, ce dernier doit faire la transition au bâton de bois. Si le circuit Baillairgé lui offre cette possibilité, Ivan fait tout de même des heures supplémentaires avec moi, et ce, à raison de deux fois par semaine. Frapper à tous les jours et peaufiner son physique grâce à la musculation, voilà l'été qu'Ivan s'impose. En fait, c'est l'été du joueur qui aspire gravir les échelons au baseball.

Si je vous parle de lui aujourd'hui, c'est qu'Ivan symbolise le cheminement dont rêve la plupart des joueurs de baseball québécois. Et voici comment…

À 16 ans, Naccarata fait son entrée dans le Junior Élite. L'année précédente, il avait remporté le championnat des frappeurs du réseau de développement midget AAA, à l'âge de 15 ans! Ses 17 et 18 ans se passeront au sein de l'Académie de Baseball Canada (ABC). Son stage à l'ABC coïncidera avec sa sélection au sein de l'équipe nationale du Canada (Youth Team), une formation qui regroupe les meilleurs joueurs de 18 ans et moins du Canada. Par la suite il quittera le pays pour aller jouer en Floride au Chipola Junior College. Deux années plus tard, il fait son entrée à Bâton Rouge, capitale de la plus importante université de la Louisiane. Ivan Naccarata portera désormais les couleurs des Tigers de LSU. Les Louisianais se masseront par milliers chaque soir de match pour admirer le talent du joueur québécois.

Deux fois repêché, en 2000 par les Expos et en 2002 par les Astros de Houston, Ivan tournera le dos à ces deux organisations professionnelles afin de terminer son stage universitaire. Aujourd'hui, si ce n'était de ses difficultés à obtenir un visa de travail pour les États-Unis, Naccarata serait probablement à jouer dans le système de clubs-écoles des Diamondbacks de l'Arizona. Jonathan Malo, qui a signé un contrat avec les Mets de New York en mai dernier, vit le même problème actuellement.

Ces difficultés à obtenir un permis de travail, sont une conséquence directe des événements du 11 septembre 2001 et de la menace terroriste qui plane depuis sur le pays de l'Oncle Sam ; l'immigration américaine enquête maintenant chaque demande de visa de travail ; délai d'attente : un an! go or not to go !

Des questions, encore des questions
Pour le joueur québécois qui décide de prendre le chemin de l'aventure américaine, est-ce que ça se passe toujours de cette façon?

Ce cheminement est-il la meilleure route à suivre?

Y a-t-il d'autres avenues possibles?

Est-il toujours bon de s'exiler de la sorte?

Y a-t-il un âge spécifique pour dire adieu au pâté chinois de sa mère?

Comment ça fonctionne là-bas au juste?

Est-ce vraiment mieux qu'ici?

Beaucoup de questions! En fait, ce sont celles de nombreux joueurs de baseball d'ici et de parents. C'est donc toutes ces interrogations qui seront à la base du présent article sur les Collèges américains.

Différence entre le sport au Canada et celui qui se pratique aux États-Unis
Tout d'abord, laissez-moi vous expliquer les lignes directrices du sport amateur chez nos voisins du sud.

Au Canada, le sport en général est intégré au système privé, parrainé par des organismes gouvernementaux appelés Fédérations sportives. Celles-ci encadrent et gèrent le milieu sportif québécois. Même les activités sportives pratiquées dans les écoles doivent se conformer aux normes des fédérations.

Si le hockey, le soccer, le baseball et autres sports se retrouvent principalement sous forme de « clubs », il est de plus en plus fréquent de voir les institutions scolaires manifester de l'intérêt pour ces activités : d'où la naissance des programmes Sport-Études.

Aux États-Unis, le système fonctionne plutôt dans le sens inverse : le sport est avant tout une histoire d'école, et ce, bien que le sport « hors scolaire » soit beaucoup plus pratiqué que dans les écoles. Cependant, son encadrement et sa reconnaissance diffèrent totalement! On a qu'à regarder le baseball par exemple, le simple fait d'avoir une chance de participer au Tournoi des Petites Ligues à Williamsport, fait en sorte qu'il y a une foule d'équipes inscrites dans des ligues d'été. Par contre, après le secondaire, les structures civiles sont moins présentes!

Tous les sports se retrouvent dans le système scolaire américain. Il y a d'ailleurs un organisme qui régit toutes les activités sportives post secondaires de milliers d'écoles à travers le pays tout entier : c'est le National Collegiate Athletic Association, la NCAA.

Le système sportif américain
Aux États-Unis, lorsque l'on termine son secondaire (high school), on est apte à amorcer ses études post secondaires; soit à l'intérieur d'un Junior College (un genre de CEGEP) ou encore directement à l'Université. Le système américain est bâti de façon à ce que les étudiants obtiennent leurs diplômes en quatre ans; ce sera donc le nombre d'années durant lesquelles la NCAA permettra aux joueurs d'évoluer sous sa férule.

Ces quatre années peuvent se fractionner. Il n'est pas rare de voir un joueur évoluer deux ans dans un Junior College (avec des joueurs du même groupe d'âge que lui) et par la suite jouer au baseball deux autres années au niveau universitaire.

Si le joueur s'avérait un peu trop faible pour jouer sur une base régulière ou même sporadique, l'école lui attribuerait alors le titre de « Red Shirt ». Un « Red Shirt » peut pratiquer et voyager avec l'équipe, mais ne peut jouer de vrais matchs. Quel est l'avantage, parce que oui il y a un avantage ? Un « Red Shirt » ne perd aucune année d'éligibilité des quatre ans que lui concède le système. Donc, si son cheminement scolaire dépasse les quatre ans prévus, il pourra toujours continuer à pratiquer son sport favori. Pour ceux qui ont vu le film de David Anspaugh, son personnage principal, RUDY, est probablement le « Red Shirt » le plus populaire au monde!

La NCAA…
La NCAA regroupe ses équipes de baseball sous trois divisions : Division I, Division II et Division III. Chacune de ces divisions se subdivise en conférences, qui elles comptent d'autres sections.

La division I est la plus puissante et la III, la moins forte. Certaines règles différencient ces divisions. Entre autres, le nombre de bourses d'études (scholarships) accordées par la NCAA est différent selon la division où se retrouve votre institution scolaire. Une bourse d'études est un « cadeau » de la maison d'enseignement à un joueur que l'on veut attirer dans son école. Ce cadeau paie principalement les frais de scolarité de l'étudiant (et je vous prie de me croire, assez dispendieux merci de l'autre côté de la frontière!).

Certaines bourses d'études incluent également des montants pour payer la bouffe à l'école, l'appart, etc.…

Et pour rendre ça encore plus simple (?), il y a même des scholarships à 25 %, à 50 % et à 75 %, où vous l'aurez deviné le quart, la demi ou les trois quarts des frais sont assumés par l'école.

Les équipes de division I bénéficient d'un certain nombre de bourses d'études à distribuer. Elles sont environ deux fois plus nombreuses que celles octroyées en division II. Aucune n'est accordée aux équipes de division III.

Vous aurez certes compris qu'avec ces appréciables avantages, il est beaucoup plus facile pour les écoles de division I d'attirer dans leur giron les meilleurs joueurs au pays.

D'ailleurs, l'effort de sollicitation, qui est déterminant quant aux performances futures de l'école, amène beaucoup de gens à penser que l'investissement dans le recrutement des joueurs est privilégié, et ce, au détriment des investissements pour de bons coachs… nous en reparlerons dans la 2e partie de cette chronique.

Par contre, il est possible que certaines équipes de division II soient très fortes malgré tout; peut-être même supérieures à certaines formations de division I, notamment les équipes de division I du nord du pays.

Lorsque l'on parle d'équipes de division II plus fortes, on fait référence à celles situées dans des climats plus propices au baseball; on pense aux formations académiques de la Floride, du Texas, de la Californie, de l'Arizona, etc. Ces états demeurent des endroits privilégiés pour les joueurs de baseball, particulièrement pour les baseballeurs provenant du nord. Ces écoles offent des calendriers de baseball qui s'étalent sur une plus grande période avec des conditions climatiques plus qu'idéales.

La NCAA ce n'est pas que le Rose Bowl ou l'Orange Bowl
Pour nous canadiens, la NCAA c'est le Rose Bowl du temps des fêtes à Pasadena en Californie, un match disputé devant plus de 100 000 spectateurs. C'est l'Orange Bowl à Miami en Floride, le Jour de l'An. La NCAA, c'est aussi le Final Four avec son incroyable tournoi du printemps surnommé à juste titre « The March Madness ». Ce sont des arénas remplis à craquer qui accueillent l'élite collégiale du basketball pendant près de trois semaines, reléguant même les camps d'entraînement du baseball majeur au rang de second violon.

Par contre, le baseball collégial ne jouit pas d'un tel engouement. Bien sûr, il y a quelques endroits où on suit son équipe de baseball religieusement, LSU est un de ces endroits. Mais en général, les équipes jouent dans des bleds un peu perdus devant des foules plus enclines à savourer les premiers BBQ de l'été que d'aller au baseball universitaire.

Le sport dans les écoles américaines a certes beaucoup d'avantages. Cependant, les PME que sont devenues ces institutions scolaires, possèdent aussi leurs lots d'illusions et de problématiques. La semaine prochaine, nous essayerons de voir les avantages et les inconvénients de faire le saut chez nos voisins du sud, tant du point de vue baseball que du point de vue académique ou social.

A la semaine prochaine…

Sylvain Saindon

Remplis sous: Baseball et softball Mots clés:
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